Long Week-End (1978) de Colin Eggleston

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après avoir travaillé sur quelques séries TV, le réalisateur australien avait déjà signé un long métrage avec "Fantasm Comes Again" (1977) mais sous le pseudo de Eric Ram, au cas où sans doute (?!). Mais cette fois il assume avec un film de genre qui se place directement dans le sens de la Ozploitation (courant australien du film de genre) à l'instar des "Walkabout" (1971) de Nicolas Roeg, "Wake in Fright" (1971) de Ted Kotcheff, "Auberge des Damnés" (1975) de Terry Bourke, "Mad Dog Morgan" (1976) de Philippe Mora et même les "Mad Max" (1979-2015) de George Miller pour les plus connus. Cette fois Colin Eggleston réalise un film écrit par Everett De Roche qui va devenir un des scénaristes les plus emblématiques de la Ozploitation avec "Patrick" (1978) de Richard Franklin, "Harlequin" (1980) de Simon Wincer, "Les Bourlingueurs" (1981) de David Hemmings ou le culte "Razorback" (1984) de Russell Mulcahy. Pour cette histoire on suit un couple isolé sur une plage reculée qui va devoir survivre face à un mal invisible ou imperceptible. Notons que le film aura son remake exact toujours d'après le scénario de De Roche avec "Long Week-End" (2008) de Jamie Blanks... 

Un jeune couple de citadins en crise décide de faire un break en allant faire du camping sauvage sur une plage isolée. Malgré le calme et la beauté des lieux les tensions perdurent tandis que le camping sauvage s'avère moins sympathique que prévu pas aidé non plus par le peu de considération des citadins pour le respect de la nature ce qui attise encore les tensions au sein du couple... Le couple est incarné par Briony Behets qui a débuté dans la Ozploitation avec entre autre "Night of Fear" (1973) de Terry Bourke, qui retrouvera aussi Colin Eggleston pour "Cassandra" (1986), plus récemment l'actrice était à l'affiche de la série TV "Grand Galop" (2008), puis John Hargreaves qui retrouvera aussi le réalisateur mais pour "Dakota Harris" (1986), et sera vu aussi dans "Malcolm" (1986) de Nadia Tass, "Cry Freedom" (1988) de Richard Attenborough ou "Country Life" (1994) de Michael Blakemore, et après retrouve après "Les Cascadeurs de la Mort" (1976) de Brian Tranchard-Smith son partenaire Roy Day vu auparavant dans les séries TV "Homicide" (1964-1976) et "Division 4" (1969-1975) sur lesquels travaillaient d'ailleurs le scénariste Everett De Roche. Citons ensuite Michael Aitkens qui deviendra surtout scénariste pour la télévision notamment sur les séries TV "À Coeur Ouvert" (1982-1985) ou "Inspecteur Barnaby" (2008-2013)... Le film débute simplement comme une comédie dramatique sur un couple en crise mais on s'attend évidemment à l'arrivée impromptue d'un mal comme un serial killer, un rednek cinglé ou une bande de gamins psychopathes une fois installée sur leur plage où ils espèrent se ressourcer et réparer ce qui peut encore l'être dans leur couple.

Seuls en bord de mer, monsieur aime tirer au fusil sur quelques volatiles tandis que madame préfèrent la farniente au soleil. On remarque que le camping sauvage est celui de citadin plutôt que de ruraux, pas de toile canadienne et du simple matériel de survie et de première nécessité, le couple est venu avec un camping-car flambant neuf et tout le matériel moderne du camping (en 1978 !). Mais on remarque surtout que le couple continue à vivre avec leurs habitudes et réflexes des villes sans se soucier ni de la faune ni de la flore qui les entourent. Très vite on sent ce qui se passe, doucement, subrepticement au même titre que le climax change pour aller vers quelque chose de plus anxiogène, mystérieux, imperceptible. Dans un sens on peut penser au chef d'oeuvre "Aguirre la Colère des Dieux" (1972) de Werner Herzog en ce qui concerne la nature face à l'homme, ou à "127 Heures" (2011) de Danny Boyle pour l'isolement total prisonnier de son environnement sauvage. Outre une jeune femme qui ne voulait de toute façon ne pas être là, et son homme égoïste et finalement antipathique on est saisi par cet atmosphère étouffante qui devient de plus en plus claustrophobe malgré le plein air grâce à des idées géniales qui s'immisce par-ci par-là comme le travail sur le son des différents animaux et de la nature, la découverte de d'animal marin sur la plage ou l'incident de harpon. Colin Eggleston signe un thriller psycho-écolo malin et pertinent mais aussi terrifiant grâce à une montée en puissance savamment orchestrée. Un excellent film à conseiller.

Note :      

17/20