« Petite nature », que signifie ce titre ? La petite nature, c’est Johnny, le petit au centre du film, car il est câlin avec sa mère, n’a pas l’étoffe d’un caïd dans son quartier et parce qu’il va tomber amoureux de son instit’. Pourquoi ce titre pour un film voulant traiter de l’émancipation ? Cette question, on va se la poser tout au long du film ; alors que dans « Billy Elliot » par exemple, on ne se pose pas la question de savoir si aimer la danse est la passion des faibles dans un milieu populaire.
Un enfant de 10 ans, vivant avec une mère célibataire d’un milieu social très modeste mais travaillant et mère de 3 enfants de 3 pères différents, est regardé avec bienveillance par son maitre qui perçoit en lui ses potentiels. Dont il va tomber amoureux. Et c’est bien là que le bas blesse. L’analyse de la situation familiale populaire (je viens aussi d’un quartier populaire) sent le réel avec cette mère vivant sa vie et les enfants suivant comme ils le peuvent sans qu’elle ne mise un instant sur l’école pour leurs ascensions sociales ; en fait, elle s’en occupe comme elle peut, mais ne se préoccupe pas de leur avenir. Et la scène où Aliocha s’énerve contre toute la famille à table en leur jetant en pleine face toute la médiocrité de leurs vies est la scène phare et aurait dû être le propos central du film. Alors pourquoi aller se fourvoyer avec une histoire de pédophilie potentiel ou d’homosexualité naissante chez le jeune garçon souhaitant séduire son instit’. Pourquoi mettre de l’homosexualité de partout et surtout avec guère de subtilité ? Le garçon est très androgyne avec ses cheveux blonds et longs que l’on se demande dans les premiers instants s’il s’agit d’un garçon ou d’une fille. Céline Sciamma en avait un film, c’était son seul sujet durant 1h30 (« Tomboy ») et c’était alors très réussi car le sujet c’était bien la confusion qui règne parfois dans ces petites têtes en pleine construction. Mais là c’est maladroit voire pire. Et puis ce cinéma d’auteur à la française estampillé « Femis » commence à faire comme les Shadocks : pomper dans le vide, à nous ressortir toujours les mêmes thèmes. Et cette double narration (émancipation / amour confus) vient en plus condamner tout le film et surtout sa fin. On ne voit pas ce qui pédagogiquement raccroche cet enfant au savoir et ce durant tout le film ; il deviendrait bon élève pour séduire son instit’. Mais lorsque cette relation se fracasse contre un mur (et faut voir comment, la scène torse nu du gamin est pathétique) et se révèle impossible, il conserve l’envie de s’extraire de son milieu par l’école. Peut-être à cause d’une soirée avec des gens cultivés de classe moyenne et une visite au musée Pompidou de Metz. Musée dans lequel il ne regarde pas les œuvres mais uniquement son instit’. Cette démonstration fait très bobo, intello de gauche.
Dommage que le scénario ne se soit pas uniquement concentré sur le désir d’émancipation autour d’un instituteur pygmalion ; ce seul sujet aurait suivi.
Sorti en 2022
Ma note: 6/20