(Critique - avec spoilers - de la saison 1)
Après Netflix qui semble avoir dépassé ce stade il y a quelques temps désormais, Paramount + et ses séries qualitatives mais surtout Prime Video et ses séries... et ses séries, surfent sans trembler sur le " cinéma de papa " où pour le dire moins vulgairement, vers une production résolument plus régressive et musclée, que ce soit dans leurs acquisitions pas toujours heureuses, où les shows qu'elles développent à une vitesse astronomique.
S'il est facile de trouver son petit plaisir avec des séries telles que Bosch (une merveille) où des petites bisseries qui s'assument comme telles (Jack Ryan mais surtout Reacher), toutes basées d'un panel de romans aux succès éprouvés, compliqué en revanche de retirer la moindre parcelle de jouissance musclée de l'adaptation du bouquin éponyme de Jake Carr (ex-Navy SEAL à la vision du monde très conservatrice), The Terminal List.
Copyright 2022 Amazon Prime Video
Étirant péniblement en longueur 400 pages d'intrigue sur un tout petit peu moins de huit heures de show qui en paraissent - au moins - le triple, dont le seul semblant d'énergie est distillé par un Antoine Fuqua boostant comme il peut l'épisode pilote, The Terminal List se fait un revenge triller terne et monotone sous fond de complotisme et de trahison institutionnelle (quoi, les grandes institutions américaines manipulent la vérité ?), porté par un Chris Pratt expurgé de son aura cool relative (et qui au fond, se sera éteinte dès le premier opus des Gardiens de la Galaxie) et absolument pas crédible en machine à tuer implacable et mutique tout droit sortie des 70s.
Une erreur de casting qui se ressent même du côté de Constance Wu en tant que journaliste pugnace mais qui ne donne jamais vraiment corps à son interprétation, tellement que l'on se prête très vite à imaginer ce que donnerait la série si le tandem laissait sa place aux deux seconds couteaux de poids du casting - Taylor Kitsch et Riley Keough.
Seul Jai Courtney surnage, prouvant depuis Jolt - déjà sur Prime Video - qu'il assume totalement son statut de cachetonneur extrême dans la peau de crevures imbuvables.
Copyright 2022 Amazon Prime Video
Reste, il est vrai dans ce marasme décevant et chaotique, quelques solides moments d'action brutale qui viennent offrir un petit sursaut d'immédiateté au coeur d'une narration creuse et au ton obstinément bidimensionnel.
De la télévision anecdotique et fastidieuse donc, comme on en voit assez (trop) souvent sur les plate-formes/fast food chaque année.
Rendez-nous Reacher...
Jonathan Chevrier