[critique] : x

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Ti West
Avec : Mia Goth, Jenna Ortega, Martin Henderson, Brittany Snow, Kid Cudi, Owen Campbell,...
Distributeur : Kinovista
Budget : -
Genre : Epouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h45min
Synopsis :
Fin des années 70, une équipe de tournage investit une maison isolée du fin fond du Texas pour y réaliser un film X. À la tombée de la nuit, les propriétaires des lieux surprennent les cinéastes amateurs en plein acte. Le tournage vire brutalement au cauchemar.


Critique :
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Après une bonne décennie dans le brouillard, lui qui avait pourtant sacrément casser la baraque avec son férocement jouissif House of The Devil, ce bon vieux Ti West sort des limbes de l'horreur US où beaucoup de jeunes talents prometteurs se sont perdus (Lucky McGee si tu nous lis...), et nous pond avec X rien de moins qu'un hommage savoureusement sanglant et drôle au cinéma indé US des 70s
Une sorte de bonbon acidulé et nostalgique qui distille un faux parfum réconfortant à son auditoire avant de pleinement basculer dans une horreur où les corps tombent comme des mouches.
Prenant le pli d'un pitch prétexte (a la fin des 70s, le propriétaire d'un club de strip-tease Wayne décide de réunir un groupe d'amis, d'employés et autres amoureux du cinéma idéalistes, pour tourner un film porno censé les rendre tous célèbres... sur le papier) pour mieux détourner les attentes, West se sert des attentes de son auditoire (une simple parodie choquante et gore faisant du tournage d'un film pour adulte un vrai bain de sang) pour mieux les pervertir dans un petit tour de passe-passe logiquement sous influences (Massacre à la tronçonneuse et l'humidité étouffante du Texas en tête) mais définitivement plus intelligent qu'il n'en a l'air.

Copyright capelight pictures OHG / Christopher Moss


L'usage de l'angle pronographique a ici deux objectifs bien distincts : donné à la fois un aspect méta délirant aux artifices des slashers où la nudité facile et décomplexée est un véritable code en soi, mais aussi se servir de cette industrie (dont les similitudes avec l'horreur sont nombreuses) pour tirer un portrait plus large du cinéma indépendant, dans une véritable ode à l'esprit de création et au bricolage, symbole du pan d'une industrie vibrant autant du désir réel de se libérer du carcan répressif des studios que de devenir tutoyer du bout de la pellicule la renommée, tout en faisant du bon cinéma vissé autour d'une idée fédératrice et une vraie vision artistique.
Frappé d'un ton léger franchement rafraîchissant - même quand le carnage fait son office - sans pour autant se délester d'une écriture pointue faisant la part belle à ses personnages (Mia Goth vole clairement la vedette, même si Brittany Snow est géniale en actrice porno en herbe), ni même d'une ambiance angoissante (à travers de longues prises so A24, du split-screen à la De Palma et un montage au cordeau); X fonctionne étonnamment bien à la fois comme une comédie potache que comme une bande horrifique (très) sanglante et outrancière, pas dénué de quelques stéréotypes fatigués certes (cette sempiternelle vieillesse tordue...), mais méchamment percutante dans sa générosité et son imprévisibilité.
Le mojo de Ti West est enfin de retour et espérons qu'il ne le quitte pas de sitôt dans sa rationnalisation autant que dans sa modernisation des codes du cinéma horrifique ricain.
Vivement (vraiment) Pearl maintenant !
Jonathan Chevrier