Réalisateur : A.J. Edwards
Acteurs : Diane Kruger, Jason Clarke, Brit Marling, Wes Bentley,...
Distributeur : Ed Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Biopic, Historique.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h34min.
Synopsis :
Indiana, 1817. Une nation américaine, à peine âgée de quarante ans, qui se relève difficilement de sa seconde guerre d'Indépendance. Des hommes et des femmes qui, pour survivre, mènent une lutte sans merci contre la nature et les maladies. Tel est le monde que découvre Abraham Lincoln à sa naissance. Sur une période de trois ans, le film retrace l'enfance du futur président des États-Unis, sa famille, les difficultés qu'il a traversées et qui l'ont construit, la tragédie qui l'a marqué à jamais, et les deux femmes qui l'aideront à accomplir son destin.
Critique :
C'est dans sa mise en images du durcissement de l'âme, d'une éducation rugueuse faîte de soif de savoir et d'ouverture sur le monde, que #SousLailedesAnges trouve toute sa splendeur, aussi frustrante d'inertie et incapable de se connecter avec son spectateur soit-elle parfois. pic.twitter.com/Pp1Wh2eYbn
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 14, 2022
L'une des raisons pour lesquelles Terrence Malick est resté au fil des décennies, l'un des artisans les plus distinctifs du cinéma mondiale est purement et simplement parce que personne n'a jamais vraiment su lui arriver à la cheville.
Et pourtant, les cinéastes singeant son style contemplatif et onirique sont tellement légion, qu'il se presque indécent de s'échiner à les compter et ce, même si certains de ses " héritiers " modernes, s'avèrent plutôt doués - David Gordon Green en tête.
A.J. Edwards fait clairement parti de ceux-là, lui dont la filiation est évidente puisqu'il est un collaborateur fréquent du bonhomme, dont le premier effort Sous l'aile des anges, aura mis pas moins de huit ans pour atterrir dans nos salles obscures.
Sacré parcours du combattant pour une proposition plutôt ambitieuse dans sa volonté de narrer les premières années d'Abraham Lincoln, dans une pure expérience sensorielle et contemplative, où une cinématographie tourbillonnante et un cadre au noir et blanc brut et élégant, épouse des performances errantes.
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L'objectif étant bel et bien ici de montrer par le ressenti et la capture d'une écoute du monde et de la nature humaine (mais aussi terrestre), comment Lincoln est devenu le président qu'il a été, mais aussi l'une si ce n'est LA figure la plus importante de l'histoire de l'Amérique moderne; le tout avec l'ombre de Malick pesant sur le moindre rebord de la pellicule.
Osé donc mais plutôt envoûtant comme pari, d'autant qu'Edwards ne se perd jamais dans un mimétisme irritant de sa figure tutélaire (même si l'on ressent l'empreinte de Malick dans l'importance donné à la puissance de la nature, sous les houles entêtantes d'une musique orchestrale toniturante), abordant avec sérieux et détermination cette enfance au coeur des forêts profondes et hostiles - voire même infertiles - de l'Indiana, entre un père sévère (Jason Clarke, qui fait du Jason Clarke) et une mère aimante (Brit Marling, solaire), que la maladie emportera par la suite (une figure maternelle remplacée par une Diane Kruger tout aussi lumineuse en belle-mère compatissante).
Avec une poésie visuelle envoûtante qui surplombe une dramaturgie fragile (certains diront - à raison - inexistante), il capture l'esprit nomade d'un petit bout d'homme grandissant au milieu de nulle part, observant constamment comment le monde change autour de lui.
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Pas forcément aimable pour les spectateurs allergiques aux experiences uniquement vissées sur le ressenti, Sous l'aile des anges captivera ceux qui y sont sensible, notamment dans la recherche de vertige constant convoqué par Edwards, sondant par une caméra vivante les sensations douloureuses et difficiles qui assaillent ses personnages, laissant les dialogues au strict minimum tout autant qu'il interdit presque toute explosion émotionnelle trop vibrante.
C'est dans cette mise en images du durcissement de l'âme, d'une éducation rugueuse faîte de soif de savoir et d'ouverture sur le monde, que Sous l'aile des anges trouve toute sa splendeur, aussi frustrante d'inertie et incapable de pleinement se connecter avec son spectateur soit-elle parfois.
Jonathan Chevrier