Un grand merci à Éléphant Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La vie facile » de Mitchell Leisen.
« J’ai mis vingt ans à réaliser que j’étais le père d’un papillon ! »
Mary Smith mène une vie des plus mornes. Son quotidien va se retrouver bouleversé lorsqu’elle reçoit littéralement sur les épaules un manteau de fourrure, jeté par J.B. Ball, riche banquier, fatigué du train de vie de sa famille. En essayant de rendre le manteau, de multiples malentendus amèneront les gens à penser qu’elle est la maitresse de Ball…
« J’ai l’âge de me débrouiller tout seul »
De tous les cinéastes de l’âge d’or hollywoodien, Mitchell Leisen est sans doute celui qui aura eu le parcours le plus atypique. En effet, s’il intègre l’industrie cinématographique au début des années 20, il se spécialise très vite dans les métiers de costumier puis de décorateur, qui lui valent de travailler avec les plus grands réalisateurs de l’époque : Allan Dwan (« Robin des bois », 1922), Ernst Lubitsch (« Rosita », 1923) ou encore Raoul Walsh (« Le voleur de Bagdad », 1924). Mais c’est surtout sa longue et fructueuse collaboration avec Cecil B. DeMille (« L’empreinte du passé », « Le mari de l’indienne », « Le signe de la croix », « Cléopâtre ») qui sera décisive. Ce dernier lui met ainsi le pied à l’étrier en le prenant comme assistant réalisateur sur « Le signe de la croix » en 1932, avant que la Paramount ne finisse par le promouvoir en qualité de réalisateur l’année suivante. S’en suivra une carrière longue d’un quart de siècle, marquée par des films d’aventures, quelques mélodrames (« Par la porte d’or ») et une palanquée de comédies plus ou moins loufoques écrites par quelques-uns des scénaristes les plus doués du moment, comme Billy Wilder (« La baronne de minuit », « Eveille-toi mon amour ») ou Preston Sturges (« L’aventure d’une nuit »). Ce dernier écrit également le scénario de « La vie facile » (1937), d’après un roman de Vera Caspary, qui restera comme l’un des sommets de la filmographie du cinéaste.
« La suite impériale à un dollar par jour petits-déjeuners compris passe encore… Mais me faire croire que vous ne connaissez pas M. Ball, stop ! »
En Amérique comme ailleurs, « La vie facile » est avant tout une forme de privilège réservée à une petite minorité. Et pour cause, elle est synonyme d’opulence et de richesse qui permettent de pouvoir vivre largement et de dépenser sans compter. Un véritable luxe, surtout en ces temps troublés de crise économique et de grande dépression. Mais en Amérique comme ailleurs, les apparences sont parfois trompeuses. Et parfois suffit-il d’un coup de pouce du destin pour réussir à se faire passer pour ce qu’on n’est pas. Parce qu’elle hérite par hasard d’un manteau de zibeline haut-de-gamme jeté par la fenêtre par un riche banquier en colère, une jeune femme de condition modeste se voit ainsi ouvrir les portes d’un monde fastueux qui lui était jusqu’alors interdit. Avec ce que cela comporte d’aléas. Surfant sur la vague des « screwball comedy » - littéralement comédies loufoques, alors très populaires – Mitchell Leisen signe un petit bijou de comédie romantique articulée autour de nombreux quiproquos aussi absurdes qu’hilarants. Mais « La vie facile » brille surtout par ce qu’il dit, en filigrane et de manière très mordante, du contexte socio-économique de cette Amérique frappée de plein fouet par la crise. En effet, entre deux crises de panique chez les puissants de ce monde apeurés par l’idée de perdre leur fortune, il pointe les inégalités et les injustices de la société américaine entre ceux qui ont trop et ceux qui n’ont rien, pas même un sou pour pouvoir manger. Ceux qui jettent des manteaux de fourrure par les fenêtres ou jouissent de salles de bain au luxe démesuré, et ceux qui se battent dans les cantines bons marchés pour tenter de resquiller un plat. « La vie facile » dénonce aussi un monde de dominations, l’héroïne n’obtenant des faveurs que parce qu’on la croit la maitresse d’un puissant banquier. Ce qui ne l’empêchera pas de tomber amoureuse de son fils, bien plus léger que son père. Dans tous les cas, la dimension presque transgressive du propos est toujours désamorcée par un gag burlesque ou par une réplique bien sentie. C’est d’ailleurs sans doute ce qui fait la force de ce film. Portée par le charme irrésistible de Jean Arthur et Ray Milland, « La vie facile » reste un délice de comédie.
****
Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master restauré en Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une Présentation signée Olivier Père ainsi que de bandes-annonces.
Édité par Éléphant Films, « La vie facile » est disponible en combo blu-ray + DVD ainsi qu’en édition DVD simple depuis le 25 janvier 2022. Il est également disponible en édition blu-ray simple depuis le 19 avril 2022.
Le site Internet d’Eléphant Films est ici. Sa page Facebook est ici.