Réalisatrice : Maria Schrader
Avec : Maren Eggert, Dan Stevens, Sandra Hüller,...
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Romance, Science fiction, Comédie, Drame.
Nationalité : Allemand.
Durée : 1h45min
Synopsis :
Alma, brillante scientifique, se révèle être une parfaite candidate pour se prêter à une expérience : pendant trois semaines, elle doit vivre avec Tom, un robot à l’apparence humaine parfaite, spécialement programmé pour correspondre à sa définition de l’homme idéal. Son existence ne doit servir qu’un seul but : rendre Alma heureuse.
Critique :
Jolie expérience que #ImYourMan, cocktail délicieusement équilibré entre romance et SF dans une exploration douce-amère du conflit entre l'humanité et l'universalité du sentiment amoureux, porté par un regard profond sur l'ouverture d'une réelle intimité avec une entité robotique pic.twitter.com/Bvma0GqxA7
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 22, 2022
Il y a quelque chose de doucement ironique dans le fait que L'Homme Parfait de Xavier Durringer et I'm Your Man de Maria Schrader débarquent exactement le même jour dans nos salles obscures, comme si le calendrier des sorties lui-même décidait perversement d'en remettre une couche pour démontrer si besoin était, au-delà d'un humour jamais subtil voire même totalement faisandé, comment le premier était totalement à côté de la plaque dans son questionnement sur la présence au quotidien, d'une entité robotique dans notre foyer.
Pendant romantico-philosophique d'un Westworld qui se fait lui une parabole science-fictionnelle brutale et sanglante de notre société, le nouvel effort de Schrader se fait une formidable exploration douce-amère du conflit entre l'humanité et l'universalité du sentiment amoureux, et l'ouverture à une véritable intimité avec une entité créée de toute pièce - même si les robots/hologrammes n'ont jamais parus aussi naturels.
Copyright Christine Fenzl
Sensiblement dans la veine du A.I de Steven Spielberg - en plus léger -, mais surtout du Her de Spike Jonze (qui voyait un Joaquin Phoenix, dans un futur encore plus hyper-connecté qu'aujourd'hui, avoir une eHarmony parfaite avec la cousine de Siri et Alexa), I'm Your Man, adapté d'une nouvelle éponyme d'Emma Braslavsky, répond à des questionnements familiers de la SF (Peut-on tomber amoureux de quelqu'un qui n'est pas humain ? Est-ce que cela rend-il notre humanité plus sensible et, de facto, cela rend-elle celle de l'autre plus vivante ?) au travers des aléas d'une anthropologue solitaire, Alma, qui pour voir ses recherches financés prend part à contrecœur, à une expérience scientifique radicale (vivre au quotidien avec un robot humanoïde conçu pour être un amant/partenaire parfait dont l'algorithme a été programmé non seulement pour être son match parfait, mais également pour pouvoir anticiper et répondre à tous ses besoins) qui la laisse - tout comme le spectateur - se demander ce que signifie être humain au contact du robot Tom.
Tandis qu'elle, au demeurant plus insensible que la moyenne, s'inquiète de ressentir un amour que chaque fibre de son être dit être faux (elle questionne doublement l'artificialité de Tom, consciente qu'il n'est pas " naturel " mais aussi que celui-ci n'est uniquement conçu que pour la courtiser), lui devient de plus en plus humain à son contact, compliquant encore un peu plus la crise existentielle (et si coucher avec un robot devenait inévitable ?) et les sentiments d'Alma...
Copyright Christine Fenzl
Cocktail délicieusement équilibré entre la fable futuro-sociétale, la comédie ludique, le drame humain, la romance sophistiquée et la science-fiction fantaisiste, I'm Your Man joue totalement la carte de l'introspection dans son examen puissant de la nature de l'amour et de l'humanité qui intime continuellement, et avec une certaine douceur parfois piquante, à penser au-delà de notre idéalisation du concept de l'âme soeur et de la compréhension traditionnelle, pour mieux résoudre nos maux et préoccupations actuelles (la solitude, l'authenticité émotionnelle, le manque de connection à l'autre et même l'automédication par la science), malgré les risques que cela peut potentiellement encourir.
Enchanteur et prenant dans sa manière de ne pas toujours aller là où on l'attend, délicatement mis en scène et incarné (que ce soit Maren Eggert où Dan Steven, dont la dynamique est en constante évolution), Maria Schrader croque une merveilleuse expérience de cinéma intelligente (même si on pourrait lui reprocher de ne jamais creuser trop profondément dans le sol philosophique exploration délicieuse de l'humanité et de l'amour), touchante et idiosyncrasique, qui mérite totalement son pesant de pop-corn - et même bien plus encore.
Jonathan Chevrier