Hasard du calendrier, deux films avec Virginie Efira sont à l’affiche simultanément, l’occasion pour elle de faire une nouvelle fois la démonstration de son talent immense et protéiforme. Son intelligence de jeu, la finesse de ses interprétations et surtout sa capacité de réinvention sont d’autant plus flagrantes quand on regarde deux des ses films coup sur coup. Malgré son omniprésence sur les écrans, on n’ a jamais assez de Efira.
Les Enfants des Autres
De Rebecca Zlotowski
Avec Virginie Efira, Roschdy Zem, Chiara Mastroianni
Chronique : Les Enfants des Autres s’intéresse à la figure de la belle-mère, figure que le cinéma avait jusqu’ici tendance à négliger voir à caricaturer. Efira y est tour à tour pétillante et bouleversante. La réalisatrice saisit avec délicatesse l’inconfort et les frustrations de ce statut bancal, met en lumière le déséquilibre parfois douloureux d’une dynamique à deux quand l’un a un enfant et l’autre non. Efira capture toutes les nuances de cette femme qui cherche sa place dans son propre couple tout en gardant un œil ouvert sur le cadran de son horloge biologique.
L’évidence et l’alchimie du couple qu’elle forme avec Roschdy Zem joue beaucoup dans la véracité du récit, on y croit. Les Enfants des Autres se déroule comme une sorte de thriller romantique (il est d’ailleurs découpé en chapitre), on se demande si et comment le couple va pouvoir surmonter les épreuves qu’il traverse. Hormis une musique un poil envahissante, une réalisation dépouillée et fluide permet de prendre toute la mesure de ce beau drame romantique.
Revoir Paris
De Alice Winocour
Avec Virginie Efira, Benoît Magimel, Grégoire Colin
Chronique : Dans Revoir Paris, l’actrice belge est toute en fragilité. Mia, son personnage, tente de se reconstruire après avoir été victime d’un attentat. Bien qu’elle s’en soit sortie sans lourdes blessures physiques, elle souffre d’un traumatisme psychologique profond. Elle ne se rappelle plus de rien.
Lorsqu’elle repasse devant le lieu du drame, commence pour elle un nécessaire travail de mémoire et de résilience.
Ce qui frappe le plus dans Revoir Paris, c’est à quel point le récit sonne vrai, en grande partie grâce à la pudeur de son écriture mais aussi à la représentation très juste des groupes de soutien des victimes. Alice Winocour choisit d’adopter leur point de vue, laissant les attaques et les agresseurs hors champ, pour mieux se concentrer sur le processus de réparation et paver le chemin vers la reconstruction. C’est l’espoir plus que la haine ou le ressentiment qui guide Revoir Paris. La réalisatrice a recours à de subtiles idées de mise en scène comme les apparitions des victimes pour appuyer le trauma, mais toujours discrètement, comme un murmure.
Le film est d’ailleurs tant sur la retenue tout du long, que l’on est saisi par une puissante décharge émotionnelle lorsqu’il finit par dévoiler des sentiments, même simples. Intense.