PACHINKO S01 (AppleTV+) – 15/20
Fresque ample, intime et passionnante sur le destin d’une famille coréenne à la suite de l’annexion de leur pays par le Japon, Pachinko court sur quatre générations, des années 10 à la fin des années 80.
Beau et prenant, le récit fait la part belle à des personnages remarquablement construits, laissant, chacun à leur niveau, entrevoir les conséquences de leur déracinement. Pachinko téléscope la petite histoire et la grande à travers le parcours de Sonja, raconte un pays au passé récent largement méconnu. L’héroïne est incarnée tout au long de sa vie par 3 interprètes différentes, mais tout aussi intenses et captivantes, dont Yoon Yeo-jeong, qui avait reçu l’oscar pour son rôle dans Minari. Il est question de dialogue entre les générations, d’héritage et de filiation mais aussi et surtout d’appartenance à une communauté et d’ostracisation. La mise en scène est chiadée et élégante, dans les standards hauts des séries Apple.
Une grande série, ambitieuse et romanesque, comme on n’en voit pas si souvent.
SLOW HORSES S01 (AppleTV+) – 14/20
De l’humour noir et grinçant dans les services secrets anglais. Slow Horses se penche sur une division bien particulière du MI5, l’étable, qui regroupe les rebus de l’organisation, ceux dont on ne veut plus au moins pour un temps, sans qu’ils en sachent vraiment la raison.
Cette première saison suit une affaire gérée par le MI5 qui part en vrille et pour laquelle l’étable est toute désignée pour jouer les boucs émissaires. Entre jeux de pouvoirs et d’influence, vieilles histoires et démons intérieurs, Slow Horses est aussi amusante que prenante, même si elle est parfois un peu confuse dans ses enjeux et ses jeux d’alliance. Les personnages sont bien travaillés et ont tous quelque chose à raconter. Ils forment une équipe de bras cassés qu’on a très envie de suivre au-delà de cette 1ère saison, qui reste encore largement en surface et fait plus office d’introduction.
La saison 2 est déjà tournée et on a hâte d’approfondir la relation entre Lamb et Taverner, interprétés par deux légendes du cinéma britannique, Gary Oldman et Kristin Scott Thomas.
En bonus, un magnifique générique interprété par Mike Jagger.
WECRASHED (AppleTV+) – 14/20
Wecrashed est l’histoire vraie d’une irrésistible ascension qui vire au fiasco, une histoire comme Hollywood les adore. La raconter sous forme de série permet aux auteurs d’aller plus loin, d’expliquer des rouages parfois complexes, de soigner les personnages. Et celui-ci, méritait bien une série : comment Adam Neumann a construit un empire valorisé à 47 milliards sur du vent grâce à une insubmersible foi en lui et un bagout incontestable.
Ce n’est pas un personnage agréable certes, mais déterminé, et le fait que sa mégalomanie sans borne l’entrainera à sa perte, et avec lui son entreprise et ceux qui l’ont suivi, en font un parfait personnage de fiction. Un personnage si excessif qu’il ne pouvait être incarné que par un acteur au moins aussi fou. Jared Leto, totalement investi comme toujours, est sans surprise excellent et forme avec Anne Hataway, génialement insupportable, un couple qu’on adore détester.
C’est une série Apple, les moyens se voient à l’écran, la production value est nickel, mais au-delà de ça, Wecrashed est une plongée très intéressante dans le monde des start-ups et des licornes. Elle met un peu de temps à décoller, démarrant sur un faux rythme, mais devient passionnante lorsque le piège se referme sur Adam, un piège qu’il a lui-même contribué à tendre. Une fascinante histoire de réussite et d’auto-sabotage. Mais encore une fois, 3 ou 4 épisodes auraient suffi…