De Serge Bozon
Avec Virginie Efira, Tahar Rahim, Alain Chamfort
Chronique : Le film de Serge Bozon débute par l’image d’un homme abandonné. Julie ne s’est pas présentée à son mariage, laissant Laurent à son désespoir. Inconsolable, il la voit dans toutes les femmes qu’il croise et qu’il tente de séduire, comme s’il devait la conquérir à nouveau.
Ce Don Juan est à la fois une digression du mythe (c’est le séducteur qui est quitté) et une mise en abîme, Laurent étant un comédien répétant la pièce de Molière.
Cela fait beaucoup d’idées, qui s’avèrent toutes finalement assez bancales. Le concept premier, celui sur lequel le film est vendu (voir l’affiche), voit Virginia Efira jouer toutes les femmes que croise Laurent. Intéressant bien que partiellement exploité, il est vite abandonné pour laisser sa place à une structure plus classique, une réflexion sur la fidélité doublée d’une pointe de mystère sur un évènement passé tragique.
On a parfois du mal à comprendre ce que le réalisateur cherche à nous dire et pourquoi il nous le dit comme ça. A vouloir complexifier à ce point un propos finalement assez futile, il nous perd et on perd le fil de ce qui n’est finalement pas autre chose que l’histoire d’un couple et l’exploration, pas très subtile de surcroît, du rapport homme/femme.
Si la mise en scène offre de jolis passages (dans le théâtre ou en filmant la chambre des deux amants qui se font face), les intentions de ces effets sont peu lisibles, la cérébralité du scénario trop lourde. Et le choix de la comédie musicale est très questionnable… Les scènes chantées sont difficilement soutenables, et l’ambiance sonore est globalement éprouvante.
Malgré tout l’amour qu’on porte aux deux acteurs principaux, qui font ce qu’ils peuvent, c’est très compliqué de rentrer dans cette histoire. L’ennuie gagne très, trop vite et ne vous lâche plus…
Synopsis : En 2022, Don Juan n’est plus l’homme qui séduit toutes les femmes, mais un homme obsédé par une seule femme : celle qui l’a abandonné…