Lino Ventura joue un salaud dans ce film qui est son premier grand rôle, on s’attache peu à son personnage ; de fait et paradoxalement, ce film fait donc figure d’exception dans sa filmographie. Il est un mari trompé qui se débarrasse de l’amant de sa femme, lui-même un criminel ; mais un témoin gênant peut le faire tomber, donc il se met en quête de cet homme afin de le descendre à son tour. Ce scénario assez diabolique est bien monté et d’une mécanique folle ; la première moitié du film est très enlevée. La seconde partie est une chasse à l’homme à double tiroir, le chasseur devenant le chassé. Cette partie même si elle s’étire en longueur réserve de nombreuses très bonnes surprises de mise en scène qui lui donnent encore aujourd’hui de la modernité. La course poursuite avec les taxis et les téléphones branchés en permanence pour mener la traque ou la scène finale dans le jardin d’acclimatation par exemple. On ne s’ennuie pas dans ce film mi polar mi thriller. Edouard Molinaro ne s’encombre pas de fioritures, sa réalisation est soignée et surtout efficace. De nombreux plans purement utilitaires sont utilisés tout au long du film pour bien alimenter son récit. Ce film plonge surtout dans le Paris des 50’s loin des clichés touristiques, le Paris des titis ; et en cela il est un beau témoignage d’une époque. On est malgré tout loin de la virtuosité d’un Melville.
Sorti en 1959
Ma note: 14/20