Un grand merci à Coin de Mire Cinéma pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Charmants garçons » de Henri Decoin.
« Les hommes, tous pareils ! »
Lulu, chanteuse et danseuse dans un grand cabaret parisien, a de nombreux admirateurs… mais ses aventures amoureuses la déçoivent. Ainsi, Robert, le jeune industriel et homme marié, Edmond, le financier d’âge mûr persuadé que son argent lui donne un sex-appeal infaillible, Jo, le boxeur qui préfère le sport à la tendresse, Alain, le gentleman cambrioleur qui reste malhonnête même en amour, et Charles, l’impresario à tendance misogyne. Tous de charmants garçons avec de vilains défauts ! Lulu se demande si l’homme idéal existe… Quand un soir, un inconnu sort du lot…
« Mon sex-appeal à moi est à la banque ! »
Ancien sportif de haut niveau, Henri Decoin débute sa carrière comme journaliste sportif avant de s'intéresser au cinéma. Sa carrière de réalisateur débute ainsi au début des années 30 a la faveur de l'avènement du cinéma parlant, principalement sous le signe de films légers et de comédies, souvent portés par sa jeune épouse Danielle Darrieux (« Mademoiselle ma mère », « Battement de cœur », « Premier rendez-vous »). La seconde guerre mondiale et sa collaboration avec la continental films semble marquer un premier tournant pour le cinéaste qui ose alors s'aventurer vers des sujets plus sombres et volontiers mélodramatiques (« Les amoureux sont seuls au monde », « Au grand balcon »). C'est aussi à cette époque que ce grand passionné de littérature se lancera dans des adaptations de roman, notamment de Simenon (« Les inconnus dans la maison », « L’homme de Londres », « La vérité sur Bébé Donge »), Steeman (« Dortoir des grandes ») et même Stendhal (« Les amants de Tolède »). Mais dix ans plus tard, au milieu des années 50, sa carrière semble prendre un nouveau tournant, marquée par une succession de films sans réelle cohérence et une volonté un peu désordonnée de s'essayer à plein de genres différents : il se frotte alors aussi bien au film d'aventure en costumes (« L’affaire des poisons », « Le masque de fer »), au film d'espionnage (« Casablanca nid d’espions », « Nick Carter va tout casser ») et même au drame teinté de fantastique (« Maléfices »). En 1957, Decoin se passionne même brièvement pour l'univers du music-hall et du cabaret à qui il dédit successivement deux films: « Folies-Bergères » et « Charmants garçons », tous deux portés par la célèbre meneuse de revue Zizi Jeanmaire.
« Pourquoi veux-tu que je passe à la mairie alors que le salon des arts ménagers me donne entière satisfaction ? »
De prime abord, « Charmants garçons » semble répondre comme un clin d’œil aux « Adorables créatures » réalisé six ans plus tôt par Christan-Jaque, dont il prendrait le parfait contrepied pour nous parler des jeux de l’amour et du hasard en adoptant cette fois le point de vue de la femme. Et plus précisément, du point de vue de Lulu, jeune meneuse de revue courtisée de toutes parts et qui suscite les plus folles passions de bien des messieurs. Mais le panel de ses courtisans n’est pas forcément des plus enviables puisqu’on y retrouve un homme (très) marié, un riche et libidineux industriel allemand (trop) insistant, ou encore un escroc professionnel profitant des soirées mondaines pour (dé)trousser tout ce qui se présente, y compris l’héroïne. Autrement dit, un ramassis de menteurs et de manipulateurs prêts à toutes les bassesses pour tenter de la mettre dans leur lit. En changeant de point de vue, Decoin modernise donc quelque peu les propos de ce genre de films : ce n’est plus tant l’homme vaniteux qui s’amuse à collectionner les conquêtes en brisant les cœurs, mais la femme qui, au centre de toutes les convoitises, a finalement le pouvoir sur tous ses courtisans, même les plus entreprenants. Entre deux numéros de danse et de chant, Decoin tisse donc une comédie très légère et, sommes toutes, un peu datée, dont le principal atout réside dans son joli casting (Daniel Gélin, François Perrier, Gert Fröbe). Avec in fine une morale indémodable : mieux vaut un mauvais garçon qui s’assume qu’un faux gentil calculateur et hypocrite. Une vrai curiosité dans la filmographie de Decoin.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans une Nouvelle restauration 2K à partir du négatif original par Les Productions Roitfeld. Il est proposé en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, la collection « La séance » propose un formidable concept : celui de reproduire les conditions d’une véritable séance d’époque. En mode « Séance complète », le film sera ainsi précédé des authentiques actualités Pathé de la semaine de sortie du film ainsi que de publicités et bandes-annonces d’époque, le tout en HD. En mode film seul, « Charmants garçons » se lancera directement. Le module « French Touch à l’américaine » : documentaire de Roland-Jean Charna, vient compléter cette belle édition.
Édité par Coin de Mire Cinéma, « Charmants garçons » est disponible depuis le 18 mars 2022 dans une très belle édition Digibook, limité à 3000 exemplaires numérotés, comprenant le blu-ray + le DVD du film ainsi qu’un livret reproduisant des documents d’époque (24 pages), 10 reproductions de photos d’exploitation (15,5 x 11,5 cm) et la reproduction de l’affiche d’époque (29 x 23 cm). Un très bel objet qui ravira tous les cinéphiles.
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