[CRITIQUE] : Et il y eut un matin

[CRITIQUE] : Et il y eut un matin

Réalisateur : Eran Kolirin
Acteurs : Alex Bachri, Juna Suleiman, Salim Daw,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Israélien, Français.
Durée : 1h41min.
Synopsis :
Sami vit à Jérusalem avec sa femme Mira et leur fils Adam. Ses parents rêvent de le voir revenir auprès d’eux, dans le village arabe où il a grandi. Le mariage de son frère l’oblige à y retourner le temps d’une soirée.... Mais pendant la nuit, sans aucune explication, le village est encerclé par l'armée israélienne et Sami ne peut plus repartir. Très vite, le chaos s'installe et les esprits s'échauffent. Coupé du monde extérieur, pris au piège dans une situation absurde, Sami voit tous ses repères vaciller : son couple, sa famille et sa vision du monde.


Critique :

Mise en images subtile et distancée d'un chaos kafkaïen, entre dynamique de pouvoir communautaire, rêve de liberte brisé de liberté et lutte/questionnement identitaire, #EtIlYEutUnMatin est une douce et pertinente comédie dramatico-politique sur le conflit israélo-palestinien. pic.twitter.com/xINponl4le

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 14, 2022

Quinze ans déjà que l'on a découvert le cinéaste israélien Eran Kolirin, avec le formidable La Visite de la fanfare, fable humaniste et surréaliste aussi drôle et tendre que pertinente, scrutant les conflits politiques et humains qui déchirent les communautés israéliennes et palestiniennes.
Si l'on avait un peu perdu son cinéma depuis, il nous revient avec un nouvel effort sensiblement dans la même veine, Et il y eut un matin, une adaptation d'un roman du journaliste et écrivain Sayed Kashua, qui démontre que le temps n'a pas vraiment fait son oeuvre et que les choses restent cruellement et inlassablement inchangées dans une Israël hantée par une violence sourde et des paradoxes insolubles.
Tout comme pour le film qui l'a fait connaître, Korilin adopte la même approche lucide sa peinture - ici plus intimiste - des travers douloureux de la réalité de son pays, dans un drame aussi doux et réfléchi qu'il est d'une finesse percutante.

[CRITIQUE] : Et il y eut un matin

Copyright Pyramide Films


L'histoire est vissée sur le retour dans son village d'enfance d'un arabe israélien, Sami, vivant à Jérusalem avec sa famille, résigné à renouer avec son passé pour le mariage de son frère (confrontant ici la réussite d'un homme de la ville, à la rugosité d'un village sous le joug des traditions et loin des affres de la modernité), qui se voit obligé d'y rester alors que l'armée israélienne encercle le village au soir des noces, sans raison apparente et interdisant tout déplacement extérieur.
Avec cette base à la fois grave et tragi-comique digne d'une comédie italienne de la grande époque, qui fait cruellement écho autant à la condition terrible des palestiens en Israël, qu'à notre propre quotidien au coeur de la pandémie du Covid-19, Kolirin dégomme l'absurdité du contexte géopolotique de sa nation autant qu'il pointe le désenchantement d'une population épuisée, frustrée et stigmatisée, constamment engoncée dans une dynamique de contrainte et d'enfermement psychologique, physique et même sociologique.
Mise en images subtile et distancée d'un chaos kafkaïen (où la claustrophobie d'un confinement forcé incarne le sel de tensions internes déjà bouillonnantes), entre dynamique de pouvoir communautaire, rêve de liberte brisé de liberté et lutte/questionnement identitaire, Et il y eut un matin est une douce et pertinente comédie dramatico-politique sur le conflit israélo-palestinien qui ne prétend jamais apporté de réponse, mais ne se prive pas pour autant d'en montrer la cruauté.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Et il y eut un matin