Réalisatrice : Rebecca Zlotowski
Avec : Virginie Efira, Roschdy Zem, Chiara Mastroianni, Antonia Buresi,…
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Français
Durée : 1h43min
Synopsis :
Rachel a 40 ans, pas d'enfant. Elle aime sa vie : ses élèves du lycée, ses amis, ses ex, ses cours de guitare. En tombant amoureuse d’Ali, elle s’attache à Leila, sa fille de 4 ans. Elle la borde, la soigne, et l’aime comme la sienne. Mais aimer les enfants des autres, c’est un risque à prendre…
Critique :
Belle-mère. Rien que le nom provoque un certain effroi, surtout à l’intérieur d’un écran. C’est la belle-mère sorcière qui, jalouse, empoisonne Blanche-Neige. C’est la belle-mère acariâtre et terrifiante dans Les malheurs de Sophie. C’est Julia Roberts, la belle-mère et Susan Sarandon, la mère malade, qui se détestent cordialement dans Ma meilleure ennemie (Chris Columbus, 1999). Il n’y a même pas de mot pour définir cette maternité à part, cette « belle-maternité » comme l'appelle Rebecca Zlotowski pour parler du lien que crée le personnage de Virginie Efira avec la fille de son compagnon dans son nouveau long métrage, Les enfants des autres. Il était temps de donner ses lettres de noblesse à ces belle-mères, celles dont les liens avec les enfants des autres se créent malgré tout. La réalisatrice signe ici un film de personnages secondaires, celles que l’on place si vite dans le cliché de “l’autre” femme, qui remplace ou qui jalouse, celles dont on ne prend jamais le temps de raconter l’histoire.
On peut voir comme un cycle dans le cinéma de Rebecca Zlotowski. Son premier film, Belle Épine, répond au dernier, Les enfants des autres. Les deux composent un portrait de femme orpheline de mère. Les deux offrent une belle complicité sororale malgré la différence d’âge. Les deux dévoilent une communauté juive dont les préceptes religieux suivent discrètement les personnages. La taiseuse Prudence (Léa Seydoux) laisse place à la pétillante Rachel (Virginie Efira), que l’on découvre amoureuse, vivante, belle.
La maternité possède aujourd’hui beaucoup plus de nuance au sein du cinéma, à part pour les belle-mères évidemment. Les enfants des autres s'emploie à mettre en image ce qui n’est pas (encore) nommé, la maternité détournée mais bien présente. Rebecca Zlotowski prend le sujet au sérieux et nous propose un film de possibilité. Et si nous offrions un nouveau regard aux femmes sans enfants (nullipares comme on dit) ? Si nous leur donnions le beau rôle pour une fois, si nous évitions la guéguerre éculée entre l’ex et la nouvelle compagne ?
C’est à Virginie Efira que revient l’honneur d’être l’image de ce manque. Elle interprète une femme simple, avec une envie simple : avoir un enfant. Mais rien n’est si simple dans la vie, n’est-ce pas ? Le temps passe, les choix s’offrent à nous et s’en vont. Cette vie si « courte et longue à la fois » comme elle l’exprime à son gynécologue (émouvant Frederick Wiseman). Malgré l’émancipation du corps, malgré les aides médicalisées, il existe toujours cette bonne vieille horloge biologique venant faire tic-tac dans le ventre. Rachel ressent cette envie, pourtant le film décide sciemment de ne pas en faire une obsession dans le récit. Les enfants des autres parle de choses banales : l’amour, le désir, la mort, la fin d’une histoire et il le met en scène d’une façon presque banale, avec tous les outils cinématographiques aux bons endroits. C’est au cœur du récit que se niche une grille d’émotions plus singulière : dans une discussion à cœur ouvert sur des désirs opposés, dans une main discrète qui donne un goûter que l’on a oublié, dans une rencontre impromptue avec un ancien élève, dans la pudeur d’un au revoir à un enfant que l’on ne reverra jamais, dans le simple constat qu’il est peut-être trop tard. Le film brûle de ce minimalisme visuel, nous n’avions jamais vu Rebecca Zlotowski aussi “classique” dans sa mise en scène. Mais c’est comme cela que l’on reconnaît les plus grand⋅es, à leur connaissance de leur cinéma. Savoir quand sortir l’esbroufe et quand laisser parler ses images.
La pudeur magnifie le propos du film et en fait un objet de valeur, où s’écoule la vie. Rythmées par des ouvertures et des fermetures à l’iris, les émotions de Rachel irradient le cadre, des moments suspendus de bonheur, une bulle que l’on sait éphémère. Les enfants des autres nous offre une image marquante d’une maternité nouvelle, une image non pas résiliente, repentante ou renonçante mais une image qui existe tout simplement.
Laura Enjolvy
Avec : Virginie Efira, Roschdy Zem, Chiara Mastroianni, Antonia Buresi,…
Distributeur : Ad Vitam
Budget : -
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Français
Durée : 1h43min
Synopsis :
Rachel a 40 ans, pas d'enfant. Elle aime sa vie : ses élèves du lycée, ses amis, ses ex, ses cours de guitare. En tombant amoureuse d’Ali, elle s’attache à Leila, sa fille de 4 ans. Elle la borde, la soigne, et l’aime comme la sienne. Mais aimer les enfants des autres, c’est un risque à prendre…
Critique :
Tout en pudeur, avec #LesEnfantsdeLAutre, Rebecca Zlotowski nous offre une image marquante d’une maternité nouvelle, une image non pas résiliente, repentante ou renonçante, mais une image qui existe tout simplement. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/23GUDe3UHM
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 10, 2022
Belle-mère. Rien que le nom provoque un certain effroi, surtout à l’intérieur d’un écran. C’est la belle-mère sorcière qui, jalouse, empoisonne Blanche-Neige. C’est la belle-mère acariâtre et terrifiante dans Les malheurs de Sophie. C’est Julia Roberts, la belle-mère et Susan Sarandon, la mère malade, qui se détestent cordialement dans Ma meilleure ennemie (Chris Columbus, 1999). Il n’y a même pas de mot pour définir cette maternité à part, cette « belle-maternité » comme l'appelle Rebecca Zlotowski pour parler du lien que crée le personnage de Virginie Efira avec la fille de son compagnon dans son nouveau long métrage, Les enfants des autres. Il était temps de donner ses lettres de noblesse à ces belle-mères, celles dont les liens avec les enfants des autres se créent malgré tout. La réalisatrice signe ici un film de personnages secondaires, celles que l’on place si vite dans le cliché de “l’autre” femme, qui remplace ou qui jalouse, celles dont on ne prend jamais le temps de raconter l’histoire.
Copyright Julian Torres
On peut voir comme un cycle dans le cinéma de Rebecca Zlotowski. Son premier film, Belle Épine, répond au dernier, Les enfants des autres. Les deux composent un portrait de femme orpheline de mère. Les deux offrent une belle complicité sororale malgré la différence d’âge. Les deux dévoilent une communauté juive dont les préceptes religieux suivent discrètement les personnages. La taiseuse Prudence (Léa Seydoux) laisse place à la pétillante Rachel (Virginie Efira), que l’on découvre amoureuse, vivante, belle.
La maternité possède aujourd’hui beaucoup plus de nuance au sein du cinéma, à part pour les belle-mères évidemment. Les enfants des autres s'emploie à mettre en image ce qui n’est pas (encore) nommé, la maternité détournée mais bien présente. Rebecca Zlotowski prend le sujet au sérieux et nous propose un film de possibilité. Et si nous offrions un nouveau regard aux femmes sans enfants (nullipares comme on dit) ? Si nous leur donnions le beau rôle pour une fois, si nous évitions la guéguerre éculée entre l’ex et la nouvelle compagne ?
Copyright Julian Torres
C’est à Virginie Efira que revient l’honneur d’être l’image de ce manque. Elle interprète une femme simple, avec une envie simple : avoir un enfant. Mais rien n’est si simple dans la vie, n’est-ce pas ? Le temps passe, les choix s’offrent à nous et s’en vont. Cette vie si « courte et longue à la fois » comme elle l’exprime à son gynécologue (émouvant Frederick Wiseman). Malgré l’émancipation du corps, malgré les aides médicalisées, il existe toujours cette bonne vieille horloge biologique venant faire tic-tac dans le ventre. Rachel ressent cette envie, pourtant le film décide sciemment de ne pas en faire une obsession dans le récit. Les enfants des autres parle de choses banales : l’amour, le désir, la mort, la fin d’une histoire et il le met en scène d’une façon presque banale, avec tous les outils cinématographiques aux bons endroits. C’est au cœur du récit que se niche une grille d’émotions plus singulière : dans une discussion à cœur ouvert sur des désirs opposés, dans une main discrète qui donne un goûter que l’on a oublié, dans une rencontre impromptue avec un ancien élève, dans la pudeur d’un au revoir à un enfant que l’on ne reverra jamais, dans le simple constat qu’il est peut-être trop tard. Le film brûle de ce minimalisme visuel, nous n’avions jamais vu Rebecca Zlotowski aussi “classique” dans sa mise en scène. Mais c’est comme cela que l’on reconnaît les plus grand⋅es, à leur connaissance de leur cinéma. Savoir quand sortir l’esbroufe et quand laisser parler ses images.
La pudeur magnifie le propos du film et en fait un objet de valeur, où s’écoule la vie. Rythmées par des ouvertures et des fermetures à l’iris, les émotions de Rachel irradient le cadre, des moments suspendus de bonheur, une bulle que l’on sait éphémère. Les enfants des autres nous offre une image marquante d’une maternité nouvelle, une image non pas résiliente, repentante ou renonçante mais une image qui existe tout simplement.
Laura Enjolvy