[CRITIQUE] : Les Animaux Fantastiques : Les Secrets de Dumbledore

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : David Yates
Acteurs : Eddie Redmayne, Jude Law, Mads Mikkelsen, Ezra Miller, Dan Figker, Alison Sudol,...
Budget : -
Distributeur : Warner Bros. France
Genre : Fantastique, Aventure.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h22min.
Synopsis :
Le professeur Albus Dumbledore sait que le puissant mage noir Gellert Grindelwald cherche à prendre le contrôle du monde des sorciers. Incapable de l’empêcher d’agir seul, il sollicite le magizoologiste Norbert Dragonneau pour qu’il réunisse des sorciers, des sorcières et un boulanger moldu au sein d’une équipe intrépide. Leur mission des plus périlleuses les amènera à affronter des animaux, anciens et nouveaux, et les disciples de plus en plus nombreux de Grindelwald. Pourtant, dès lors que que les enjeux sont aussi élevés, Dumbledore pourra-t-il encore rester longtemps dans l’ombre ?


Critique :

À défaut de ramener la magie familière d'Harry Potter où d'en créer une qui lui est propre, #LesSecretsdeDumbledore joue + où - habilement la carte de la sécurité, lévite doucement plutôt que de s'emballer, divertit là où il devrait emballer les ❤ des amoureux du Wizarding World pic.twitter.com/iUTgDkA6iv

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 10, 2022

Avant même son arrivée dans les salles obscures, la franchise spin-off/préquelle Les Animaux Fantastiques a toujours été vue comme une manière puante et cynique de la part du tandem Warner Bros/J.K. Rowling, de capitaliser salement (cinq films annoncés dès le départ, inspirés d'un manuel fictif de 128 pages écrit sans réelle ambition autre que de servir de petit complément de luxe aux livres originaux) et désespérément sur l'aura de la franchise Harry Potter, et de traire jusqu'à l'usure la vache à lait qu'elle est.
Si le premier opus peinait gentiment dans ses efforts pour faire un tant soit peu illusion, c'est clairement dès le désastreux Les Crimes de Grindelwald que la supercherie de l'entreprise ne se donnait même plus la peine ni la sensibilité de masquer son cynisme aux yeux des fans du Wizarding World.
Accouché dans la difficulté, que ce soit à cause des critiques négatives du précédent opus, du contexte pandémique, du contrecoup du renvoi de Johnny Depp (remplacé par Mads " Fucking " Mikkelsen) où encore des récentes frasques d'Ezra Miller (et que dire de celles en continue de Rowling depuis quelques années...), Les Animaux Fantastiques - Les Secrets de Dumbledore ne laissait présager rien de bon, d'autant qu'il était une fois n'est pas coutume, chapeauté par un David Yates qui pourrait lui donner plus de vie en le mettant en boîte en dormant.

Copyright 2021 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved / Jaap Buitendijk


Bonne surprise, la nouvelle aventure de Norbert Dragonneau s'avère plus agréable que prévue (où tout du moins, moins décevante que redouté), réparant un brin les envolées maladroites des Crimes de Grindelwald pour voguer vers quelque chose si ce n'est plus construit au moins plus cohérent, même s'il est désormais clair que la franchise ne lui appartient plus (elle ne lui a appartenu que pendant deux petites heures finalement), mais surtout qu'il est toujours autant impossible pour Yates et sa galerie de plumes (dont le vétéran Steve Kloves), à justifier la nécessité de raconter son histoire tentaculaire sur encore - au minimum - deux films.
S'il se perd à nouveau dans une intrigue à tiroirs, un poil chiche en action et peu excitante façon quête d'un MacGuffin (ici un animal ressemblant à un cerf, Qilin, possédant le pouvoir de choisir la personne à la tête de toute la communauté magique, s'il la juge pure de cœur) et de deux élus opposés appelés à l'utiliser, autant que dans un déséquilibre tonale parfois assez grinçant (avec des réminiscences politiques pompées sur la saga Star Wars), le film a néanmoins le bon point de limiter ses enjeux au maximum et d'éviter une cacophonie floue et indigeste, en embaumant son récit d'un fantastique aussi sombre que dramatique.

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Car même si elle se perd dans un océan de pixels et de CGI parfois irritants, c'est bel et bien l'émotion qui sert de glue à cette troisième aventure, que ce soit l'affection non-partagée de Norbert pour Tina (dont la présence est ici étrangement anecdotique), celle troublée entre Jacob et Queenie mais aussi et surtout celle qui unit Dumbledore et Grindelwald, une flamme sincère et intense qui ne s'est jamais vraiment éteinte; deux hommes autrefois profondément amoureux l'un de l'autre, avant que leurs opinions divergentes sur le sort de la magie et des moldues ne les séparent.
Il y a même un petit plaisir purement Hannibalesque de voir un Mikkelsen fait pour la baguette de Grindelwald, reproduire le magnétisme brut et la tension sexuelle tacite entre lui et Hugh Dancy, aux côtés d'un Jude Law toujours impeccable en Dumbledore.
S'il ne transforme pas le plomb en or ni ne réinvente pas une formule magique qui nous est plus que familière désormais, notamment dans sa mise en scène toujours aussi fonctionnelle là où elle implique des élans spectaculaires et vivants (et que dire de ce rythme toujours aussi plombant, qui fait sensiblement sentir ses deux heures et des brouettes de bobine); Les Secrets de Dumbledore joue habilement la carte de la sécurité, lévite doucement plutôt que de s'emballer, divertit et amuse là où il devrait emballer les coeurs des amoureux du Wizarding World.

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A défaut de ramener la magie familière d'Harry Potter à l'écran où d'en créer une qui lui est propre, cet opus maintient l'illusion que Les Animaux Fantastiques pourrait/devrait être une odyssée fantastico-romantique et politique légitime; le hic c'est que cela fait déjà trois fois que cette promesse n'est pas tenu, et qu'elle menace plus que jamais de s'essouffler pour de bon.
Jonathan Chevrier