[CRITIQUE] : Mastemah

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Didier D. Daarwin
Avec : Camille Razat, Olivier Barthelemy, Tibo Vandenborre,...
Distributeur : Alba Films
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 1h41min
Synopsis :
Après la mort brutale d’un proche lors d’une séance d’hypnose qu’elle animait, Louise, jeune psychiatre tente de se reconstruire en s’installant dans un petit village de l’Aubrac. L’arrivée d’un nouveau patient au comportement étrange va la plonger dans une spirale infernale. Sa vie et celles des autres vont devenir un véritable enfer.


Critique :

Se rêvant comme une proposition à la fois populaire et exigeante, #Mastemah trébuche, la faute à une narration nébuleuse et qui se traîne, ne donnant jamais vraiment de corps à son opposition - autant qu'à son observation de la zone grise - entre la spiritualité et la rationalité pic.twitter.com/oisUEADjP1

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 29, 2022

Si les bonnes intentions n'ont jamais réellement fait un bon film, force est d'admettre tout de même qu'elles ont au moins le mérite d'asseoir un tant soit peu d'indulgence dans l'esprit du spectateur, si tenté est bien sur que celui-ci y soit un minimum sensible, passé une séance où son attention - où sa patience - sera mise à rude épreuve.
Mastemah, second passage derrière la caméra (il a co-réalisé avec Akhenaton, le téléfilm Conte de la Frustration en 2008) mais surtout premier film fantastique du couteau suisse Didier D. Daarwin, en a assurément, lui dont la volonté première est, et cela semble s'annoncer dès sa plus où moins accrocheuse bande annonce (une horreur plus psychologique et suggestive que frontale, avec un doigt d'hypnose et de possession en prime), de se placer volontairement en marge des productions horrifiques hexagonales (comme Ogre d'Arnaud Malherbe, sortie en avril dernier), dont la santé toute retrouvée depuis quelques années semble gentiment mise à mal par la production récente.

Copyright Etienne Baret


Se voulant comme une proposition à la fois populaire et exigeante, scrutant du bout de la caméra les cinémas des cousins espagnoles sur lesquels elle règle ses pas (avec un soupçon de bis rital), la péloche et son concept ambitieux (une psy tourmentée et en pleine reconstruction suite à la mort de son compagnon, se confronte à un patient hanté par des visions démoniaques, qui va l'emmener avec lui dans une lente descente aux enfers) diffuse une angoisse macabre joliment plus diffuse que suggestive, bien aidé par un cadre - les plateaux de l'Aubrac - aussi inquiétant qu'intemporel, dont l'aura presque mystique et l'isolation profonde en fait un terreau fertile et cinégenique pour l'horreur - qu'elle qu'elle soit.
Tout va bien donc jusqu'à ce que tout aille mal, tant sa narration qui se traîne, aussi férocement brouillonne que nébuleuse, ne donne jamais vraiment de corps à son opposition - autant qu'à son observation de la zone grise - entre la religion/spiritualité et la rationalité, plombé par une envie de tellement brouiller les pistes qu'il s'embourbe lui-même dans des choix discutables (ses fameuses ellipses), quand ils ne sont pas navrants (des dialogues irritants aux jumps scares éculés), au risque de propulser le spectateur hors de l'histoire.
Dommage, tant la direction lancinante et poétique de Daarwin, signant parfois de vrais beaux moments de cinéma (comme son ouverture mortelle), couplée à une atmosphère vraiment envoûtante (jolie photographie d'Emmanuel Bernard, qui trompe souvent des SFX laborieux) et une prestation inquiétante d'Olivier Barthelemy, laisse à penser qu'il y avait matière à avoir une toute autre séance.
Jonathan Chevrier