Aliens VS Predator - Requiem (2007) de Colin et Greg Strause

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après le très relatif succès de "Alien VS Predator" (2004) de Paul W.S. Anderson voici donc la suite attendue du duel au Panthéon des extraterrestres. On remarque que les producteurs ne sont pas très confiant, car cette fois le budget est seulement de 40 millions de dollars ce qui est très peu vis à vis du projet et vis à vis des 60 millions de "Alien VS Predator" qui avait amassé tout de même plus de 177 millions au box-office mondial. Idem pour la confiance au réalisateur puisqu'il est remplacé par des novices, Colin et Greg Strause qui signe donc là leur première réalisation après avoir assis une réputation solide et reconnue dans les effets spéciaux avec leur société Hydraulx. Ils ont ainsi travaillé sur les effets spéciaux de films comme "Terminator 3" (2003) de Jonathan Mostow, "Poseidon" (2006) de Wolfgang Petersen,  "300" (2006) de Zack Snyder, et qui réaliseront ensuite leur second film "Skyline" (2010) avant de se focaliser sur leur spécialité pour d'autres, avec plus tard les films "Midnight Special" (2016) de Jeff Nichols, "X-Men : Apocalypse" (2016) de Bryan Singer ou encore "Geostorm" (2017) de Dean Devlin. Pour leur premier film en tant que réalisateur, les deux frères Strause porte à l'écran un scénario signé de Shane Salerno qui était déjà sur le précédent opus, avant lequel il avait écrit pour les films "Armageddon" (1998) de Michael Bay et "Shaft" (2000) de John Singleton. Le film connaîtra un succès encore plus mitigé engrangeant à peine 130 millions de dollars au  box-office Monde... Après le départ de la Terre des Predators au bord de leur vaisseau, il sont peu de temps après tous tués par un Alien qui était en gestation dans le cadavre d'un des leurs. Tandis qu'un alien dans un Predator a donné naissance à un être hybride, le Predalien, le massacre a fait s'écraser le vaisseau dans proche d'une petite ville des Etats-Unis. Alors que le Predalien investit la petite ville d'autres Aliens, un Prédator est envoyé afin de les tuer et d'effacer les traces de leur passage.

En pleine cohérence avec la méfiance évidente des producteurs, le casting est à l'image du petit budget puisqu'il n'y a aucune star au générique, aucun acteur bankable. Le plus connu est l'acteur qui joue le shérif, John Ortiz particulièrement remarqué dans les polars de "L'Impasse" (1993) de Brian De Palma à "Peppermint" (2018) de Pierre Morel en passant par "Narc" (2002) de Joe Carnahan, "Miami Vice" (2006) et "Public Enemies" (2009) tous deux de Michael Mann. La plupart des autres acteurs du film ont surtout joué dans diverses séries TV ou joué essentiellement des seconds voir troisièmes rôles au cinéma. Les rôles principaux sont tenus par Steven Pasquale surtout vu dans les séries TV "Rescue Me" (2004-2011), et plus tard "The Good Wife" (2014-2015) et "Bloodline" (2015-2016), Reiko Aylesworth vu au cinéma la même année dans "Mr. Brooks" (2007) de Bruce A. Evans et qui continuera avec discrétion dans des séries TV comme "24 Heures Chrono" (2004-2006) ou "Hawaii 5-0" (2011-2014), Johnny Lewis vu ensuite dans "Felon" (2008) de Ric Roman Waugh et "The Runaways" (2010) de Floria Sigismondi avant de mourir dans une affaire sordide en 2012, Kristen Hager aperçue ensuite dans "I'm Not There" (2007) de Todd Haynes, "Wanted : Choisis ton Destin" (2008) de Timur Bekmambetov et "Life" (2015) de Anton Corbijn, Robert Joy gueule spécialiste des seconds rôles de "Ragtime" (1981) de Milos Forman à "Don't Look Up" (2021) de Adam McKay en passant par "Waterworld" (1995) de et avec Kevin Costner et "La Colline a des Yeux" (2006) de Alexandre Aja, puis enfin Ian Whyte qui incarne le Predator Wolf après avoir été derrière les costumes des Predators dans la film précédent et avant d'incarner de nombreux autres créatures et notamment le dernier Ingénieur dans "Prometheus" (2012) de Ridley Scott... On sourit dès le dossier de presse, où les cinéastes osent : "Qu'est-ce qui est le plus effrayant, des Aliens et des Predators, à des milliers de kilomètres de toute civilisation comme dans le premier film, ou se dire qu'ils sont là, tapis dans une ruelle sombre, à attendre de vous sauter dessus ? Dans cet environnement urbain, leur combat va prendre une toute autre dimension. La peur qu'on éprouve devient absolument et totalement primitive, et d'autant plus forte." Les Strause ont dû oublier un certain "Predator 2" (1991) de Stephen Hopkins !

Et pourtant, ils n'ont pas oublié les autres films puisque comme le "Alien VS Predator" on s'amuse à retrouver tous les clins d'oeil et références aux deux franchises comme par exemple la tagline "Sur Terre, tout le monde vous entend crier", l'apparition d'un Space Jokey, le héros qui se nomme Dallas, le Predator qui s'arme à la façon d'un Dutch/Schwarzenegger, et sans doute le plus subtil avec une certaine Mme Yutani... On est séduit par d'autres idées reprises, dont le fait que les cris des Aliens soient repris et remasterisés d'après "Aliens" (1986) de James Cameron. A contrario on s'agace encore des incohérences et actions illogiques concernant les deux créatures, ainsi l'acide des aliens est une nouvelle fois actif de façon aléatoire dont une scène en particulier où le héros devrait se prendre carrément une douche ! Si on a changé de réalisateur, on s'aperçoit que les scènes de luttes entre les deux E.T. sont une nouvelle fois très découpées, empêchant toute fluidité et ou vue d'ensemble qui permettrait de profiter vraiment d'un combat dantesque, du moins espéré. Le film est de plus assez sombre, mal éclairé ce qui rend le film flou et peu lisible, d'où une frustration quant au Predalien (voulu à 80% Alien 20% Predator) qui reste très et trop effacé. Par contre, le film va plus loin dans l'horreur pure touchant à l'intimité et au tabou de la maternité et des jeunes enfants qui ne sont pas oubliés ici par les prédateurs. Les frères Strause signent un premier film tout aussi bancal que le précédent, qui repose sur un Predalien finalement anecdotique, qui reprend même trop de passages copiés-collés sous couvert d'hommage plus ou moins assumés. Seul le face à face sauve le film qui devient un simple péché mignon un peu honteux.

Note :      

09/20