Simone, le Voyage du Siècle (2022) de Olivier Dahan

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Ce film a vu le jour sur des concours de circonstances, d'abord parce que l'actrice Elsa Sylberstein voulait porter à l'écran la vie de Simone Veil (Tout savoir ICI !) depuis plus de 10 ans, ensuite parce que la mort de cette dernière en 2017 a relancé l'intérêt autour d'un tel projet, ensuite parce que ça coïncidait avec l'envie du réalisateur Olivier Dahan de clore une trilogie qu'il avait toujours en tête sur des parcours exceptionnels de figues féminines après la chanteuse Edith Piaf dans "La Môme" (2007) et l'actrice devenue princesse dans "Grace de Monaco" (2014). C'est d'abord l'actrice qui a proposé le projet au réalisateur-scénariste... On suit donc la vie et le destin de Simone Jacob 15 ans en pleine période de l'Occupation jusqu'à Simone Veil, revenue des camps de concentration nazie qui va devenir la femme politique et femme d'État la plu spopulaire de France... 

Le rôle de Simone Veil est joué par deux actrices, de 15 à 37 ans par Rebecca Marder vue récemment dans "Tromperie" (2021) de Arnaud Desplechin mais qui a surtout vécu cette même période au même âge dans "Une Jeune Fille qui va Bien" (2022) de Sandrine Kiberlain, puis après 40 ans par Elsa Zylberstein vue tout récemment dans "Champagne !" (2022) de Nicolas Vanier. Dans la même logique, l'époux de madame est incarné jeune par Mathieu Spinosi aperçu notamment dans "Les Visiteurs : la Révolution" (2016) de Jean-Marie Poiré ou "La Mélodie" (2017) de Rachid Hami, puis plus âgé par olivier Gourmet vu dernièrement dans "Qu'un Sang Impur..." (2020) de Abdel Raouf Dafri, "De Gaulle" (2020) de Gabriel Le Bomin ou "Entre la Vie et la Mort" (2022) de Giordano Gederlini. La maman de Simone est incarnée par Elodie Bouchez plus vue depuis "Guy" (2018) de et avec Alex Lutz et "Pupille" (2018) de Jeanne Herry et qui retrouve Olivier Dahan après "Le Petit Poucet" (2001), tandis qu'une des soeurs est interprétée par Judith Chemla vue récemment dans "Le Sixième Enfant" (2022) de Léopold Legrand et retrouve Rebecca Marder après "Les Goûts et les Couleurs" (2022) de Michel Leclerc. Ensuite citons Philippe Torreton qui retrouve Elsa Zylbertsein après "Je ne Rêve que de Vous" (2019) de Laurent Heynemann et retrouve après "L'Ordre et la Morale" (2011) de Mathieu Kassovitz sa partenaire Sylvie Testud qui elle de son côté retrouve Rebecca Marder après "La Rafle" (2010) de Rose Bosch et Elsa Zylberstein après "Champagne !" (2022), Antoine Chappey qui retrouve Judith Chemla après les deux films "Le Sens de la Fête" (2017) du duo Nakache-Toledano et "Vif-Argent" (2019) de Stéphanie Batut à l'instar de Bastien Bouillon qui retrouve également l'actrice après "À Coeur Battant" (2020) de Keren Ben Rafael, Philippe Lellouche vu surtout chez Claude Lelouch ces dernières années dont "L'Amour c'est Mieux que la Vie" (2021) après lequel il retrouve Elsa Zylbertsein, Urbain Cancelier  acteur fétiche de Jean-Pierre Jeunet qui retrouve Olivier Gourmet après "Eugénie Grandet" (2021) de Marc Dugain. Puis n'oublions pas Antoine Gouy vu récemment dans "Tendre et Saignant" (2022) de Christopher Thompson, Lubna Azabal actrice globe-trotteuse de "Aram" (2002) de Robert KJechichian à "Rebel" (2022) de Adil El Arbi et Bilall Fallah en passant par "Incendies" (2010) de Denis Villeneuve ou "Rock the Casbah" (2013) de Laila Marrakchi, Florence Muller vue récemment dans "Goliath" (2022) de Frédéric Tellier et "La Vraie Famille" (2022) de Fabien Gorgeart, puis enfin Bernard Campan qu'on n'avait pas vu depuis "Edmond" (2019) de Alexis Michalik... L'histoire du film, et donc l'histoire de Simone Veil n'est pas racontée de façon linéaire mais se joue de la chronologie passant du passé au futur sans réelle cohérence de temps. Mais loin d'être gratuit, ce stratagème permet des ellipses forcément longues et obligatoires sur une existence de 89 ans qu'il faut résumer en 2h20. De plus, la construction narrative ainsi montée entre falsh-backs et flash-forwards permet de donner du rythme alors que certains passages peuvent être redondants. Par exemple, les parties enfance au bord de l'eau sont sans doute trop importantes car ne racontent rien au bout de la 3ème scène.

Par contre, on aime ce fil conducteur de sa mémoire autour de sa déportation qui est logiquement fondatrice de sa volonté et de son ambition future malgré elle sans doute. Mais la vraie réussite du film réside dans ce scénario qui donne toute sa place à la mémoire (de Simone et par ricochet à tout un pan de l'Histoire), mais aussi à ses combats politiques sans pour autant en faire des croisades interminables à l'écran. Le récit est condensé de façon judicieuse préférant les faits marquants et les scènes plus ou moins chocs pour raviver des faits historiques et/ou des moments fatidiques dans la carrière de Simone Veil. Choix qui permet d'élargir l'éventail sur "seulement" 140 minutes. Par contre le film pêche par deux paramètres, deux choses qui laissent perplexes, un détail d'abord avec cette incroyable destin qui ne serait entaché d'aucune zone d'ombre d'aucune sorte ce qui parait étonnant quand on est humain, d'autant plus quand on fait de la politique, sujet aux secrets et aux compromis. Simone Veil la perfection à la française ?! Puis, plus embarrassant, on s'interroge forcément sur la quasi absence de Denise Vernay (Tout savoir ICI !) soeur de Simone, qui est complètement occultée alors qu'elle a été résistante déportée survivante et très active pour la mémoire de la Shoah en France ?! Une épine très gênante dans ce biopic qui est pourtant très porté "famille". Néanmoins Olivier Dahan signe son plus beau film, son plus beau biopic, d'abord grâce à Elsa Zylbertsein éblouissante de par sa performance et de par son investissement, grâce à une mise en scène qui n'est jamais figée, et un récit bien construit à la fois concentré et ludique. Malgré quelques facilités ou omissions dommageables, cela reste un "voyage du siècle" qui porte bien son nom, à voir et à conseiller. Note indulgente.

Note :      

14/20