[CRITIQUE] : Le pharaon, le sauvage et la princesse

Par Fuckcinephiles
Réalisateur : Michel Ocelot
Avec les voix de : Oscar Lesage, Claire de la Rüe Du Can, Aïssa Maïga,…
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Animation
Nationalité : Français
Durée : 1h23min
Synopsis :
3 contes, 3 époques, 3 univers : une épopée de l'Egypte antique, une légende médiévale de l'Auvergne, une fantaisie du XVIIIe siècle dans des costumes ottomans et des palais turcs, pour être emporté par des rêves contrastés, peuplés de dieux splendides, de tyrans révoltants, de justiciers réjouissants, d'amoureux astucieux, de princes et de princesses n'en faisant qu'à leur tête dans une explosion de couleur.


Critique :

#LePharaonLeSauvageEtLaPrincesse fait dialoguer les époques et les histoires, afin de nous montrer la richesse de la fiction, qu’importe son sujet ou sa morale. Le résultat est sans appel, nous sommes encore et toujours émerveillé⋅es par la proposition. (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/s4MzRbhLFf

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 13, 2022

« Ceux qui n’ont qu’une histoire ne possèdent pas beaucoup d’imagination ». Michel Ocelot, lui, en possède beaucoup. La preuve, il nous propose non pas une mais trois petites histoires dans son nouveau long métrage, Le pharaon, le sauvage et la princesse. Fidèle à ses habitudes, le réalisateur embarque le public dans des contrées (parfois pas si) lointaines – l’Egypte, l'Auvergne ou la Turquie.

Copyright 2022 Nord Ouest Films StudioO/Les Productions du Ch'timi/Musée du Louvre/Artémis Productions


Réalisateur, Michel Ocelot est surtout un conteur hors pair, dont la carrière est parsemée de récit enchanteur, d’histoire d’amour contrariée, de guerre et/ou de féerie. Ce nouveau long métrage perpétue l’héritage du conte, déclamé à haute voix pour un public avide d'aventures. Afin de lier ses histoires, le cinéaste met en place une conteuse qui, au début du film, prend en considération toutes les propositions de son public. Chacun⋅e verra son idée insérée dans une histoire ; un bourreau, un château en Auvergne, une princesse, des histoires d’amour, etc … Il faut y voir, non pas une approbation pour que le public mette des barrières aux auteur⋅ices de fiction, mais plutôt un moyen d’exprimer la richesse du conte. Tout le monde y trouvera de quoi l’émouvoir car les histoires sont le fruit d’imaginations diverses, à la portée de tou⋅tes.
Chaque histoire possède sa propre loi, son propre univers. Celui d’un roi kouchite à la conquête de l’Egypte par amour dans le premier conte, sombrement intitulé Pharaon. Produit grâce à l’aide du Musée du Louvres, Michel Ocelot a pu s’inspirer, à grand renfort d’archives, de véritables légendes. Celui du sort d’un fils de seigneur, aussi sombre que les silhouettes animées, dans les terres de l’Auvergne, au sein du deuxième conte. Et enfin, celui d’une fantaisie orientaliste, inspirée du XVIIIe siècle, aussi opulente que le premier segment était épuré. Avec talent, chaque histoire arrive à nous emporter avec elle, à nous émouvoir ou à nous émerveiller.

Le beau sauvage - Copyright 2022 Nord Ouest Films StudioO/Les Productions du Ch'timi/Musée du Louvre/Artémis Productions



Chacune possède son rythme, sa rigueur. Pharaon est rigide parce qu’il s’inspire d’une réalité historique. L’animation reprend une esthétique égyptienne, avec ses silhouettes de profil et une économie de mouvement, pour mieux établir la grandeur de ce conte, où des dieux prennent une place importante. Le beau sauvage, le deuxième conte, est lui plus macabre. Le rythme se fait redondant, comme une comptine, où se place, au fur et à mesure, d'infimes changements. Les espaces sont immenses, vides. Le petit personnage, qui deviendra le beau sauvage par la suite, se déplace dans cette immensité, minuscule silhouette noire face à la cruauté de son père. Le dernier conte, La princesse des roses et le prince des beignets, baigne (sans mauvais jeu de mots) dans une atmosphère chatoyante. Le conte explose de couleur, de péripéties, d’un humour de situation propre aux farces de Molière.
Il n’existe pas de corrélation entre les histoires, mais nous pouvons y retrouver des thèmes communs : la rébellion contre l’autorité parentale, l’amour qui triomphe de tout et surtout, la force du pardon. Et entre les contes, nous retrouvons la conteuse, comme une respiration en trois temps. Le pharaon, le sauvage et la princesse fait dialoguer les époques et les histoires, afin de nous montrer la richesse de la fiction, qu’importe son sujet ou sa morale. Le résultat est sans appel, nous sommes encore et toujours émerveillé⋅es par la proposition.
Laura Enjolvy