Spartacus (1960) de Stanley Kubrick

Après son premier chef d'oeuvre "Les Sentiers de la Gloire" (1957), Stanley Kubrick revient aux Etats-Unis prépare un western avec Marlon Brando mais l'entente est détestable et la star obtient le renvoi de Kubrick pour réaliser lui-même "La Vengeance aux Deux Visages" (1960). Au même moment, le réalisateur est appelé par le Producteur-Acteur Kirk Douglas avec qui il avait porté "Les Sentiers de la Gloire" pour remplacer au pied levé le réalisateur Anthony Mann justement renvoyé par Kirk Douglas sur le tournage du peplum "Spartacus" (Tout savoir sur ce personnage ICI !). Un peplum dont rêve l'acteur depuis qu'il a dû renoncer à "Ben-Hur" (1958) de Wylliam Wyler. C'est Edward Lewis, son associé dans sa société Bryna Productions qui lui montre le roman éponyme (1951) de Howard Fast (connu aussi sous le pseudo E.V. Cunnigham) pour lequel Douglas s'enthousiasme aussitôt bien que Howard Kast soit inscrit sur la Liste Noire anti-communiste. Il propose alors le projet à United Artist qui refuse malgré leur succès commun avec "les Vikings" (1958) de Richard Fleischer, c'est finalement Universal qui accepte mais en imposant une affiche prestigieuse et le réalisateur Anthony Mann. Néanmoins, Kirk Douglas est au sommet de sa carrière et son désaccord farouche avec ce réalisateur lui permet de choisir Stanley Kubrick. Précisons toutefois que les scènes tournées par mann seront gardées, à savoir celles des mines de pierre et de l'école de gladiateurs. Au départ le scénario devait être signé par l'auteur Howard Fast lui-même mais Kirk Douglas qualifiera son travail de "véritable désastre", le producteur-acteur choisit alors un certain Dalton Trumbo qui est lui aussi blacklisté par le Maccarthysme (Tout savoir ICI !) et qui travaille depuis des années sous pseudo, ce sera sous le nom de Sam Jackson qu'il travaille pour le film. Le film est doté d'un budget colossal de 13 millions de dollars. Malgré les risques, le film est un succès engrangeant plus de 60 millions de dollars au box-office, en prime 6 nominations aux Oscars dont 4 statuettes et surtout, Kirk Douglas impose que le nom de Dalton Trumbo soit inscrit au générique  ; ce choix a alors une grande valeur symbolique et peut être considéré comme un coup fatal au Maccarthysme... -73 av J.C. en Italie, l'esclave Spartacus est acheté pour devenir gladiateur. Alors qu'il aurait dû mourir lors d'un duel avec un ami gladiateur naît en Spartacus un sentiment d'injustice et de révolte. Une étincelle va pousser Spartacus à briser ses chaînes et à se sauver accompagné de plusieurs gladiateurs. Très vite il devient le leader d'un groupe qui va devenir une armée dont il va devenir le chef de plus en plus populaire. Rome va alors tout faire pour punir cet homme et châtier les membres de cette armée composée d'esclaves... 

Spartacus (1960) de Stanley Kubrick

Le rôle titre est évidemment incarné par le producteur et star Kirk Douglas qui retrouve le peplum après un passage en Italie pour "Ulysse" (1954) de Mario Camerini et retrouve plusieurs partenaires, d'abord Tony Curtis après "Les Vikings" (1958) qui lui-même retrouve après "La Chaîne" (1958) de Stanley Kramer l'acteur Charles McGraw qui retrouvera Dalton Trumbo en réalisateur pour "Johnny s'en va-t-en Guerre" (1971), puis Douglas retrouve John Ireland après le western "Règlement de Compte à O.K. Corral" (1957) de John Sturges et qu'on reverra dans un peplum dans "La Chute de l'Empire Romain" (1964) de Anthony Mann. Ce dernier réalisateur remplacé brusquement a aussi fait tourné Robert J. Wilke dans "Je suis un Aventurier" (1954) et "L'Homme de l'Ouest" (1958), l'acteur retrouve aussi Kirk Douglas après "20000 Lieues sous les Mers" (1954) de Richard Fleischer. Citons quelques acteurs majeurs avec le géant Charles Laughton vu dans les peplums "Le Signe de la Croix" (1932) de Cecil B. De Mille et "Salomé" (1953) de William Dieterle, avec "Les Révoltés du Bounty" (1935) de Frank Loyd il partage un point commun avec son partenaire Laurence Olivier ayant tourné son ultime film avec "Le Bounty" (1984) de Roger Donaldson, acteur shakespearien qui retrouve après "Hamlet" (1948) de lui-même la magnifique Jean Simmons abonnée au peplum avec "César et Cléopâtre" (1945) de Gabriel Pascal, "La Tunique" (1953) de Henry Koster et "L'Egyptien" (1954) de Michael Curtiz après lequel il retrouve Peter Ustinov vu aussi une autre fois en tunique dans "Quo Vadis" (1951) de Mervyn LeRoy, puis elle retrouve après "Les Gladiateurs" (1954) de Delmer Daves le charismatique Woody Strode qui était aussi dans "Les 10 Commandements" (1956) de Cecil B. De Mille dans lequel il y avait l'actrice Nina Foch aperçue auparavant dans "Un Américain à paris" (1951) de Vincente Minnelli et "Scaramouche" (1952) de George Sidney. Citons encore John Gavin vu dans "le Temps d'Aimer et le Temps de Mourir" (1958) et "Mirage de la Vie" (1959) tous deux de Douglas Sirk et "Psychose" (1960) de Alfred Hitchcock, Herbert Lom vu dans "Les Forbans de la Nuit" (1950) de Jules Dassin et "Tueurs de Dames" (1955) de Alexander Mackendrick, John Dall vu dans "La Corde" (1948) de Alfred Hitchcock et "Le Démon des Armes" (1950) de Joseph H. Lewis, John Hoyt qui sera dans "Cléopâtre" (1963) de J.L. Mankiewicz et qui retrouve plusieurs des grands personnages après "Jules César" (1953) du même réalisateur son partenaire Dayton Lummis qui retrouve aussi Peter Brocco après "Le Génie du Mal" (1959) de Richard Fleischer et "Elmer Gantry" (1960) de Richard Brooks dans lequel joue aussi Jean Simmons, puis enfin Lummis retrouve aussi après "Le Faux Coupable" (1956) de Alfred Hitchcock l'acteur Harold J. Stone vu auparavant dans "Marqué par la Haine" (1956) de Martin Ritt et "Duel dans la Boue" (1959) de Richard Fleischer... Comme très et trop souvent au cinéma, si le film est un film historique d'aventure il n'a plus grand chose à voir avec un réel biopic tant les libertés prises avec les faits sont nombreuses. Il y a d'abord des erreurs ou omissions comme les tenues de gladiateurs très alétaoires, ou le pouce levé ou non qui n'a jamais existé et reste donc une légende antique, comme l'expression "Ave Caesar morituri te salutant" qui est tout aussi fantasmé, tandis que les termes "clown" et "psychologue" n'existaient pas encore.

Spartacus (1960) de Stanley Kubrick

Le plus ridicule étant sans doute l'utilisation d'un sifflet (?!). Rappelons également que Spartacus est mort en réalité sur le champ de bataille. Néanmoins, l'époque était moins soucieuse de ces détails pour se focaliser avant tout sur le souffle épique et la flamboyance de l'aventure avec surtout, un propos bien plus profond qu'il n'y paraît. En effet l'association de ses deux auteurs Kast-Trumbo imposent un élan de liberté qui sied idéalement et idéologiquement le sujet. Leur talent au service d'une histoire d'esclave et de révolte est tout un symbole qui faisait écho à son époque. Cette fresque comprend tous les ingrédients nécessaires, décors et costumes qui nous plonge dans l'antiquité, le lyrisme et l'épique, mêlant émotion (y a pas à dire la fin nous foudroie de larmes) et action avec cette ampleur romanesque et l'audace anti-Maccarthysme allant jusqu'à cette évocation gay lors d'un bain romain... Sublime, la quintessence du genre qui ne démérite pas vis à vis des autres grands titres du genre. Kubrick ose accompagné cette saga de scènes marquantes, qui à l'époque du film reste marginale car encore choquante, notamment en montrant des charniers et les corps ensanglantés sur le champ de bataille. D'ailleurs certaines scènes n'apparaissent qu'à partir de la version restaurée de 1991. En prime évidemment un des plus beaux castings du cinéma avec une quinzaine de stars (Kirk Douglas, Tony Curtis, Jean Simmons, Peter Ustinov, Laurence Olivier,, Charles Laughton...) de premier ordre. Kubrick aura pourtant connu un tournage fastidieux et frustrant. Outre le fait que Kirk Douglas a dû faire le forcing car les co-producteurs n'étaient pas confiants en la jeunesse du réalisateur (32 ans) il a dû aussi faire face à des stars expérimentés qui n'hésitaient pas à imposer leur vue à l'instar de Laurence Olivier ou Ustinov qui a fait réécrire des dialogues voir même Douglas lui-même qui avait d'autres idées sur l'emplacement de la caméra alors que pourtant il avait laissé les coudées franches au cinéaste sur "Les Sentiers de la Gloire" (1957). À cela s'ajoutera plusieurs retards dus à des blessures et maladies des acteurs dont Jean Simmons, Tony Curtis et Douglas. Ce dernier écrira dans son autobiographie "Le Fils du Chiffonier" (1988) : "Spartacus occupa 3 ans de ma vie, plus de temps que n'en passa le véritable Spartacus à guerroyer contre l'empire romain." Pourtant, ce film est le premier film où le réalisateur n'a pas été maître du film de bout en bout car il était sous contrat avec Bryna Productions et n'a donc pas eu le final cut pour le montage. Kubrick désavouera le film. Il exigera  désormais d'avoir le final cut de tous ses films. Malgré tout, Kubrick est derrière un monument du genre, une fresque éblouissante et mythique qui reste encore aujourd'hui un des meilleurs peplums du cinéma (Voir ICI !). 

Note :   

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19/20