Réalisateur : Fernando León de Aranoa
Avec : Javier Bardem, Manolo Solo, Almudena Amor,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 2h00min
Synopsis :
Un ex-employé viré qui proteste bruyamment et campe devant l’usine…
Un contremaître qui met en danger la production parce que sa femme le trompe…
Une stagiaire irrésistible…
A la veille de recevoir un prix censé honorer son entreprise, Juan Blanco, héritier de l’ancestrale fabrique familiale de balances, doit d’urgence sauver la boîte.
Il s’y attelle, à sa manière, paternaliste et autoritaire : en bon patron ?
Critique :
Satire sociale féroce et corrosive comme aux grandes heures du cinéma italien, fustigeant le paternalisme d'entreprise avec un humour affûté et jubilatoire,#ElBuenPatrón scrute la lente descente aux enfers d'un personnage éminemment Berlanguien, incarné à la perfection par Bardem pic.twitter.com/ii0FuPNfUX
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 22, 2022
Javier Bardem est un put*** de performeur à part entière, un caméléon taillé dans le marbre brut du septième art, l'un de ses rares talents qui, lorsqu'ils s'attachent à un projet même mineur, se l'approprient et lui font prendre un envol unique et inattendu qui justifierait - presque - instinctivement leur vision.
Un mec qui peut te faire passer des oeufs de lump pour du caviar quant il est dans un bon mood, là où il peut littéralement tutoyer la perfection s'il est dirigé par un cinéaste lui-même en pleine possession de ses moyens et de son histoire.
Pour sa première vraie incursion dans le giron difficile de la comédie (même si son Familia pouvait, dans un sens, se voir aussi comme une comédie), Fernando León de Aranoa lui concocte avec son El Buen Patrón une route pavée de velours dans une charge à peine masquée contre le capitalisme, prenant les contours d'une comédie satirique et corrosive s'amusant des artifices de façade qui cache le paternalisme d'entreprise et une autorité - faussement - juste.
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Bardem y est magistral dans le costume de ce fameux « bon patron » du titre, un homme d'affaire paternaliste qui se soucie plus où moins sincèrement de la vie privée et des difficultés de ses employés, sans pour autant trembler pour user de sa position pour traquer/séduire les jeunes stagiaires où encore pour sacrifier, avec une cruauté déshumanisée, quelques têtes pour défendre les intérêts économiques de l'usine de fabrication de balances qu'il a hérité de son papounet.
Un personnage éminemment Berlanguien et trop " bon " pour être vraiment honnête, dont la personnalité va exploser face caméra alors qu'il subit la visite d'un comité venu pour lui décerner un prix d'excellence, soit la situation parfaite pour Aranoa de concocter une sorte de microcosme malsain au sein duquel tous les archétypes que l'on peut retracer au sein d'un organigramme d'entreprise sont personnifiés avec malice.
Chaque personnage est taillé à la serpe, l'humour y est aussi simple qu'incisif pour mieux enfermer son anti-héros dans une prison de verre tragi-comique où il ne fait que récolter crescendo les fruits/dommages collatéraux de son comportement toxique.
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Chronique politico-sociale féroce et jubilatoire comme aux grandes heures du cinéma italien, El Buen Patrón nous catapulte dans l'univers violent et impitoyable de l'entreprise, et se savoure comme un bon piment qui embaume lentement mais sûrement le palais avant de vous arracher les intestins par sa crudité bien trop réaliste pour ne pas marquer.
Sacré Javier...
Jonathan Chevrier