Réalisateur : Kilian Riedhof
Avec : Pierre Deladonchamps, Zoé Iorio, Camélia Jordana,...
Distributeur : Haut et Court
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min
Synopsis :
Comment surmonter une tragédie sans sombrer dans la haine et le désespoir ? L’histoire vraie d’Antoine Leiris, qui a perdu Hélène, sa femme bien-aimée, pendant les attentats du Bataclan à Paris, nous montre une voie possible : à la haine des terroristes, Antoine oppose l’amour qu’il porte à son jeune fils et à sa femme disparue.
Critique :
Rendant trop impersonnel une histoire qui était totalement l'inverse, pas même aidé par la prestation d'un Pierre Deladonchamps pourtant touchant, #Vousnaurezpasmahaine rate le coche et se fait une illustration plate et douloureusement sans âme du roman éponyme dont il s'inspire. pic.twitter.com/vp7Drlgb5p
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 31, 2022
L'ombre des attentats du 13 novembre 2015 est tellement prégnante (son procès ne s'est clôt il y a une poignée de semaines seulement), qu'il est difficile de ne pas ressentir quelque chose de profondément voyeuriste, voire même de sournoisement opportuniste, dans la propension qu'a le septième art hexagonal à vouloir raviver cette blessure - qui ne se fermera jamais vraiment - où décortiquer sous toutes les coutures ces tragiques événements, d'autant plus si ce n'est pour rien ne présenter face caméra, qu'une simple mise en images des faits.
Si l'on peut très vite disculper Alice Winocour et son magnifique Revoir Paris, dont les intentions intimes (son frère a survécu à l'attaque du Bataclan) ont débouchées sur une médiation subtile sur le traumatisme, le deuil de soi et l'importance de la réappropriation des souvenirs pour avancer, comprendre et accepter que plus rien ne sera jamais pareil; difficile d'en faire autant pour Novembre de Cédric Jimenez, enferme sa reconstruction stricto sensu des événements du 13 novembre dans le prisme du polar sec et conventionnel où il n'y a de place que pour l'action et non pour la réflexion, abandonnant tout regard sociétal où même tout ancrage à des personnages taillés à la serpe.
Un exposé sobre donc mais surtout férocement didactique et inconsistant.
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Si le couperet n'est pas encore tombé en ce qui concerne Un an, une nuit d'Isaki Lacuesta (encore sans date de sortie dans l'hexagone, et adapté l'autobiographie de Ramon González, également survivant de l'attaque terroriste du Bataclan); pour Vous n'aurez pas ma haine de Killian Riedhof en revanche, ce n'est pas tout à fait la même limonade... pas du tout même.
Pas si éloigné de Novembre dans le sens où il est expurgé de tout point de vue fort où même de réflexion, le film n'incarne qu'une mise en perspective plate du roman éponyme dont il s'inspire (déjà passé par la case pièce de théâtre et documentaire), celui du jeune journaliste Antoine Leiris dont la femme est décédé pendant les attentats du Bataclan, et qui avait ému tout le monde à la suite de son poignant post Facebook adressé aux terroristes.
Se voulant comme une mise en images douloureuse et factuelle des conséquences et de la gestion du deuil d'un père suite à ce traumatisme collectif, le film ne se fait qu'une illustration plate et sans âme d'une histoire intime pourtant furieusement bouleversante, quand les partis pris du réalisateur ne se montre pas parfois grossier dans sa volonté de trop jouer la carte du symbolisme, voire ridicule dans sa simplification à outrance des émotions complexes qu'ils sont censés porter.
Rendant totalement impersonnel une histoire qui était scrupuleusement l'inverse, pas même aidé par la prestation d'un Pierre Deladonchamps pourtant touchant, Vous n'aurez pas ma haine est l'ultime goutte d'eau qui fait déborder le vase d'une récupération - majoritairement - voyeuriste des événements.
Quelques semaines après la fin du procès, laissons enfin les familles et les victimes faire leur deuil.
Jonathan Chevrier