[FUCKING SERIES] : Pam and Tommy : Sextape volée, destin brisé

Par Fuckcinephiles

(Critique - avec spoilers - de la mini-série)

Vantant sans trembler mettre en images " la plus grande histoire d'amour jamais vendue ", un comble pour une série estampillée Disney, Pam and Tommy n'est finalement pas tant une série sur l'amour (et heureusement, vu que cette relation toxique qui, même si elle avait un amour sincère en elle, a vu l'ancien batteur de Motley Crue être plusieurs fois condamné allé en prison pour violence domestique envers Pamela) qu'une exploration rock n'roll et beautiful cosplay du mythe de la célébrité au coeur des 90s, dont le scénario féministe est constamment à contrebalancé avec le fait que Pamela Anderson n'a jamais donné son consentement pour que ses moments intimes soient vus par tous, et encore moins donné son consentement pour la production de cette mini-série.
Principalement basé sur un article de Rolling Stone narrant la façon dont la sextape est sortie (mais aussi en partie sur le livre de Lee, Tommyland, notamment pour la tristement célèbre séquence du pénis parlant) est sensiblement tourné sur Pam Anderson (superbe Lily James), dont la vie personnelle et professionnelle est la plus affectée, tentant de montrer avec plus ou moins de subtilité ce que cela signifie être une femme dans une industrie qui consomme ses stars et les recrache sur le simple caprice d'une figure masculine pas assez satisfaite.

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Avec son penchant gentiment cynico-ironique et sa manière d'épouser avec nostalgie toute la culture des 90s, Pam and Tommy pourrait presque incarner une satire maligne les attitudes toxiques et contradictoires de la société américaine envers la célébrité et la sexualité.
Presque seulement, car son coeur féministe est totalement plombée par l'hypocrisie réelle qui la caractérise : aligner les saillies sur les notions de consentement et son absence dans ses discussions sur la marchandisation des corps de Pam et Tommy, alors que la série elle-même s'est basée sur un manque de consentement (au moins de Pam), et instrumentalise elle-même dans un but attractif, cette invasion de la vie privée au dépend d'Anderson, brisée par le regard que les hommes - le monde - auront éternellement sur elle.
D'autant que les thématiques qui auraient du nourrir la narration ne concerne pas totalement le sexisme, la culture oppressante des tabloïds et voire même le voyeurisme (il s'attarde heureusement de manière captivante sur le système judiciaire américain défaillant et les dérives d'un internet naissant), puisque le sous-texte final suggère quelque chose de plus simpliste : les relations toxiques mènent à des situations toxiques, et les bad boys sont mauvais pour soi... meh.
Malgré toute sa posture fun, cette hypocrisie suggère donc que rien n'a changé au sein de l'industrie (finalement, Anderson n'a toujours pas le droit de décider ce qu'il advient des images de son corps, même si elles ne sont que reproduites ici).
Jonathan Chevrier