[CRITIQUE] : Ennio

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Giuseppe Tornatore
Avec : Ennio Morricone, Giuseppe Tornatore, Bernardo Bertolucci, Giuliano Montaldo, Marco Bellocchio, Dario Argento, …
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Italien.
Durée : 2h36min
Synopsis :
A l’âge de 8 ans, Ennio Morricone rêve de devenir médecin. Mais son père décide qu’il sera trompettiste, comme lui. Du conservatoire de musique à l’Oscar du meilleur compositeur, l’itinéraire d’un des plus grands musiciens du 20ème siècle.


Critique :

Avec #Ennio, Tornatore place son admiration au coeur de ses intentions, composant une symphonie faîtes d'onomatopées, de notes fredonnées avec respect et amour pour faire revivre à l'écran le maestro Morricone, dont la maestria est gravée à jamais dans l'immortalité du 7ème art. pic.twitter.com/7kpKc7uw4u

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 6, 2022

Cela peut paraître d'une évidence absurde que de le rappeler dès les premières lignes de ce billet, mais il ne faut jamais sous-estimer l'importance d'une bande sonore dans l'hypothétique succès - où non - d'une oeuvre tant elle est, à part entière, intrinsèquement liée aux souvenirs même de ce que l'on peut garder de celle-ci.
En ce sens, feu Ennio Morricone fait assurément (seconde évidence absurde) parti des plus grands, maestro d'un septième art qui n'aurait sans doute pas été le même sans son imposant talent, un orfèvre anticonformiste en quête constante de la note, d'une pensée, du ton parfait, une méticulosité créative en proie au doute qui n'aura fait que renforcer la puissance de son mythe, auquel le cinéaste - et ami du compositeur - Giuseppe Tornatore tente modestement et amoureusement, de rendre hommage à travers son foisonnant et passionnant documentaire Ennio.
Si Morricone occupe une place privilégiée dans le coeur des cinéphiles et au sein même du septième art (quoiqu'on en dise, il est un artisan majeur du nouveau cinéma italien, au même titre que les illustres cinéastes avec qui il a collaboré), c'est parce que, à l'instar de John Williams, ses compositions musicales ont une nature musico-filmique dotée d'une composante narrative fondamentale à tous les films dans lesquelles elles s'imbriquent.

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C'est dans l'énigme même de son processus créatif que le cinéaste nous plonge, un monde emprunt de doute, de peur face au syndrome de la page blanche mais aussi de ce sentiment viscéral de devoir inlassablement écrire, développer et triturer une idée jusqu'à ce que l'on trouve la recette exacte et précise de la composition musicale.
Tout Ennio doit se voir et se comprendre comme une évasion dans les abysses de son talent, conçu à la fois comme un hommage sincère mais aussi un songe fantastique qui cherche, vainement (car la magie ne s'explique pas, elle se ressent et se vit) à décoder l'alchimie qui vibrait en lui et son art.
Rythmé par le tempo du métronome (et des interventions extérieures sans doute trop nombreuses pour son bien), le documentaire se veut aussi bien au plus près d'une routine d'exercice faîtes de gestes subtils et enchanteurs, que littéralement aux confins de la folie scénique, culminant à un plan final bouleversant - le regard de Morricone en gros plan, face caméra.
Avec Ennio, Tornatore place son admiration et ses souvenirs au coeur de ses intentions, composant une symphonie faîtes d'onomatopées, de notes fredonnées avec respect et amour pour faire revivre une poignée d'instants fugaces à l'écran, le maître des maîtres, lui dont la maestria est gravée à jamais dans l'immortalité du septième art.
Une vie de cinéma condensée en deux heures et demie bien trop courtes, sur un génie unique et irremplaçable.
Jonathan Chevrier