[CRITIQUE] : Le Nouveau Jouet

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : James Huth
Acteurs :  Jamel Debbouze, Daniel Auteuil, Simon Faliu, Alice Belaïdi,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h52min.
Synopsis :
Sami vit heureux dans une cité de banlieue, entre ses amis, voisins et sa femme Alice. Pour l’anniversaire de son fils, l’homme le plus riche de France fait ouvrir le grand magasin qui lui appartient. Alexandre choisit Sami, le gardien de nuit, comme nouveau jouet...


Critique :

Avec #LeNouveauJouet, exit le sous-texte subtil et cruel de la satire sociale originale et bonjour le remake 2.0 shooté à la start-up nation où Huth oppose dans un humour potacho-gentillet l'opulence de la bourgeoisie à la précarité de la banlieue pour mieux humaniser les 1ers. pic.twitter.com/lFunXmsNkp

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 20, 2022

Il est toujours mauvais de tirer aveuglément sur l'ambulance de la comédie populaire française dite " facile " - pour être poli -, ne serait-ce parce que cela alimente les commentaires tout aussi faciles de spectateurs/haters bas du front considérant que le cinéma hexagonal ne produit que cela (absurdité elle-même alimentée il est vrai, par une campagne promotionnelle résolument plus importante pour ce type de production), mais aussi et surtout parce que cracher sa bile sans le moindre argument (et parfois même sans avoir vu le film en question dans son vomis textuel), démontre avant tout et surtout que l'on est un média ne visant que du putaclic - donc inconsistant et à chier, pas de ça chez nous.
Sur le papier, et fort d'une promotion - que ce soit son affiche comme sa bande annonce - qui ne laissait présager qu'une potentielle catastrophe comme les salles en connaîtront sûrement encore quelques-unes d'ici le glas de la fin d'année, Le Nouveau Jouet de James Huth, remake improbable du Jouet de Francis Veber (également de retour en salles cette semaine), avait presque tout du cas d'école proprement indéfendable, entre l'objet purement opportuniste et l'aveu à peine masqué d'une incroyable paresse scénaristique (pourquoi refaire ce qui, même encore aujourd'hui, tient solidement la route ?).

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Relecture inversée dont le cynisme se retrouve dès son titre et sa reproduction plan par plan de plusieurs séquences du film original, baignant dans un budget confortable qui, finalement, ne fait que refléter l'image même nauséabonde qu'il véhicule (et encore plus aujourd'hui dans une société de plus en plus divisée), le film oppose dans un humour potacho-gentillet l'opulence de la bourgeoisie à la précarité de la banlieue pour mieux humaniser les premiers (une famille traumatisée par la perte d'une femme et d'une mère, excuse même les pires comportements) et tourner en ridicule les seconds qui, malgré tout, son bien heureux de n'avoir que l'amour et la solidarité comme biens.
Fâcheux, d'autant que tout le sous-texte subtilement cruel de son aîné se voit ici plus maladroitement et brutalement dégainé, le tout enrobé d'une morale faisandée (oui, l'argent ne fait pas le bonheur, pas même pour ceux qui en ont jusqu'à ne plus pouvoir le compter) que même la partition énergique de Jamel Debbouze ne peut sauver du gouffre - pas même un Daniel Auteuil en pilote automatique.
Avec un James Huth dont la réalisation est expurgée de toute son essence cartoonesque, Le Nouveau Jouet est un sommet de comédie sociale surannée et aseptisé, apologie de la start-up nation tout en faisant un clin d'oeil lourdaud à la génération YouTube.
Revoyez l'original, et laissez par pitié le cinéma génial de Francis Veber qui n'a besoin d'aucune révision moderne pour être toujours aussi juste et désopilant.
Jonathan Chevrier