Leila a consacré toute sa vie à ses parents et à ses frères. Vieille fille, elle tient la famille à bout de bras, elle est la plus cultivée, la plus déterminée, la plus courageuse, la plus intelligente et la plus ambitieuse de la famille. Et oui, le propos de ce film iranien est très féministe ; car même si les hommes y tiennent une place prépondérante, c’est le personnage central de Leila qui tient les clés de l’espoir et de la réussite. Dans cette société iranienne corseté par son patriarcat, son économie au bord de l’implosion ; elle a une idée pour sortir la famille du marasme et active son réseau pour y parvenir. Mais les ambitions, les croyances de chacun et surtout la vanité du père vont avoir raison de ce beau projet. Et c’est une marque de fabrique du cinéma iranien, les individus ont beau se débattre, lutter contre la fatalité ; le système va les contraindre à leur condition ; voir pire, les condamner à une forme de déclassement. Il semble qu’en Iran, il est plus raisonnable de se contenter de son piètre sort que d’essayer de s’en sortir. Ici aussi, la mécanique de son intrigue est très vite implacable et l’issue irréversible.
Saeed Roustaee, après l’époustouflant « La loi de Téhéran », prouve qu’à seulement 32 ans est déjà une pointure du cinéma iranien au même titre que Farhadi ou Panahi par exemple. En Perse, le cinéma se porte bien et il incarne sa modernité par une mise en scène haletante et virtuose ; certains pourraient être découragés par un cinéma très dialogué. Ce parti pris lui permet de tisser les liens entre tous les membres de cette famille et de donner à chacun une histoire dans l’histoire. Pour cela, il se donne le temps ; 2h45 de film tout de même ; le résultat est une fresque puissante et féministe avec un final magistral surtout dans la société iranienne.
Du grand cinéma (rien de plus normal quand on parle cinéma iranien) sur un jeu de massacre dans une société hypocrite et corrompue
Sorti en 2022
Ma note: 16/20