Rock-o-Rico

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Rimini Éditions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Rock-o-rico » de Don Bluth.

« S’il ne revient pas, le soleil ne se lèvera plus jamais ! »

Pour les animaux de la basse-cour, le soleil ne se lève que lorsque le coq se met à chanter. Or, ce matin-là, Chantecler, le coq le plus rock’n roll de la ferme a oublié de chanter et le soleil s’est quand même levé. Ridiculisé, il décide de quitter la ferme. Une bonne nouvelle pour le Grand-Duc, le hibou qui va pouvoir faire régner la nuit éternelle. Pour les autres animaux de la ferme, un seul objectif : faire revenir leur coq.

« Si je te tue, est-ce que ce sera un crime ou de la charité ? »

Pur produit des studios Disney, Don Bluth passe près de trois décennies à œuvre au sein des studios aux grandes oreilles où il gravit progressivement les échelons : assistant animateur sur « La belle au bois dormant » (1959) et « Merlin l’enchanteur » (1963), il passe animateur sur « Robin des bois » (1973) puis directeur de l’animation sur « Bernard et Bianca » (1977) et « Peter et Elliott le dragon » (1977). Mais ne se retrouvant plus vraiment dans la ligne artistique de la firme Disney, il décide alors de reprendre sa liberté pour développer ses propres projets. Ainsi, après un premier moyen-métrage (« Banjo le chat malicieux » (1979) autoproduit et réalisé de façon quasi artisanale, il signe un premier long (« Brisby et le secret de NIMH », 1982) dont la noirceur inédite jusqu’alors pour une production de ce type lui vaut d’être notamment remarqué par Steven Spielberg. Ce dernier, via sa société Amblin entertainment, produira ses deux films suivants – « Fievel et le nouveau monde » (1986) et « Le petit dinosaure et la vallée des merveilles » (1988) – qui connaitront un important succès public et critique. Mais son film suivant, « Charlie » (1989) connaitra un revers commercial important. Contraint de se remettre rapidement en selle après cet accident de parcours, Don Bluth décide pour son film suivant de reprendre à son compte « Chantecler », un vieux projet d’adaptation du « Roman de Renart » initié puis abandonné trente ans plus tôt par Disney, et dont les éléments serviront à l’élaboration de « Robin des bois » (1973).

« Il est difficile de vivre sans amis. Même quand on a la gloire. »

Cinquième long-métrage du cinéaste, « Rock-o-Rico » est ainsi une libre adaptation de « Chantecler », ultime pièce de théâtre écrite par Edmond Rostand. Un conte anthropomorphique dans lequel un coq de bassecour se croit essentiel à la bonne marche du monde du fait de son chant qui fait chaque matin lever le soleil. Jusqu’au matin où, par inadvertance, le soleil devance le chant du coq, démontrant à la communauté de la ferme son inutilité et sa vanité. Et entrainera son départ, pour le plus grand malheur à venir des autres animaux. Pour l’occasion, Don Bluth modernise le récit en le transposant dans l’univers rock’n’roll des années 60, au sein duquel le coq Chantecler deviendra à la ville une icône musicale exubérante calquée sur le « King » Elvis Presley. Le tout agrémenté de nombreux clins d’oeil cinématographiques (« Le magicien d’Oz », « Ben Hur », « Délivrance »...). Force est de constater que l’ensemble ne manque pas de piquant, et ce d’autant plus que, comme à son habitude, Bluth n’hésite pas à donner à son récit une dimension assez sombre avec un méchant particulièrement cruel et détestable (le Grand-Duc, maitre de la nuit et du monde des ténèbres) et un contexte plutôt inquiétant (inondation, tempête, nuit). Effet de mode oblige (« Qui veut la peau de Roger Rabbit ? » vient juste de triompher), le film tente à son tour, le temps de quelques scènes, un audacieux mélange de prises réelles et d’animation, sans toutefois atteindre la maestria visuelle du film de Zemeckis. Ajoutons à cela une bande musicale de qualité et particulièrement entrainante interprétée par notre indispensable crooner nationale Eddy Mitchell, et on obtient une jolie aventure, éminemment sympathique, et qui n’a pas trop souffert du poids des années. Pour l’auteur de ces quelques lignes, le film demeure même un très agréable moment de nostalgie.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans en version restaurée dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une interview de Xavier Kawa-Topor, spécialiste du cinéma d’animation (25 min.).

Édité par Rimini Éditions, « Rock-o-rico » est disponible dans une belle édition digipack combo blu-ray + DVD, comprenant également quatre cartes postales du film, depuis le 6 avril 2022.

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