[CRITIQUE] : Avec Amour et acharnement

Réalisatrice : Claire Denis

Acteurs : Juliette Binoche, Vincent Lindon, Grégoire Colin, Mati Diop,...
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français.
Durée : 1h56min.
Synopsis :
C’est Paris et c’est déjà l’hiver. Sarah et Jean s’aiment, ils vivent ensemble depuis plusieurs années. C’est un amour qui les rend heureux et plus forts. Ils ont confiance l’un en l’autre. Le désir ne s’est jamais affadi. Un matin, Sarah croise par hasard François son ancien amant, ce François qui lui a présenté Jean, ce François qu’elle a quitté pour Jean sans hésiter.

Critique :

Embaumé dans une atmosphère suffocante et âpre fait de gros plans nacrés qui sublime l'immobilisme émotionnel, #AvecAmourEtacharnement se fait un puissant drame conjugal autant qu'un douloureux et rageur cri du coeur, porté par les performances magnifiques du duo Lindon/Binoche. pic.twitter.com/znGhdRS5ba
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) August 31, 2022

Tout débute par un plan d'ensemble enivrant sur une plage aux eaux calmes et au soleil lumineux.
Deux corps solitaires s'épousent dans un lyrisme intense, deux amoureux flottent avec une telle sérénité qu'ils pourraient bien être les seuls dans ce monde paradisiaque où ils se scrutent avec une fascination telle qu'elle pourrait presque être aussi forte que lorsqu'ils se sont découverts pour la première fois.
Ils s'offrent l'un à l'autre, dans leur amour autant que dans leur vulnérabilité, dans ce qui est un petit bout d'éternité qui ne durera qu'un bref instant avant que la vie ne les rappelle à un quotidien parisien nettement moins charmant, croulant lentement mais sûrement face à l'écrasante routine.
Lui, c'est Jean, un homme imprévisible qui porte le poids de l'échec et de la culpabilité après dix ans passés derrière les barreaux.
Elle, c'est Sarah, une animatrice de radio habitée et investit derrière le micro mais totalement absente quant elle le quitte, subissant/soutenant les malheurs de Jean tout en ne semblant jamais vraiment faire partie intégrante de sa vie.
Sa rencontre fortuite avec François, son ancien amant qui lui a justement présenté Jean, va finir de briser la fausseté apparente d'un bonheur gangrené par la racine.

Adaptation libre du roman Un Tournant de la vie de Christine Angot - également au scénario -, Avec Amour et acharnement se fait la fusion passionnée entre l'examen cru de la vérité du coeur, des sentiments et du désir humain de l'écrivaine, et la mise en scène lyrique et sensuelle de Claire Denis, pour mieux incarner un turbulent et complexe poème émotionnel sur des âmes littéralement déchirés entre le passé et le présent, entre l'angoisse de (tout) perdre et celle de tout quitter, des âmes qui veulent tout et rien à la fois.
Sarah, qui est incapable d'aimer plus Jean que François, vit constamment ses journées en sujet passif et solitaire, comme un fantôme, une ame errante dans une vie - autant qu'une société - où elle se sent de plus en plus invisible.
Jean peine à reconstruire sa vie, écartelé par sa honte d'avoir été emprisonné, de vivre dans une maison qui n'est pas la sienne, d'utiliser un argent qui n'est pas le sien où même celle de ne pas pouvoir s'occuper de son propre fils adolescent, lui aussi en pleine dérive.
Sa douleur est expressive et physique face à ses vains efforts tandis que celle de Sarah est plus réprimée et viscérale, alors que l'ombre opaque et manipulatrice de François semble de plus en plus l'écraser.

[CRITIQUE] : Avec Amour et acharnement

Embaumé dans une atmosphère suffocante et âpre fait de gros plans nacrés qui sublime l'immobilisme émotionnel, l'enfermement cadenassé du quotidien autant que les petits détails qui ne trompent pas quant aux changements minimes qui en appellent d'autres plus grands, en pleine connaissance des souffrances qu'ils infligeront; Avec Amour et acharnement se fait un puissant drame conjugal autant qu'un formidable cri du coeur, à la fois douloureux et rageur, délicat et perversement magnétique, renforcé par les performances magnifiques et enflammées de Vincent Lindon et de Juliette Binoche.
Jonathan Chevrier [CRITIQUE] : Avec Amour et acharnement

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