79ème Mostra d’Arte Cinematografica – La Biennale Cinema (Venise, Italie)
– du 31 août au 10 septembre 2022 –
Le lion n’est pas le roi des animaux pour rien. En témoigne le programme royal concocté par les sélectionneurs de la 79ème Mostra de Venise, qui regorge de grands noms du 7ème Art, mais aussi de jeunes talents prometteurs.
Noah Baumbach fera l’ouverture avec White noise, adaptation du roman de Don DeLillo, avec Adam Driver et Greta Gerwig. En compétition, il retrouvera Blonde, adaptation du roman de Joyce Carol Oates par Andrew Dominik, avec la sublime Ana de Armas dans la peau de Marilyn Monroe, mais aussi Tar, le nouveau film de Todd Field, qui n’a pas sorti de film depuis Little children, il y a plus de quinze ans. Le cinéaste viendra sans doute accompagné de ses actrices Cate Blanchett, Noémie Merlant et Nina Hoss.
Les cinéphiles pourront également découvrir le nouveau film de Koji Fukada, Love life, deux ans après son diptyque Suis-moi, je te fuis / Fuis-moi, je te suis, qui ont fait partie des malheureux films sélectionnés au festival de Cannes 2020, annulé pour cause de COVID-21. Ou encore The eternal daughter de Joanna Hogg, qui est attendue après le beau succès critique de son diptyque (encore) The souvenir/The souvenir part II. La présence de Tilda Swinton comme actrice principale sera également une source d’attraction pour le public vénitien, qui adore cette actrice talentueuse, aux choix de carrière éclectiques.
Ricardo Darin est souvent, lui aussi, l’un des chouchous des cinéphiles. Il retrouve le réalisateur Santiago Mitre dans Argentina, 1985 pour raconter l’histoire de deux procureurs essayant de faire condamner les principaux artisans de la dictature militaire qui a confisqué le pouvoir de la fin des années 1970 au début des années 1980.
Darren Aronofsky, qui a déjà gagné un Lion d’Or pour The Wrestler, fera partie des poids lourds de cette compétition avec The Whale, adaptation d’une pièce de Samuel D.Hunter qui a pour personnage central un homme obèse et dépressif. Les spectateurs observeront avec curiosité la performance de Brendan Fraser dans ce rôle très éloigné de ceux qu’il a pu tenir par le passé à Hollywood. Alejandro Gonzalez Inarritu sera aussi l’une des attractions du festival avec Bardo, falsa crónica de unas cuantas verdades, film-fleuve de près de trois heures qui nous emmène en voyage au Mexique et dans les tréfonds de l’âme humaine. Autre film très attendu, The Banshees of Inisherin The Banshees of Inisherin, le nouveau long-métrage de Martin McDonagh. Le cinéaste réunit à nouveau, après Bons baisers de Bruges, le duo Brendan Gleeson/Colin Farrell.
Autre habitué du Lido, avec ses documentaires long-format, Frederick Wiseman fait cette fois-ci très court (un peu plus d’une heure) et se lance dans une fiction, issue de sa collaboration avec l’actrice française Nathalie Boutefeu.
Pour le documentaire, c’est Laura Poitras qui s’y colle, avec un portrait de l’activiste et artiste Nan Goldin, All the Beauty and the bloodshed.
Florian Zeller, après le succès de The Father, propose de découvrir The Son, avec en vedette Hugh Jackman. En attendant le troisième volet de la trilogie, The Holy Spirit? Hum… Désolé…
La délégation locale a fière allure, avec Gianni Amelio (Il Signore delle formiche), L’immensità d’Emmanuelle Crialese, avec Penelope Cruz en vedette, et surtout Luca Guadagnino qui retrouve Timothée Chalamet pour Bones and all, cinq ans après Call me by your name. Elle compte aussi dans ses rangs Susanna Nicchiarelli qui, après les portraits de Nico et d’Eleanor Marx, propose celui d’une autre icône, Chiara ou Sainte Claire d’Assise (finalement, le Saint Esprit n’est pas si loin…). Andrea Pallaoro, de son côté, propose de rencontrer Monica, une femme qui retrouve sa famille après des années d’absence et se confronte aux blessures de son passé.
Côté français, nous attendrons beaucoup de Les Enfants des autres de Rebbeca Zlotowski, avec Virginie Efira, Chiara Mastroianni et Roschdy Zem, qui sera aussi en compétition avec Les Miens, en tant qu’acteur et réalisateur.
Si Romain Gavras ne nous avait pas totalement convaincus avec ses deux précédents longs-métrages, nous découvrirons avec curiosité son Athena sorte de film noir construit comme une tragédie grecque.
Alice Diop, dont le Saint Omer arrive sur le Lido avec d’excellents premiers échos, cherchera à créer la surprise, comme Audrey Diwan l’an passé avec L’évènement.
La surprise viendra peut-être aussi de l’iranien Vahid Jalilvand. Il découvre la compétition officielle avec Shab, Dakheli, Divar, mais n’est pas inconnu des festivaliers de la Biennale puisqu’il avait remporté le prix du meilleur réalisateur pour Cas de conscience dans la section Orrizonti en 2018. Si le nom du cinéaste iranien n’est pas encore très connu des cinéphiles, celui de son compatriote Jafar Panahi l’est un peu plus, grâce aux prix de prestige qu’il a glanés (Caméra d’Or à Cannes, Ours d’Or à Berlin, Lion d’Or à Venise pour Le Cercle, plus quelques autres récompenses obtenues dans de grands festivals) mais aussi, hélas, à cause de ses déboires politico-judiciaires avec les autorités iraniennes, qui viennent à nouveau de l’incarcérer à cause de ses positions hostiles au régime en place à Téhéran. Son nouveau film, Kehrs nist sera lui aussi présenté en compétition.
Voilà pour les films en compétition, que le jury présidé par Julianne Moore aura la lourde tâche de départager en fin de festival.
Hors compétition, les festivaliers pourront découvrir le nouveau Lav Diaz (When the waves are gone, un court-métrage de 3h) et les nouvelles réalisation d’Oliver Hermanus (Living, avec Bill Nighy), Paolo Virzi (Siccità), Ti West (Pearl, le prequel du slasher X), Walter Hill (Dead for a dollar), Paul Schrader (Master gardener).
L’un des films les plus demandés sera probablement Don’t worry darling, avec Florence Pugh et Harry Styles. Emeute attendue sur le Lido, mais du calme, mesdemoiselles (et messieurs), sa compagne sera également du voyage puisqu’il s’agit de la réalisatrice du film, Olivia Wilde. A titre personnel, vous pouvez garder Harry, je n’aurai d’yeux que pour ceux d’Olivia…
Le dernier film du regretté Kim Ki-duk, Call of God, sera également projeté durant la quinzaine vénitienne. L’appel de Dieu, la Pape François l’a entendu et le documentaire de Gianfranco Rosi nous propose de passer quelques minutes avec le souverain pontife, le temps d’un voyage (In viaggio).
Voilà pour la partie “Paradis”. Côté “Enfer”, les cinéastes ukrainiens se chargeront de rappeler qu’à quelques d’heures de vol de l’Italie, leur pays est en pleine tourmente. Evgeny Afineevsky proposera Freedom on fire, documentaire sur l’invasion du pays par l’armée russe, début 2022. Sergeï Loznitsa, de son côté, revient sur “le procès de Kiev” (The Kiev trial), qui fut l’un des procès de nazis après la seconde guerre mondiale. Une façon de remettre en question le prétexte fallacieux utilisé par Poutine pour justifier l’invasion russe et de demander à ce que, une fois que la guerre aura cessé, les criminels de guerre soient eux aussi condamnés pour leurs exactions.
On découvrira également le documentaire d’Oliver Stone, Nuclear, qui provoquera sans doute quelques débats puisqu’il semble poser l’énergie nucléaire comme une bonne alternative aux énergies fossiles pour contrer le réchauffement climatique.
La section Orizzonti proposera, comme à son habitude, une sélection de films venus de tous les coins de la planète cinéma : Slovaquie, République Tchèque (Victim de Michal Blasko), Espagne (En los margenes de Juan Diego Botto), Argentine (Trenque Lauquen de Laura Citarella), Danemark (Innocence de Guy Davidi), Chili, Mexique (Blanquita de Fernando Guzzoni), Japon (A man de Kei Ishikawa), Pologne (Bread and salt de Damien Kocur), Roumanie (To the north de Mihai Mincan), Indonésie (Autobiography de Makbul Mubarak), Iran (World war III de Jang-E Jahani Sevom), Macédoine/Bosnie Herzégovine/Croatie (The happiest man in the world de Teona Strugar Mitevska)… Princess de Roberto De Paolis en fera l’ouverture et Jean-Paul Salomé y présentera son nouveau film, La Syndicaliste, avec Isabelle Huppert dans le rôle-titre.
Côté Giornate degli autori, on guettera Bentu, le nouveau film de Salvatore Mereu, Padre Piu d’Abel Ferrara, l’intriguant Ordinary Failures de Cristina Grosan ou le nouveau film de Steve Buscemi, The Listener qui fera la clôture de la section. On sera aussi curieux de découvrir les premiers films de nombreux jeunes talents qui ne demandent qu’à se faire une place dans la cour des grands en bousculant les habitudes des festivaliers. C’est généralement l’un des intérêts majeurs de ce type de festival de cinéma.
La Settimana Internazionale della Critica est également orientée vers les réalisations de jeunes auteurs et proposera une sélection de 7 longs-métrage et 7 courts-métrages en compétition, plus une poignée de projections spéciales.
Les cinéphiles amateurs de classiques pourront aussi découvrir ou redécouvrir des films en version restaurés, parmi lesquels Théorème de Pasolini, The Black cat d’Edger G.Ulmer, A confucian confusion d’Edward Yang ou Stella Dallas de Henry King.
Ceux aimant les expériences plus modernes pourront découvrir la belle sélection “Venise Immersive” de retour après deux ans d’absence pour cause de COVID-19. Au programme, des films en réalité virtuelle et des dispositifs interactifs offrant de nouvelles expériences cinématographiques aux spectateurs.
Voilà pour le programme de cette édition 2022 qui devrait occuper pour quelques jours les heureux cinéphiles qui auront fait le voyage jusqu’à la Cité des Doges.
Plus d’informations : La Biennale