« Incroyable mais vrai » pourrait être la devise de notre OVNI francophone qu’est Quentin Dupieux. Filmé le réel l’intéresse peu, il préfère la fable. Là encore, nous sommes embarqués dans une histoire invraisemblable de faille spatio temporelle et de sexualité 2.0 et nous finissons par adhérer, pire par y croire. Tout sonne juste. Cependant sur ce film, Dupieux va plus loin que la farce absurde en se tournant vers la satire sociale et existentielle. Ses deux trouvailles lorgnant vers le fantastique sont un prétexte pour égratigner le mythe de l’éternelle jeunesse dont les atouts seraient une plastique toujours juvénile et des performances sexuelles toujours au top. Tout cela est peu intellectualisé, puisque chez Dupieux, nous sommes toujours dans la comédie ; foutraque et très écrite, les dialogues sont savoureux. Cette réflexion sur l’âge et l’usure du couple, peu frontale, a le mérite de l’originalité.
La limite de la filmographie de Dupieux, film après film, est de ne pas exploiter jusqu’au bout ses idées incroyables. Le gars ne manque pas d’idées tordues mais a du mal à les concrétiser pour tenir tout un long métrage… même de 1h15. A mi-parcours ici, comme à son habitude, le film peine à trouver un second souffle après un départ tonitruant. Le passage en ellipses vives et sans paroles pour accélérer le tempo de son film devrait permettre un rebond scénaristique alors que ce passage est en fait la conclusion. Désarçonnant et symbole d’une certaine fainéantise d’écriture. Dommage, on aurait voir un film plus abouti.
Sorti en 2022
Ma note : 14/20