[CRITIQUE] : Ghost Song

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Nicolas Peduzzi
Avec : OMB Bloodbath, William Folzenlogen, Nate Nichols, …
Distributeur : Les Alchimistes
Budget : -
Genre : Documentaire
Nationalité : Français
Durée : 1h16min
Synopsis :
Houston, Texas. Alexandra, Will et Nate se débattent pour survivre dans une ville qui dévore les gens -comme les rêves. Ex-cheffe de gang ou gosses de riches reniés, chacun affronte ses démons tandis qu'un ouragan approche. « Ghost song » , c'est la promesse d'un nouvel élan de vie, entre musique, hallucinations et espoirs de rédemption.

Critique :

Témoignage de vécu, #GhostSong possède une ambiance d’opéra gothique dans un Houston désabusé et macabre. Nicolas Peduzzi capte l’énergie désespérée de toute une communauté mise de côté, à la veille d’un ouragan synonyme de destruction et de mort. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/eUi0xDVKWD

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) April 24, 2022

Quelques semaines avant la nouvelle édition du Festival de Cannes, Ghost Song de Nicolas Peduzzi, film d’ouverture de l’ACID l’année dernière, sort dans nos salles. Après avoir peint le portrait d’une riche héritière d’un magnat du pétrole dans Southern Belle, le cinéaste continue de filmer Houston mais part à l’opposé, dans les quartiers défavorisés, où la musique devient le dernier rempart à la morosité ambiante.
Ghost Song plonge sans demi-mesure à l’intérieur des vies de ses protagonistes. Le début du film nous entraîne sur les longues avenues de la ville texane, tandis que Will et Nate discutent entre eux. Déjà, la musicalité du film se dégage de leur parole, comme un slam discontinu sur leurs expériences et leur vécu. C’est Nate qui monopolise la parole et Will conduit, écoute la rage sous-jacente. Les compères déambulent comme des fantômes dans la nuit noire, et Houston se découpe dans les fenêtres de l’habitacle. La ville sera un personnage à part entière. Une ville-dévoreuse d’ambition, une ville-dévoreuse d’âmes.

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Vient ensuite la rappeuse OMB Bloodbath, qui vit pour sa musique et sa communauté, soumise à de nombreux préjugés concernant son passé dans un gang de la ville. La violence, le racisme et la précarité rythment ces vies que captent puissamment la caméra. Elle ne leur laisse aucun répit, se mouvant au diapason avec les protagonistes. Mais ceux-ci la lui rendent bien, car ils se donnent entièrement au cadre et au cinéaste, ce qui lui permet d’être le témoin privilégié d’une communauté que les médias américains adorent dépeindre comme berceau de la violence.
C’est souvent de nuit que Nicolas Peduzzi les filment. La nuit, les rues leur appartiennent, débarrassées des habitants peu enclins à vouloir se mélanger à ce Houston underground. Crépusculaire donc, Ghost Song laisse alors exploser toute la rage contenue dans les chansons dans un décor menacé par une tempête à proximité. Une ambiance apocalyptique se dégage. Les cœurs s’ouvrent, les émotions circulent et la peur survient avant que la fameuse tempête, devenue entre-temps un ouragan (l’ouragan Harvey, qui a frappé le sud du pays en 2017), détruise tout. 

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OMB Bloodbath déverse son chagrin dans ses paroles, la tristesse et la colère face à la mort de son ami, rappeur tout comme elle, Kenny Lou. Will, de son côté, nous offre un moment de grâce alors qu’il règle ses comptes avec son oncle sur un air de folk. Ce qui était au départ un petit jam entre les deux hommes se transforme en chanson revancharde, où les véritables sentiments qu’ils ont l’un pour l’autre se dévoilent. Plus tard, Will viendra déverser sa haine de la ville alors que des éclairs déchirent la nuit, offrant une dimension poétique à l’ensemble du film.
Témoignage de vécu, Ghost Song possède une ambiance d’opéra gothique dans un Houston désabusé et macabre. Nicolas Peduzzi capte l’énergie désespérée de toute une communauté mise de côté, à la veille d’un ouragan synonyme de destruction et de mort.
Laura Enjolvy