Un grand merci à Rimini Éditions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le salaire du diable » de Jack Arnold.
« L’homme n’est pas un chien. Même si le patron croit qu’il en est un, il ne le sera jamais ! »
Ben Sadler est le shérif d’une petite ville, cernée de terres appartenant au puissant Virgil Renchler, propriétaire d’un ranch florissant où travaillent de très nombreux clandestins mexicains. Un soir, le contremaître du ranch tue l’un des employés. Renchler va tout mettre en oeuvre pour empêcher le shérif de mener l’enquête.
« Vous avez été élu shérif du conté. Pas maitre de mon ranch. »
Poulain du studio Universal, Jack Arnold débute sa carrière de réalisateur au tout début des années 50 par une poignée de petits polars de série B (« Le crime de la semaine »). Mais c'est au milieu des années 50 que son talent se révèle réellement par le biais d’une poignée de films de science-fiction à petits budgets, mais si intelligemment écrits et si inventifs qu’ils resteront au fil des décennies comme des références du genre (« L’étrange créature du lac noir », « Tarantula ! », « L’homme qui rétrécit »). Mais très vite, le cinéaste sera appelé sur d'autres projets et se perdra quelques peu au cours des années 60 entre des épisodes de séries télé (« Rawhide » notamment) et des comédies un peu faciles portées par Bob Hope (« L’américaine et l’amour », « Papa playboy »). Entre ces deux périodes, il tournera à la fin des années 50 une poignée de westerns (« Une balle signée X » avec Audie Murphy) et surtout de films noirs, principalement portés par l'acteur Jeff Chandler. « Le salaire du diable » est ainsi la première de leurs trois collaborations.
« Seul un coupable redoute la vérité »
Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. Il y a ainsi en Amérique deux types de lois. Celles inscrites dans les textes, qu’on enseigne dans les écoles et qui s'appliquent a priori à tous. Et puis il y a surtout la loi du plus fort, une sorte de système parallèle ou de corruption tacite qui fait que, localement du moins, le shérif se doit souvent de se montrer magnanime avec les grosses huiles locales qui, de part leur argent, font et défont a leur guise les carrières des responsables politiques locaux a chaque nouvelle élection. Mais il reste, ça et là, des hommes de lois intransigeants, capable de se montrer ferme en toutes circonstances. Y compris dans le cas du lynchage d'un ouvrier agricole mexicain par les contremaîtres d'un riche et puissant propriétaire terrien, affaire qui n'émeut pourtant pas grand monde en ville. A l'évidence, tout le sel du « Salaire du diable » repose sur son scénario astucieux qui transpose des éléments de western dans un contexte de film noir moderne. Prenant pour décor une petite ville rurale de province, on y retrouve ainsi toutes les figures archetypales du genre, du shérif obstiné entourés d’adjoints couards, des habitants (y compris le conseil municipal) trop prompt à se compromettre pour ne pas faire de vague et surtout, son potentat local imbus de lui même et toujours encadré par ses nervis sans foi ni lois. Un peu à la manière de Will Kane, le shérif du « Train sifflera trois fois », Ben Sadler devra affronter seul le magnat de la ville et ses sbires pour tenter de faire respecter la justice. Le tout dans une atmosphère de tension qui monte crescendo puisque le shérif devra subir les menaces, la pression et les terribles violences des hommes du ranch. Mais le film trouve aussi son originalité dans le sous-texte social assez inédit et précurseur pour l'époque puisqu'il évoque de façon assez frontale la question de l'exploitation des immigrés et du racisme latent de la société américaine. Fort d'un scénario simple mais extrêmement habile, le cinéaste signe là un film noir de série B de haut vol, à la fois accrocheur et profondément humaniste.
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Le DVD : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’un entretien avec Florent Fourcart, spécialiste de l’Histoire au cinéma (23 min.) ainsi que d’une Bande-annonce.
Édité par Rimini Éditions, « Le salaire du diable » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 15 février 2022.
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