[CRITIQUE] : Père Stu : Un héros pas comme les autres

Par Fuckcinephiles

Réalisatrice : Rosalind Ross
Acteurs : Mark Wahlberg, Mel Gibson, Jacki Weaver, Teresa Ruiz,...
Distributeur : (Sony Pictures Releasing France)
Budget : -
Genre : Drame, Biopic.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h04min.
Synopsis :
Basé sur l'histoire vraie d'un boxeur devenu prêtre, le film retrace la vie du Père Stuart Long, de son autodestruction à sa rédemption. Après avoir franchi le point culminant de sa carrière de boxeur amateur, Stuart se bat désormais pour donner un sens sa vie. Lorsqu’il frôle la mort dans un accident de la route, une seconde chance lui est offerte et change sa vision des choses. Il découvre alors une foi nouvelle et sa véritable vocation.


Critique :

Dénué de toute représentation forte et touchante de l'engagement de son protagoniste, #PèreStu manque de profondeur et de subtilité là où le voyage rédempteur qu'il est censé croquer (à la fois désordonné et inspirant) avait beaucoup à dire sur la nécessité du pardon et de la foi pic.twitter.com/s9Z1c3kkpp

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) August 29, 2022

Cantonné à une sortie en VOD par une Sony Pictures dont on a désormais l'habitude de voir glisser sous le tapis tout ce dont elle ne croit pas (et à l'arrivée, cela fait pas mal de films chaque année), Father Stu - Père Stu : Un héros pas comme les autres par chez nous, pour faire plus chargé -, premier long-métrage écrit et réalisé par Rosalind Ross (madame Mad Mel Gibson à la ville, qui fait également partie du casting), avait pourtant tout en lui pour être un wannabe prétendant à la course aux statuettes dorées, lui qui s'inspire de l'histoire vraie - et pour le coup réellement inspirante - de Stuart Long, ancien boxeur amateur qui arrête sa carrière au passage de la quarantaine à cause de son état de santé, et qui par amour (où plutôt par envie de séduire au départ) va peu à peu se rapprocher de la religion catholique, jusqu'à devenir prête.
Du tout cuit pour Hollywood donc, et un Wahlberg qui voyait là le véhicule sérieux parfait pour démontrer tout son talent, entre deux blockbusters et autres comédies faciles.

Copyright Columbia Pictures


Mauvaise pioche cela dit, car si le casting n'est résolument pas à blâmer ici, c'est plutôt la direction - à tous les niveaux - que prend ce biopic qui, même s'il ne prêche à la même chorale que les autres films confessionnels et redempteurs, s'embourbe dans une narration lancinante et sans éclat, qui se rêve tout du long inspirante alors qu'elle empile sans âme tous les clichetons du mélodrame sur la réalité complexe et émouvante d'un outsider déglingué qui trouve enfin un but dans sa vie.
Avec une narration mettant toujours sérieusement l'accent sur le réalisme pur là où la réalisation ne semble jamais réellement croire à ce qu'elle met en images, tant le tout manque cruellement de vie (pas aidé par une photographie terne et des dialogues réellement pauvres, le tout couplé à une mise en scène conventionnelle et sans ampleur), la péloche compile tous les événements de la vie chargé de Long avec une vacuité rare, le débarrassant de tout problème avec juste un clin d'œil et un sourire tout en dégainant le moindre bouleversement de sa vie (son affection pour Carmen, sa formation sacerdotale,...) comme s'il lui venait à l'esprit comme par... miracle. 
Dénué de toute représentation potentiellement touchante où puissante de l'engagement de son protagoniste envers sa cause (un lascar qui fume, boit et jure qui se transforme en prête qui, heureusement, n'a pas perdu une once de sa verve sarcastique même en rejoignant l'église), Father Stu manque tout du long cruellement de profondeur et de subtilité là où le voyage rédempteur qu'il est censé dépeindre, à la fois désordonné et inspirant, avait beaucoup à dire sur la nécessité du pardon et de la foi - pas uniquement religieuse -, et encore plus dans une société contemporaine qui met sensiblement ces deux traits à l'épreuve.

Copyright Columbia Pictures


Dommage que les nuances et les complexités - bien réelles - qui auraient pu rendre cette histoire attrayante, se sont vus aplanies pour mieux voguer vers le mélodrame furieusement conventionnel et familier - même si divertissant -, ce qui ne rend absolument pas justice aux prestations habités et authentiques de Mel Gibson (qui vole le show), Jacki Weaver et Mark Wahlberg, qui signent leurs meilleures prestations récentes.
Sacrée occasion manquée...
Jonathan Chevrier