[CRITIQUE] : Ninjababy

[CRITIQUE] : Ninjababy

Réalisatrice : Yngvild Sve Flikke
Avec : Kristine Kujath Thorp, Arthur Berning, Nader Khademi,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget :
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Norvégien
Durée : 1h43min
Synopsis :
Astronaute, garde forestière, dessinatrice… Rakel, 23 ans, a tous les projets du monde, sauf celui de devenir mère. Quand elle découvre qu’elle est enceinte de 6 mois suite à un coup d’un soir, c’est la cata ! C’est décidé : l'adoption est la seule solution. Apparaît alors Ninjababy, un personnage animé sorti de son carnet de notes, qui va faire de sa vie un enfer…


Critique :

Oscillant entre un humour détonnant et un drame joliment empathique, #Ninjababy navigue entre les contradictions d'une grossesse inopportune et les sacrifices qu'elle implique pour mieux nourrir un récit initiatique doux-amer sur une jeune femme contrainte de mûrir trop vite. pic.twitter.com/EpoRx50o4I

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 20, 2022

Les films qui combinent images de prises de vues réelles et animation remontent à l'aube du cinéma, même si elles ont une certaine tendance à se faire plus timides ces dernières années - The French Dispatch est peut-être le seul exemple de récente mémoire.
Mais si l'animation y apparaît parfois férocement rudimentaire - où tout simplement ornementale et gadget -, rares sont les exemples tels que Ninjababy, second long-métrage de Yngvild Sve Flikke, une comédie hilarante où l'osmose entre réalité et animation est aussi originale qu'absolue.
L'histoire est vissée sur les aléas de la jeune Rakel, 23 ans au compteur, sévèrement paumée et qui est sans aucun doute plus fêtarde que de raison.
Si elle ne sait pas encore ce qu'elle veut être (dégustatrice de bière, globe-trotteuse, dessinatrice de BD,...), elle a en revanche, une idée très précise de ce qu'elle ne veut pas : devenir mère, alors qu'elle peine à joindre les deux bouts.
Le problème est que Rakel est justement enceinte de six mois et demi et que le nombre de candidats à la paternité, ferait presque d'elle une version norvégienne de Sophie Sheridan dans Mamma Mia!.

[CRITIQUE] : Ninjababy

Copyright Motlys


Cette grossesse indésirée, voyage intime fait de perplexité, d'angoisse, d'inconfort et de fringales improbables mais qui également loin d'être de tour repos pour le fœtus lui-même (entre une tentative désespérée d'avorter, la réalisation que son père est un dragueur invétéré, l'adoption, le don à sa demi-sœur,...), est au coeur de cette croisade rafraîchissante et sans langue de bois contre les clichés faciles entourant la grossesse, à travers un féminisme assumé et un prisme pédagogique sur la sexualité.
Oscillant entre un humour sardonique et un drame empathique tout aussi impactant, la narration navigue entre les contradictions de la société patriarcale (qu'elle singe à la perfection), d'une grossesse inopportune et les sacrifices qu'elle implique (comme une romance parfaite entre son héroïne et Mos, un instructeur d'aikidō que la providence - comme la réalisatrice - démonte en une poignée de secondes), pour mieux nourrir les traits rafraîchissants et doux-amer d'un récit initiatique complexe où les personnages sont obligés de mûrir trop vite, porté par une étonnante Kristine Kujath Thorp.
Sans trembler, Ninjababy se fait un petit bijou sincère, inventif et excentrique, tout simplement.
Jonathan Chevrier
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