Pourquoi voir Que Dios nos Perdone ?
Après 8 citas et Stockholm, film qui lui permit d'obtenir la médaille du meilleur nouveau réalisateur au Círculo de Escritores Cinematográficos de Madrid, le cinéaste Rodrigo Sorogoyen nous gratifie d'un film noir haletant sur une société espagnole troublée.
Que Dios nos Perdone nous place pendant l'été 2001 à Madrid, le pays est plongé en pleine crise économique, un mouvement émerge des braises de la contestation, le mouvement des indignés, la capitale espagnole en est le foyer le plus important.
Problème, le Pape Benoît XVI doit visité la capitale, la police est sur les dents pour assurer le bon déroulement de son séjour, comme si cela ne suffisait pas la ville fait face à une série de meurtres.
Deux inspecteurs vont se charger de traquer ce serial-killer en toute discrétion, Luis Velarde (Antonio de la Torre) et Javier Alfaro (Roberto Álamo), deux inspecteurs aux tempéraments bien différents, Luis est un homme calme, introverti, il mène une vie solitaire dans un environnement dès plus ordonné, son coéquipier, Javier, est lui impulsif voir violent, une violence qui l'a impliquée dans de nombreuses affaires avec ses collègues.
L'Espagne, comme la France a une époque,a fait une percée très remarquée dans le polar, un polar ibérique sombre et sec, on peut citer des réalisations comme La Isla mínima d'Alberto Rodriguez, L'Accusé d'Oriol Paulo, TORO de Kike Maíllo ou encore Pas de Répit pour les Salauds d'Enrique Urbizu.
Que Dios nos Perdone se hisse avec une grande aisance dans la liste des meilleurs polars espagnols, son ambiance où tout espoir semble s’être envolé au-delà des nuages, son intrigue très bien ficelé et son casting solide, en font un très bon polar made in Espagne.
Rodrigo Sorogoyen signe un film noir maîtrisé à l'histoire malaisante et à l'ambiance oppressante à souhait, une véritable claque qui possède une tension montant crescendo jusqu'au dénouement final, une réalisation aux petits oignons qui prouve que l'Espagne est passé maître dans le genre.
Que Dios nos Perdone est un film sur la souffrance, les deux inspecteurs et le tueur en série souffrent tous les trois, isolement, violence, chacun exprime ses douleurs différemment.
La société espagnole souffre également, plus aucune confiance aux institutions publiques et en l'économie, juste la foie a encore sa place dans le cœur de la population.
Pour son troisième long métrage, le cinéaste madrilène nous livre un polar sombre et étouffant dès plus réussi, Que Dios nos perdone est la preuve, si il en fallait encore une, que le cinéma espagnol a toute sa place parmi les grandes nations du septième art