Un grand merci à Doriane Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Partenaires » de Claude D’Anna.
« Je n’ai pas mangé le texte. Je n’ai pas assez d’appétit pour ça »
Dans les coulisses et les loges du théâtre où se joue la énième représentation d’une pièce à succès, se déroule une comédie dramatique Une actrice célèbre, Marion Wormser, développe des rapports tumultueux avec son partenaire et mari, grand comédien devenu acteur de second plan, Gabriel Gallien. Gabriel, amer et lucide, reproche à son épouse d’avoir abandonné une carrière classique pour ne plus se consacrer qu’au boulevard, et de vouloir ignorer un évènement qui les a déchirés tous deux, et que Marion veut oublier.
« Les gens qui réussissent sans talent sont toujours un peu dépaysés »
Personnalité atypique du monde du spectacle, Claude D’Anna mène tout d’abord une carrière de réalisateur pour le cinéma. Remarqué ainsi dès son premier long-métrage (« La mort trouble », 1970), il enchainera ensuite une série de films marqués par une dimension psychanalytique assez prégnante (« La pente douce », « Trompe l’œil ») avant de connaitre un échec marquant du thriller politico-économique « L’ordre et la sécurité du monde » (1978) et ce en dépit d’un casting quatre étoiles (Bruno Cremer, Gabriel Ferzetti, Donald Pleasence, Dennis Hopper, Joseph Cotten…). Evoluant volontiers en marge du système, la carrière cinématographique de D’Anna s’essouffle ainsi progressivement jusqu’au milieu des années 90. Après quoi il délaissera le grand écran pour la télévision et, surtout, au théâtre, à l’écriture et à la mise en scène d’opéras, son autre grande passion.
« ça doit pas être drôle de faire rire tous les soirs »
Réalisé en 1984, « Partenaires » (le sixième des dix longs-métrages qui composent sa filmographie) nous plonge dans les coulisses du monde du théâtre et plus particulièrement des acteurs. Là, en pleine représentation d’un vaudeville à succès, une célèbre actrice – égérie des planches parisiennes – reçoit dans sa loge la visite impromptue de son ex-mari, lui-même acteur. Bien que désormais séparés, ils restent néanmoins unis par une passion commune et, surtout, par un drame commun (la perte d’un enfant). Tout le sel du scénario reposant alors sur la construction subtile du récit, élaborée sur la base d’une mise en abyme (la pièce de théâtre dans le théâtre) et articulée autour de la dichotomie entre la comédie qui se joue sur scène et le drame qui se déroule côté coulisses. Un drame à huis-clos volontiers psychologique et tout en retenu, dans lequel les deux principaux protagonistes montrent des caractères très antagonistes : l’héroïne faisant preuve d’une incroyable résilience tandis que son ex-mari se révèle beaucoup plus désabusé et taciturne. Le tout se déroulant au milieu du va-et-vient des autres acteurs, du metteur en scène et des personnels du théâtre dont les préoccupations, souvent matérielles ou bassement futiles, tranchent avec la teneur dramatique des échanges des deux héros. Avec « Partenaires », D’Anna tente là de saisir la quintessence même du métier de comédien, à savoir cette forme de lâcher prise et d’abandon en faisant, le temps du show du moins, abstraction des drames qui se déroulent autour d’eux. Si le film bénéficie d’une qualité d’écriture remarquable et de la qualité immense de ses interprètes (Nicole Garcia, Jean-Pierre Marielle, Michel Galabru, Michel Duchossoy), il souffre paradoxalement de son formalisme très théâtral (voulu par le cinéaste), qui lui donne un aspect rigide et empesé. Et ce d’autant plus que les enjeux dramatiques restent assez réduits. Un drame subtil et touchant, mais tout de même un peu bavard et atone.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale française (1.0). Aucun sous-titrage spécifique n’est proposé.
Côté bonus, le film est accompagné de deux courts-métrages de Claude D’Anna : « Rappels » et « La théorie des cordes ».
Édité par Doriane Films, « Partenaires » est disponible en DVD depuis le 31 janvier 2022.
Le site Internet de Doriane Films est ici. Sa page Facebook est ici.