[CRITIQUE] : Boy From Heaven

[CRITIQUE] : Boy From Heaven

Réalisateur : Tarik Saleh
Acteurs : Tawfeek Barhom, Fares Fares, Mohammad Bakri,...
Distributeur : Memento Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Thriller
Nationalité : Français, Suédois, Marocain, Finlandais.
Durée : 2h00min.
Synopsis :
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2022.
Adam, simple fils de pêcheur, intègre la prestigieuse université Al-Azhar du Caire, épicentre du pouvoir de l'Islam sunnite. Le jour de la rentrée, le Grand Imam à la tête de l'institution meurt soudainement. Adam se retrouve alors, à son insu, au cœur d'une lutte de pouvoir implacable entre les élites religieuse et politique du pays.


Critique :

Si sa mise en scène timorée atténue un poil sa tension, #BoyFromHeaven n'en reste pas moins un efficace thriller, relecture du Nom de la Rose au coeur l'islam sunnite où un jeune étudiant, pur pion sacrifiable, agit au service d'intérêts étatiques au point de mettre sa vie en jeu pic.twitter.com/8GE1sGNwyO

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) May 30, 2022

On avait laissé le talentueux Tarik Saleh (Le Caire Confidentiel) il y a une poignée de semaines avec une vraie petite bisserie comme on les aime, The Contractor, qui ravivait modestement la flamme des thrillers old school made in 80s/90s, tout en réussissant l'équilibre précaire mais maîtrisé entre une action simple mais constamment lisible, une tension plutôt bien amenée et une dramaturgie palpable; le tout porté par un casting impeccable, dominé par un Pine habité.
Pour la seconde fois en 2022, on le retrouve avec une proposition supposément opposée et mais finalement plus jumelle qu'elle ne l'annonce sur le papier : Boy From Heaven, où il s'approprie les codes familiers du thriller d'espionnage/infiltration pour mieux narrer les aléas tortueux d'un fils de pêcheur égyptien, embrigadé dans une lutte de pouvoir qui le dépasse totalement.
Soit Adam, jeune étudiant à l'Université Al-Azhar, l'établissement d'enseignement islamique le plus prestigieux au monde, qui l'emmène loin de sa petite ville de pêcheurs vers la métropole animée du Caire.

[CRITIQUE] : Boy From Heaven

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Un quotidien bousculé qui le sera encore plus lorsque le Grand Imam - directeur de l'université et personnalité religieuse la plus influente du pays - est retrouvé mort devant l'établissement, et que le colonel de la sécurité de l'État, Ibrahim, le recrute pour aider leur cause de l'intérieur et renverser le pouvoir des Frères musulmans, histoire de trouver un nouvel équilibre - même précaire - entre l'État et la religion. 
Avec son rythme méthodique et à combustion lente, qui ne trompe jamais totalement la linéarité d'une narration balisée dont on décèle à l'avance tous les passages obligés, le film, dont les influences hitchcockiennes deviennent sensiblement perceptibles à mesure que la suspicion et la paranoïa augmentent graduellement, ne cherche pas tant à révolutionner le genre qu'à le catapulter dans un cadre inconnu et fermé (derrière les murs parfois sombres des grandes mosquées) qui ne peut qui ne peut que dépayser et fasciner son auditoire - surtout occidental.
Rafraîchissant, cette immersion captivante fait alors de Boy From Heaven une sorte de relecture du Nom de la Rose au coeur l'islam sunnite où un jeune homme naïf (impressionnant Tawfeek Barhom), véritable pion sacrifiable, agit au service d'intérêts étatiques au point de mettre son propre avenir et sa propre vie en jeu.
Dommage que sa mise en scène un poil opaque atténue en grande partie sa tension, car Saleh signe une nouvelle fois un thriller politique efficace, sobre et même vraiment prenant.
Jonathan Chevrier
[CRITIQUE] : Boy From Heaven