[CRITIQUE] : Mon Pays Imaginaire

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Patricio Guzmán
Avec : -
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Chilien, Français.
Durée : 1h23min
Synopsis :
« Octobre 2019, une révolution inattendue, une explosion sociale. Un million et demi de personnes ont manifesté dans les rues de Santiago pour plus de démocratie, une vie plus digne, une meilleure éducation, un meilleur système de santé et une nouvelle Constitution. Le Chili avait retrouvé sa mémoire. L’événement que j’attendais depuis mes luttes étudiantes de 1973 se concrétisait enfin. » Patricio Guzmán.


Critique :

Comme s'il bouclait la boucle cinématographique de son formidable cinéma militant, Patricio Guzmán fait de #MonPaysImaginaire une mise en images puissante et rayonnante des manifestations de 2019 au Chili, en faisant dialoguer la révolution d'hier avec celle d'aujourd'hui pic.twitter.com/SaLi2fgzis

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 31, 2022

Il y a comme une sorte de retour aux sources - où tout du moins, d'une boucle cinématographique enfin bouclé - de son formidable cinéma militant et engagé qui se dégage du nouveau documentaire du maestro Patricio Guzmán, Mon Pays Imaginaire, énième cartographie aux images puissantes d'un Chili ultra-conservateur et socialement bouillant, où il utilise son expérience pour méditer sur les parallèles entre la révolution d'hier et celle d'aujourd'hui, cloué aux contestations et à l'optimisme incroyable de millions de personnes qui ont élevé la voix et forcé le monde à les écouter; contaminant fougeusement son auditoire avec son admiration pour la combativité des femmes et des jeunes qui descendent dans la rue pour détruire les nombreuses injustices héritées des présidences d'Allende et de Pinochet.

Copyright Pyramide Distribution


Un regard à la fois réfléchi et plein de d'humilité, où le cinéaste dévoile autant son incompréhension (un mouvement populaire moderne sans leader pour le porter, mais qui le ramène pourtant constamment aux souvenirs du passé) que sa volonté d'opérer un passage de relai symbolique aux nouvelles générations (d'autant qu'il est lui-même un exilé aujourd'hui), s'appuyant sur leur témoignages, toutes plus divers les uns que les autres (photographes, journalistes, politiques, sauveteurs,...) pour nourrir la narration de cette retranscription d'un mouvement pétri d'optimisme et de désir de démocratie, vissée sur la douleur du présent autant que sur l'espoir - peut-être trop utopique pour les Européens que nous sommes - de faire naître un pays meilleur demain, là où nous autres plus cartésiens, préférons nous perdre dans des guerres sans fin.
Si la réalité a malheureusement rattrapé la vérité du documentaire (le référendum a invalidé la nouvelle constitution le mois dernier), l'effort n'en est pas moins nécessaire et rayonnant.
Jonathan Chevrier