Voici un projet qui était plus ou moins dans les cartons depuis des années, soit se faire rencontrer deux des extraterrestres les plus mythiques du Septième Art, soit le xénomorphe de la saga "Alien" (1979-1997) initié par Ridley Scott, et le chasseur ultime de la franchise "Predator" (1987-1991) initié par John McTiernan. Pour comprendre cette logique, rappelons d'abord qu'un clin d'oeil malin surgissait à la fin de "Predator 2" (1991) de Stephen Hopkins, puis ensuite la maison d'édition Dark Horse Comics a publié en 1989 une bande dessinée où les deux monstres s'affrontaient. Précisons que les deux monstres ont ensuite pu rencontrer via les comics d'autres personnages cultes comme Terminator ou Robocop, mais surtout cette idée fut reprise également par de nombreux jeux vidéos. Pourtant Ridley Scott et James Cameron, deux légendes qui ont ouvert la voie aux "Alien" étaient en discussion pour un "Alien 5" avec l'idée de "retourner où les créatures alien ont été trouvées pour la première fois et d'expliquer comment elles ont été créées" dixit Ridley Scott qui, d'ailleurs, reprendra cette idée pour les futurs "Prometheus" (2012) et "Alien : Covenant" (2017). Mais en parallèle la 20th Century Fox voyait un potentiel plus lucratif en faisant se rencontrer les deux E.T., ce qui a poussé James Cameron a quitté le navire déclarant que ce projet allait "tuer la validité de la franchise (...) Pour moi, c'est comme Frankenstein rencontre le Loup-Garou." La Fox poursuit et choisit comme réalisateur-scénariste Paul W.S. Anderson, auquel on doit les navrants "Mortal Kombat" (1995) et "Event Horizon, le Vaisseau de l'Au-delà" (1997) mais qui vient surtout de cartonner en salle en lançant une autre franchise adaptée d'un jeu vidéo avec "Resident Evil" (2002). Le cinéaste signe en solo le film, en reprenant donc les personnages écrit par Dan O'Bannon et Ronald Shusett pour "Alien", et Jim et John Thomas pour "Predator"... Des chercheurs remarquent une mystérieuse source de chaleur sur une banquise normalement déserte de l'Antarctique. Inhabituel et anormal cette onde de chaleur doit avoir une raison, elle proviendrait d'une pyramide souterraine enfouie sous la glace depuis des millénaires. Une course contre la montre s'engage donc, et c'est le milliardaire Charles Bishop Weyland qui l'expédition via sa société en mettant tous les moyens nécessaires. Sur place, l'équipe mêlant mercenaires et scientifiques explorent donc les lieux mais très vite ils s'aperçoivent qu'ils ne sont pas seuls...
Charles Bishop Weyland est incarné par Lance Henriksen, grands seconds rôles du cinéma américain de "Un Après-Midi de Chien" (1975) de Sidney Lumet à "Falling" (2020) de et avec Viggo Mortensen en passant par "Terminator" (1984) de James Cameron et "Mort ou Vif" (1995) de Sam Raimi il revient surtout après avoir été un droïde dans "Aliens" (1986) de James Cameron et "Alien 3" de David Fincher. Le rôle principal reste celui de la guide incarnée par Sanaa Lathan vue dans "Blade" (1998) de Stephen Norrington et "Out of Time" (2004) de Carl Franklin et plus récemment dans "Contagion" (2011) de Steven Soderbergh ou "American Assassin" (2017) de Michael Cuesta. Parmi les autres membres de l'équipe, il y a les scientifiques interprétés par Raoul Bova, acteur italien méconnu aperçu dans "La Fenêtre d'en-face" (2003) de Ferzan Özpetek puis plus tard dans "Baaria" (2009) de Giuseppe Tornatore ou "Rendez-vous sur la Lune" (2015) de Paolo Genovese, puis Ewen Bremner révélation inénarrable de "Trainspotting" (1996) de Danny Boyle vu depuis dans la suite "Trainspotting 2" (2017) de Danny Boyle ainsi que récemment dans "Wonder Woman" (2017) de Patty Jenkins et "First Cow" (2019) de Kelly Reichardt. Parmi les mercenaires citons Colin Salmon qui retrouve le réalisateur après "Resident Evil" (2002), mais alors surtout remarqué chez 007 dans les trois derniers films avec Pierce Brosnan, et plus récemment vu dans "Mortal Engines" (2018) de Christian Rivers et "Nobody" (2021) de Ilya Naishuller, Tommy Flanagan second couteau abonné aux rôles de méchants dont la gueule singulière a écumé les pellicules de "Braveheart" (1995) de et avec Mel Gibson, "Mise à prix" (2007) de Joe Carnahan ou plus récemment "La Balade de Lefty Brown" (2017) de Jared Moshé et "Papillon" (2017) de Michael Noer, et enfin la frenchy Agathe de La Boulaye aperçue dans "Jefferson à Paris" (1994) de James Ivory, "Irène" (2002) de Ivan Calbérac ou dernièrement "Aline" (2021) de et avec Valérie Lemercier. N'oublions pas Ian Whyte géant de 2m16 qui incarne les Predators succédant au défunt Kevin Peter Hall, qui reviendra dans le rôle de l'Ingénieur pour "Prometheus" (2012)... Pour l'anecdote, Arnold Schwarzenegger, star du "Predator" (1987) de John McTiernan avait proposé de faire un caméo, mais finalement cela n'a pu se faire quand l'acteur est devenu gouverneur de Californie. Le début met un peu de temps à se mettre en place, trop de tergiversations et surtout trop en mode recrutement. Mais surtout on remarque quelques stupidités ou maladresses narratives comme le fait qu'une expédition scientifique soit composée de mercenaires armés (il aurait alors fallu savoir qu'il y avait un réel danger militaire ?!), plus bête encore la présence de cette fausse neige grossière ou l'absence de buée malgré le froid évident, et enfin il semble que les Predator soit des chasseurs sous canicule comment expliquer le risque de venir sous des températures extrêmes et négatives ?!
Le début est donc laborieux et poussif qui ne promet rien de très bon. Mais on reste parti pris tant le face à face fait saliver, tant on espère tout de même un minimum de scènes marquantes et/ou icôniques. Les Aliens sont toujours aussi terrifiants et létales, les Predators toujours aussi hideux qu'efficaces. Les combats sont prenants mais restent filmés à la hache, peu de vue d'ensemble et de fluidité, trop clippesques et découpés on reste un peu frustré. Mais surtout on constate de nombreuses incohérences, comme l'acide sanguin des aliens qui n'agit pas toujours à bon escient ou, pire, la mère alien qui tue un porteur ?! Plus en détail on sourit lorsque l'héroïne se retrouve en débardeur tranquille à -50°c ou quand un alien est dépecé sans être inquiété (encore) par l'acide. Par contre on apprécie les nombreux clins d'oeil et autres références aux films précédents avec pêle-mêle le petit oiseau mobile qui picore ou la chambre des sacrifices disposée comme les caissons de sommeil qui renvoient à "Alien" (1979), Weyland qui joue avec son stylo comme son clône futur joue avec un couteau dans "Aliens" (1986), le motif central de la même chambre des sacrifices qui renvoie au logo de "Alien 3" (1992) et plus ironique un technicien qui regarde le film "Frankenstein rencontre le Loup-Garou" (1943) de Roy William Neill se moquant ainsi gentiment de James Cameron. Plus anecdotique, Lance Henriksen devient le seul au monde avec l'acteur Bill Paxton à avoir été victime des trois monstres Terminator, Alien et Predator. En conclusion, un film bancal, maladroit, prétentieux au vu du potentiel, Paul W.S. Anderson n'ayant clairement pas les épaules pour un tel projet, il en a fait une série B truffée d'erreurs qui ne surnage que par l'effet icônique du face à face ultime ce qui donne un simple péché mignon cinéphage. Ne demandons pas plus, il n'y a pas plus... d'où une note généreuse.
Note :
09/20Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :
11/20