[CRITIQUE] : Les Cinq Diables

[CRITIQUE] : Les Cinq Diables

Réalisatrice : Léa Mysius
Acteurs : Adèle Exarchopoulos, Sally Dramé, Swala Emati, Moustapha Mbengue,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
Vicky, petite fille étrange et solitaire, a un don : elle peut sentir et reproduire toutes les odeurs de son choix qu’elle collectionne dans des bocaux étiquetés avec soin. Elle a extrait en secret l’odeur de sa mère, Joanne, à qui elle voue un amour fou et exclusif, presque maladif. Un jour Julia, la soeur de son père, fait irruption dans leur vie. Vicky se lance dans l’élaboration de son odeur. Elle est alors transportée dans des souvenirs obscurs et magiques où elle découvrira les secrets de son village, de sa famille et de sa propre existence.


Critique :

Déroutant autant qu'il est furieusement ambitieux, pas exempt de faiblesses mais porté par une envie de cinéma furieusement communicative, #LesCinqDiables est comme Ava, aussi généreusement maladroit que mué par une énergie sauvage et singulière qui ne laisse pas indifférent. pic.twitter.com/VKBjWiHjVz

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 19, 2022

Dès les premiers instants de son second long-métrage, Les Cinq Diables, Léa Mysius distille une sorte de brume onirique un brin Lynchienne qui, même ancrée dans un réalisme rural palpable, laisse penser que tout peut arriver à l'écran, sans que l'on ne vienne pour autant remettre en cause la puissance ni la sincérité de ce qui nous est montré.
Une sorte de sort cinématographique qui va de pair avec le rapport viscéral des personnages avec les éléments - principalement l'eau et le feu -, au coeur d'une histoire éminemment naturaliste qui touche à l'atavisme, au fantastique et aux fantômes du passé, qui prend vie dans les contours d'une mise en scène organique et totalement asservi au corps - surtout à celui d'une Adèle Exarchopoulos rarement aussi scruté sous toutes les coutures à l'écran.
Toute l'histoire tourne autour de la jeune Vicky (Sally Dramé, LA révélation du film), dix au compteur et fruit d'un mariage sans amour entre un pompier et une ex-gymnaste devenue maître nageur, Joanne, avec qui elle a une relation fusionnelle voire même un brin obsessionnelle.

[CRITIQUE] : Les Cinq Diables

Copyright F Comme Film - Trois Brigands Productions


Mais Vicky n'est pas une gamine ordinaire : elle a une sensibilité olfactive hors du commun, accumulant dans des bocaux les odeurs qu'elle « reproduit » des personnes ou des lieux qui émaillent sa vie.
Un don qui, à l'arrivée impromptue de sa tante paternelle Julia, qu'elle n'a jamais vraiment connue, va l'amener à développer la capacité " voyager " dans le passé, découvrant dès lors les secrets lourds et obscurs de la jeunesse de ses parents mais aussi ceux de ses origines...
Rappelant autant le cinéma de Claire Denis (dans sa manière de filmer amoureusement les corps) que celui de Céline Sciamma (et plus directement Petite Maman, dans ce dialogue générationnelle entre une mère et sa fille mais aussi avec cet accent mis sur l'enfance et la force incroyable de son imaginaire), Les Cinq Diables se fait un beau drame familial intimiste et sensorielle sur l'étrange et doux passage à l'âge adulte d'une môme solitaire, sur laquelle se juxtapose autant une romance contrariée et vibrante - bien que confuse - à travers le temps (qui explose émotionnellement lors d'une émouvante séquence de karaoké - le pouvoir de Bonnie Tyler), qu'un regard complexe sur une bourgade provinciale enfermée dans ses valeurs traditionnelles et xénophobes, incapable d'assimiler la diversité - sous toutes ses formes.

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Déroutant et singulier autant qu'il est furieusement ambitieux, pas exempt de faiblesses et de quelques coups de mou mais porté par une envie de cinéma furieusement communicative et une beauté esthétique folle; Les Cinq Diables est comme Ava, le premier long-métrage de Léa Mysius, aussi généreusement maladroit que mué par une énergie sauvage et mystique qui ne laisse absolument pas indifférent.
Jonathan Chevrier[CRITIQUE] : Les Cinq Diables