[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #169. Raw Deal

Par Fuckcinephiles

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Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !


#169. Le Contrat de John Irvin (1986)
Sortie dans la foulée du pétaradant et jouissif Commando de Mark L. Lester, dont il reprend peu ou prou le même héros invincible à la profondeur taillée à la serpe (un clone de John Matrix, ex-membre du FBI injustement déclassé en shérif, qui se voit offrir une chance de revenir au bercail en liquidant un cartel de la drogue à Chicago, pour venger la mort du fils de son ancien boss/mentor) ainsi que le final jubilatoire - sous fond de Satisfaction des Stones - où le bonhomme tue tout ce qui se présente sur sa route; Raw Deal aka Le Contrat de John Irvin ne fait clairement pas dans la dentelle, que ce soit via une affiche mémorable, où Schwarzenegger montre les muscles avec un débardeur blanc qu'allait lui piquer John McClane quelques années plus tard (et c'est punchline de la mort reprise par Les Inconnus dans le sketch Jésus II, Le Retour : " Pour sauver sa peau, il doit d'abord mourir "), où un premier quart-d'heure musclé (une fusillade avec l'assassinat d'un témoin, une course poursuite dans une scierie et même une engueulade conjugale avec jet de gâteau au chocolat !).

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Jouant constamment avec la crédulité de son auditoire (comment Schwarzy, avec son fort accent autrichien, pourrait infiltrer l'échelon supérieur de la mafia italienne et devenir un élément de confiance en deux temps, trois mouvements ?), tout autant qu'il déroule avec une assurance rare une intrigue prétexte se rêvant autant polar d'infiltration qu'actionner décérébré; le film surfe de manière délibérée autant sur un aspect cartoonesque de la violence (autodérision en prime) que sur l'esprit " Cannon " de l'époque et son apologie totalement décomplexée de la loi du Talion (difficile de ne pas voir, après Commando qui était une réponse à Rambo 2, Raw Deal comme un pied de nez au Cobra de Stallone, annoncé plus tôt et sortie quelques semaines avant), parsemé de gueules phares de la série B burnée de l'époque - Paul Shenar, Robert Davi, Ed Lauter, Joe Regalbuto,...
Mis en boîte de manière fonctionnelle et porté par un Schwarzy peu concerné (il s'est rattaché au projet à la condition que son contrat le liant avec papy Dino de Laurentiis, soit annulé), Le Contrat n'en reste pas moins divertissant, moins indéfendable qu'un Kalidor mais plus paresseux qu'un Commando.
Reste que voir l'éternel T-800 déboiter du mafieux en costard et cigare en bouche comme s'il était le rejeton mal luné de Bud Spencer, ça vaut gentiment son pesant de pop-corn une soirée de galère intense.
Jonathan Chevrier