Trois mille ans à t'attendre : un conte d'amour et de poésie !
Alithea Binnie est une narrathologue. Elle étudie les contes et les histoires pour mieux leur trouver un sens et une place dans notre monde qui se modernise. En voyage à Istanbul pour une conférence, elle va vivre une histoire qui va bouleverser sa vie. Solitaire mais heureuse, elle va découvrir une bouteille dans une boutique de souvenir. En la nettoyant, elle va libérer Djinn qui y était enfermé. En contre parti, celui-ci lui propose 3 vœux. Apathique, méfiante, elle refuse de les faire et pense à la contre partie toujours présente dans ce genre de cadeau. Djinn va alors lui raconter comment il s'est retrouvé dans cette bouteille. Un lien va se créer entre eux. Un vœux est un pouvoir mais aussi un acte qui permet de se libérer. Quels seront ceux d'Alithea ?
Après nous avoir régaler avec Mad Max Furie Road, George Miller revient ici dans un genre et un style complètement différents. De la grande épopée futuriste, écologique et western, il nous présente un conte philosophique, humaniste sur la beauté de la vie, de l'amour et sur ce que l'on peut faire pour être heureux.
Déconcertant dans un premier temps, Trois mille ans à t'attendre est un conte, une merveilleuse histoire des milles et unes nuits. Alithea nous le dit dès l'ouverture de ce film. C'est une histoire vraie, mais qui doit être racontée comme un conte pour que l'on y croit. On plonge de suite dans l'univers de cette héroïne particulière. Elle vit au calme, dans une solitude salutaire et voulue. Elle est un peu déconnectée de ses émotions et se trouve heureuse de ce qu'elle a dans la vie. Après un échange particulier à l'aéroport, elle va retrouver ses marques auprès des personnes qui partagent sa passion. Mais ce ne sera le temps que d'un court moment. Après un malaise qu'elle met sur le compte d'une imagination débordante et étouffante, elle rentre à son hôtel pour se reposer. Curieuse de cette belle bouteille, elle va alors la nettoyer et libérer Djinn. Surprise, mais pas effrayée, elle va dans un premier temps penser à son imagination (1,2,3...). Mais une fois passé cette première action, elle va alors l'envisager comme une réalité. Très vite, entre rêve et réalité, elle fait la balance et se lance dans un échange avec la créature onirique qui se trouve dans la pièce. Consciente de ce qu'il offre, elle ne veut pas se faire avoir. Sans méchanceté et plutôt curieuse, elle va l'écouter. Et elle va découvrir une toute nouvelle facette à ce qui a fait sa vie et ce qui la constitue. Elle n'est pas vide de sens, mais pourrait être plus si elle le voulait.
Djinn va lui montrer la passion et la force dont il a fait preuve tout au long de son existence. Il va lui faire comprendre sa façon de voir les choses. Mais elle aussi. Et chacun va faire évoluer l'autre.
Ce n'est pas l'opposition entre deux choses complètement opposées, mais plutôt l'évolution de la forme basique d'une vie à quelques chose de plus complet, de plus élevé. Car Alithea était heureuse avant de connaitre Djinn, elle ne manquait de rien, mais sa conversation avec la créature va lui faire comprendre qu'elle peut prétendre à plus. Elle va s'ouvrir à d'autre possibilités. Le tout est de les intégrer dans sa vie bien rangée. Djinn va s'adapter à cette nouvelle vie, à cette nouvelle facette de genre qu'il ne connaissait pas. La seule chose en 3000 ans qu'il a toujours voulu, c'était d'être libre de la bouteille. Et Alithea va lui faire comprendre que lui aussi a le droit à plus. Il a le droit de choisir son destin.
Je vous laisse savourer le film pour voir ce qu'ils vont tout les deux souhaiter.
Et ce qui a de bien aussi, c'est la diversité du film. Elle est à la fois physique, culturelle, amoureuse. Que ce soit dans la beauté, l'intelligence, le féminisme, Miller offre une multitude de possibilités. Il rend hommage aux corps, aux esprits, aux différentes formes d'intelligence et d'amour.
Au travers des 3 histoires que va raconter Djinn, on découvre à la fois la passion, la folie et la barbarie dont peut faire preuve l'humanité par égoïsme et petitesse. Et celle qui semble dépourvu de tout cela va lui offrir ce qu'il a toujours voulu.
La narration est à la fois poétique, philosophique et onirique.
C'est une merveille à regarder et à écouter.
La photo, les couleurs, le cadrage et le montage sont exceptionnels.
Le scénario ne laisse pas de temps mort et l'histoire se déroule tel le fil d'Ariane pour mieux nous guider vers sa fin en douceur, mais toujours avec grandeur.
La réalisation est géniale. En différentes façons de filmer, George Miller nous offre un peu de douceur, de volupté, de force, de violence et de tendresse. Déconcertante, sa réalisation n'en reste pas moins magique et magnifique. Il fait preuve de grandeur pour son histoire et ses personnages tout comme de folie dans le genre qu'ils incarnent. C'est un réalisateur qui peut se révéler fascinant.
La musique est magnifique. Elle est signée Tom Holkenborg à qui l'ont doit Batman Vs Superman, Mad Max Furie Road ou Deadpool ! Il offre une variété de sons et de musiques assez incroyables. Une belle chanson signée Andréa Bocceli est dans le générique de fin ! C'est un clin d'œil à son fils qui fait parti du casting !
Côté casting on a droit à de magnifiques performance.
Tilda Swinton est Alithea Binnie. Cette femme solitaire, mais heureuse se voit offrir la possibilité de plus dans sa vie. Alors qu'elle ne désirait rien, elle va se retrouver devant un choix impossible pour elle. Swinton est une magnifique actrice caméléon. elle arrive à se fondre dans ses personnages et leur donne corps pour mieux nous raconter leurs histoires. Et Alithea ne fait pas exception. Entre son physique marquant, son intelligence et sa finesse, elle offre des lettres de noblesse à une héroïne pas comme les autres.
Idris Elba est Djinn. Créature mystique et onirique, il a été enfermé dans une bouteille et lorsqu'il est libéré par Alithea, il y voit son salut quand elle aura fait ses 3 vœux. Sauf que la dame n'est pas prête à connaitre ses désires les plus fous. Il va alors lui raconter sa propre histoire pour lui faire comprendre sa position et sa connaissance du monde. C'est une créature en souffrance mais aussi d'une grande sagesse de par son expérience. Elba nous offre son charisme et sa tendresse pour un personnage qui pourrait être extravagant et énervant. On se prend d'affection pour ce cœur tendre.
Pour compléter ce duo d'acteurs, il y a beaucoup de têtes inconnues mais qui marque la diversité et l'ouverture, l'universalité des thèmes du film. L'Amour, la Vie, leur histoire. C'est en s'ouvrant à de nouvelles possibilités que la vie avance et évolue. Et rien n'est plus beau que l'amour pour lui donner son rythme et raconter son histoire.
Au total, Trois mille ans à t'attendre est une fable magnifique et onirique sur les contes, l'amour et la vie. C'est une part de philosophie fantastique dans une narration chaotique comme la vie. Miller nous offre un film splendide, un peu fou et décalé qui permet de s'évader. Il y met sa philosophie pour nous conter son amour de la vie ! Swinton est magnifique et Elba, magique ! A must see !
Bon film !
Bande annonce :