Après le chef d'oeuvre "Alien le Huitième Passager" (1979) de Ridley Scott, sa suite "Aliens le Retour" (1986) de James Cameron et "Alien 3" (1992) de David Fincher qui confirme l'intérêt du public pour la franchise, la 20th Century Fox en veut finalement encore et décide de lancer un nouveau projet. Cette fois, si les producteurs de Brandywine sont toujours là, David Giler et Walter Hill ne sont plus au scénario car ils avaient peur que ce film soit de trop et ne ruine la qualité général de la saga, mais c'est pourtant eux qui ont suggéré l'idée du clone de Ripley ; par là même, la star Sigourney Weaver ajoutera à cette idée celle de faire de Ripley une mi-humaine mi-alien, bien après avoir pourtant émis de doutes également sur cette suite surtout qu'une rumeur annonçait un cross-over dans les cartons : "Alien vs Predator". La Fox fait appel à un nouveau scénariste, Joss Whedon qui vient d'écrire pour le film d'animation "Toy Story" (1995) de John Lasseter et qui planche sur une série TV qui va devenir "Buffy contre les Vampires" (1997-2003) avant de marquer les esprits quelques années plus tard avec "Avengers" (2012) et "Avengers : l'Ere d'Ultron" (2015). Pour la réalisation, les producteurs poursuivent dans leur idée de confier leur film à un réalisateur débutant, ils pensent entre autre à Danny Boyle qui est u temps intéressé mais qui va finalement préférer son "Trainspotting" (1996), à Bryan Singer également qui venait de faire sensation avec "Usual Suspect" (1995), puis finalement (cocorico !) c'est le réalisateur français Jean-Pierre Jeunet qui est choisi pour son style visuel unique et singulier avec ses premiers films "Delicatessen" (1991) et "La Cité des Enfants Perdus" (1995) tous deux co-réalisés avec Marc Caro ; ce dernier participe au début du développement mais quittera le projet assez rapidement. Jeunet impose une bonne partie de son équipe, outre quelques acteurs, il fait appel à deux autres débutants mais qui deviendront des sommités dans leur domaine, Pitof aux Effets Spéciaux et Darius Khondji à la Photographie, se retrouvant ainsi après les deux premiers films de Jeunet pour cette superproduction hollywoodienne...
200 ans après la mort de Ellen Ripley, des généticiens ont réussi à cloner Ripley grâce à une goutte de sang récupérer puis en croisant son ADN à un alien. Mais désormais Ripley est prisonnière sur l'Auriga où elle subit de nombreux tests et son fils lui est même enlevé après la naissance. Tandis qu'elle s'efforce de retrouver des bribes de souvenirs un vaisseau accoste composé d'un équipage de mercenaires ainsi que d'une jeune femme avec qui elle se lie d'amitié... Ripley est pour la 4ème fois incarnée par Sigourney Weaver qui a entre temps jouée dans "1492 : Christophe Colomb" (1992) de Ridley Scott, "La Jeune Fille et la Mort" (1994) de Roman Polanski et "Copycat" (1995) de Jon Amiel. 200 après elle ne retrouve personne de connu. Annalee Call, la jeune femme est incarnée par Wynona Ryder, star en plein boom après des films comme "Dracula" (1992) de Francis Ford Coppola, "Le Temps de l'Innocence" (1993) de Martin Scorcese ou "La Chasse aux Sorcières" (1996) de Nicholas Hytner. Surtout citons deux acteurs qui retrouvent Jean-Pierre Jeunet, Dominique Pinon acteur fétiche du réalisateur dans tous ses films depuis le court-métrage "Foutaises" (1990), puis Ron Perlman acteur fétiche de Guillermo Del Toro après "La Cité des Enfants Perdus" (1995), qui retrouve aussi après "Romeo is Bleeding" (1993) de Peter Medak son partenaire Michael Wincott qui retrouve de son côté Sigourney Weaver après "1492...", à l'instar de l'acteur J.E. Freeman vu dans "Sailor et Lula" (1990) de David Lynch et "Miller's Crossing" (1991) des frères Coen qui retrouve l'actrice après "Copycat". Citons encore Kim Flowers vue ensuite dans "Another Day in Paradise" (1998) de Larry Clark et "Las Vegas Parano" (1998) de Terry Gilliam, Dan Hedaya vu dans "La Famille Adams" (1991) de Barry Sonnenfeld et "Usual Suspects" (1995) de Bryan Singer, Brad Dourif vu dans "Dune" (1984) et "Blue Velvet" (1986) tous deux de David Lynch puis "Mississippi Burning" (1988) de Alan Parker, Raymond Cruz vu dans "Danger Immédiat" (1994) de Phillip Noyce et "Rock" (1996) de Michael Bay, Leland Orser omniprésent à l'époque avec "Seven" (1996) de David Fincher, "Independance Day" (1996) de Roland Emmerich et "Los Angeles 2013" (1996) de John Carpenter, et enfin Gary Dourdan surtout populaire plus tard avec la série TV "Les Experts" (2000-2008)... Chose importante, le réalisateur Jean-Pierre Jeunet était satisfait du résultat et de son film ce qui est assez rare pour un français à Hollywood pour le souligner. D'ailleurs, sur les quatre films c'est celui qui est le moins modifié dans sa version rallongée avec seulement 7mn dont quelques passages à voir avec le générique et la gueule d'alien qui s'avère un simple insecte, Ripley qui se souvent avoir aidé une fillette sans se souvenir de son nom ou la fin plus pessimiste que la version ciné. À noter que l'ordinateur central se nomme "Papa" renvoyant au "Maman" du Nostromo.
Evidemment, cet ultime opus de la quadrilogie laisse d'abord perplexe car comment faire revenir Ripley morte à la fin de "Alien 3" ?! Et finalement, oui rien de plus simple que le clonage ! Mais la bonne idée n'est pas le simple clonage (possible déjà aujourd'hui donc pas complètement con dans un film de SF), mais bien de faire de la nouvelle Ripley un nouveau personnage à part entière avec des spécificités nouvelles car finalement rien de plus logique, surtout 200 ans après ! On aime aussi le fait que le film reste dans la mouvance des trois premiers opus, à savoir une atmosphère anxiogène, une mise en place angoissante et lancinante et un univers toujours hanté par les "camionneurs de l'espace". Des personnages emblématiques, ceux qui savent et ceux qui vont savoir, et toujours ces gueules impayables dont un duo Ron Perlman-Dominique Pinon qui impose leur empreinte face à une Ripley désormais presqu'aussi vénéneuse que l'Alien et le charme virginale de Wynona Ryder qui ajoute un peu de tendresse dans ce monde de brutes. Le film apporte aussi quelques passages marquants qui permettent de s'émanciper des films précédents comme la découverte de la salle des clones ou la traversée sous-marine ; d'ailleurs sur cette dernière scène, pour l'anecdote, Ron Perlman et Wynona Ryder (qui est de surcroît ablutophobe !) manquèrent de se noyer ! La manipulation génétique annoncée dans les films précédents prend ici toute son ampleur funeste jusqu'à ce qui est, malheureusement, le plus gros défaut du film : le "bébé" alien, qui grandit bien vite et surtout qui est particulièrement hideux, pas franchement inspiré même si c'est un point très subjectif, mais dans le même temps il faut avouer qu'il impose un malaise certain et comme être aussi répugnant que contre-nature. On ne l'aime pas, l'effet est réussi (ou pas !?). En tous cas l'effet Alien est encore bien présent à sa sortie puisque le film fait un carton en salles, dépassant au box-office Monde le "Alien 3" même si vis à vis du budget il reste le moins bénéfique, alors qu'en France l'effet Jeunet fait qu'il fait presque aussi bien que "Alien le Huitième Passager" avec près de 2,7 millions d'entrées France. La quadrilogie prend fin et reste à ce jour le dernier volet de la franchise. Un grand film qui a surtout la qualité de créer une saga cohérente et logique, explorant les variantes de la SF horrifique qui restera au Panthéon du genre.
Note :
Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :