Les Sans-Dents (2022) de Pascal Rabaté

Par Seleniecinema @SelenieCinema

5ème film de Pascal Rabaté depuis son premier essai avec "Cavaliers Faciles" (2006), mais rappelons avant tou que le cinéaste est surtout auteur de bande-dessinée à succès multi-primé avec entre autre titre "Barbusse" (1996), "Les Yeux dans le Bouillon" (2000), "L'Enfant qui rêvait d'Etoiles" (2013) ou "Alexandrin ou l'Art de faire des Vers à Pieds" (2017), dont plusieurs collaborations sur ses livres avec quelques-uns de ses acteurs comme on le verra plus bas. Pour ce nouveau projet le réalisateur-scénariste avait envie de parler des populations "invisibles, comme on les appelle ! Les Migrants, les gens du quart-monde, toutes ces personnes qu'on laisse au bord de la route, qu'on juge, qu'on condamne et qu'on prend surtout bien garde de ranger sous le tapis. En tant que citoyen, je me suis toujours intéressé à eux." Le cinéaste avoue s'être surtout inspiré des comédies italiennes : "J'adore ce cinéma qui parle du monde ouvrier sans jamais tomber dans la condescendance ou le misérabilisme, les comédies d'Ettore Scola, Dino Risi, Mario Monicelli... Avec ce film, comme eux, j'ai eu à coeur d'aller chercher l'émerveillement dans la marge, la poésie dans la précarité."... Un clan de laissés pour compte, solidaires et vivant autant reclus qu'en autarcie, vivent dans une décharge et vivent de trafics de cuivre et de débrouille. Le vie est tranquille mine de rien mais c'est sans compter sur des policiers zélés qui retrouvent leur trace...  

Le chef de la police est interprété par François Morel, collaborateur de Pascal Rabaté sur certaines BD qu'il retrouve aussi après "Ni à Vendre Ni à Louer" (2011), il retrouve aussi sa comparse depuis l'émission TV "Les Deschiens" (1994-1996) Yolande Moreau pour leur 9ème film ensemble depuis "Le Bonheur est dans le Pré" (1995) de Etienne Chatiliez, tous deux retrouvent également leur ami Gustave Kervern après "Ni à Vendre ni à Louer" (2011) pour François Morel, et pour leur 8ème film ensemble avec Yolande Moreau depuis "Enfermés Dehors" (2005) de et avec Albert Dupontel. Ces trois vedettes retrouvent plusieurs acteurs, fidèles de Pascxal Rabaté dont David Salles et Charles Schneider vus dans tous ses films avec "Cavaliers Faciles" (2006), "Les Petits Ruisseaux" (2010), "Ni à Vendre Ni à Louer" (2011) et "Du Goudron et des Plumes" (2014), Vincent Martin vu dans les deux films 2010-2011 et vu récemment dans "Le Tigre et le Président" (2022) de Jean-Marc Peyrefitte, Philippe Rigot vu dans ceux de 2010-2014 et qui retrouve aussi David Salles après "La Dormeuse du Val" (2016) de Manuel Sanchez, puis sinon citons encore Romain Francisco aperçu dans "J'irai où tu iras" (2019) de et avec Géraldine Nakache et "Canailles" (2022) de Christophe Offenstein, les jumeaux Alexandre et Timothée Prince révélés dans "Gomez et Tavarès" (2003) de Gilles Paquet-Brenner et depuis qui écument diverses séries TV, puis Soazig Ségalou qui sort son épingle du jeu dans ce film choral et qu'on avait aperçu auparavant dans "L'Enquête" (2015) de Vincent Garenq... Très nettement, effectivement, le film est inspiré parle cinéma italien et, surtout, on pense forcément au film culte "Affreux, Sales et Méchants" (1976) de Ettore Scola. Le réalisateur français pousse encore loin avec un film quasi expérimental avec une film sans musique, sans sons ajoutés et sans dialogues, ou plutôt avec des dialogues inintelligibles pour ceux qui ne sont pas de ce groupuscule sorte de métissage entre des gens du voyage, des hommes préhistoriques et du SDF. Néanmoins, rappelons que Pascal Rabaté avait déjà osé un film sans dialogue avec "Ni à Vendre Ni à Louer" (2011).

Le parti pris est osé voir casse-gueule à plusieurs niveaux. D'abord basique, un film muet et quasi silencieux n'est pas l'apanage du grand public, plus pragmatique, le film aborde le sujet des pauvres, des démunis, des marginaux mais le film les caricaturent comme des voleurs et des illettrés qui sont sans la moindre hygiène de base. Le réalisateur se doit donc d'être malins et inventifs pour le reste. Des personnages anars qui vivent dans une décharge donc mais où il y a de l'amour, charnelle, amicale ou filiale même. Une mini société multi-culturelle et libre qui ferait presque rêvée si ce n'était pas si sale et violent. Le vrai soucis du film est que Pascal Rabaté obtient l'inverse de ce qu'il aurait aimé, à savoir comprendre les plus démunis, avoir de l'empathie même, et s'il s'est "toujours intéressé à eux" on n'aimerait pas qu'il s'intéresse à nous ! De fait, la comédie qu'il signe surnage grâce à une légère poésie de gouttière, à des personnages attachants (d'autres moins !), tandis que les policiers s'avèrent moins bêtes que prévus. Précisons que les décors sont signés de Angelo Zamparutti, artiste aussi sculpteur et plasticien. Le film est un échec cuisant au box-office avec seulement 15000 entrées France, malheureusement sans surprise. Il manque quelques petites choses pour vraiment s'attacher à eux, et dans le genre on aurait aimé une voie plus marquée soit vers plus de burlesque ou absurde soit vers plus cynique à humour noir plutôt que cet entre deux qui empêche daller plus à fond dans le propos ou les émotions.

Note :      

09/20

Pour info bonus, Note de mon fils de 13 ans :               

07/20