[CRITIQUE] : My Policeman

Par Fuckcinephiles
Réalisateur : Michael Grandage
Avec : Emma Corrin, Harry Styles, David Dawson,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h53min
Synopsis :
Le destin de Tom, policier, de Marion et de Patrick, conservateur de musée. Tous trois vont vivre un voyage riche en émotions dans la Grande-Bretagne des années 50. Dans les années 90, Tom, Marion et Patrick sont toujours transportés par le désir et le regret, mais ils ont une dernière chance de réparer les dégâts du passé.


Critique :

Si son rythme lancinant et sa narration non linéaire en décontenancera plus d'un, #MyPoliceman est un drame intime à la fois bouleversant et galvanisant, émouvant à la fois dans les affres innocents et fougueux de la jeunesse que dans la douleur et la mélancolie de la maturité. pic.twitter.com/zspbJvKEn4

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 4, 2022

À l'instar du récent Don't Worry Darling d'Olivia Wilde, qui a vu son jeu critiqué par la simple force d'un court extrait totalement ôté de son contexte, beaucoup se lanceront dans la vision de My Policeman de Michael Grandage avant tout et surtout pour critiquer la performance d'Harry Styles, comme si celle-ci importait finalement plus que le film en lui-même, histoire de dégainer son petit post/tweet mesquin et de récolter quelques maigres likes, pour faire " comme tout le monde ".
Tant pis pour eux après tout, tant cette adaptation du roman éponyme de Bethan Roberts est une proposition tendre et profondément mélancolique qui prend toute son ampleur quant on la replace judicieusement dans le contexte de son cadre - le milieu du XXème siècle -, et non quant on lui plaque des attentes plus contemporaines (comme pour Call me by your name).
Miroir d'une époque plus répressive - et pas uniquement outre-Manche -, où l'homosexualité était considérée comme illégale (jusqu'en 1967), le film est un rappel brutal et nécessaire du combat - toujours d'actualité - pour la communauté LGBTQ+ pour faire valoir ses droits, et à quel point les avancées modernes restent fragiles.

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L'histoire suit, à Brighton en 1957, d'un jeune policier nommé Tom, dont la rencontre fortuite avec le conservateur du musée local Patrick, va se transformer en quelque chose de bien plus fort qu'une simple amitié.
Avec la petite amie sans méfiance de Tom, Marion, ils vont former une sorte de trio inséparable et se lancer dans une série exubérante d'aventures estivales.
Mais lorsque Tom et Marion se marient, ledit trio se scinde en une paire de duos opposés- dans tous les sens du terme - où les inévitables complications émotionnelles, sociales et sexuelles vont s'inviter de la plus tragique des manières qui soit.
Aussi crédible qu'il est sensible et tangible dans sa mise en images d'un amour clandestin et passionné étalé sur quatre décennies, dont les ravages déchirants ne concernent pas uniquement les deux amants - le mensonge consume les coeurs de tout le monde -, My Policeman et son rythme lancinant - doublé d'une narration non linéaire - en décontenancera plus d'un mais il est de ses péloches à qui il faut laisser le temps (même à une mise en scène qui peine à donner de la puissance aux émotions que les comédiens distillent avec une justesse rare) de s'exprimer pour mieux exploser.
Émouvant à la fois dans les affres innocents et fougueux de la jeunesse que dans la douleur et la mélancolie de la maturité, où chacun doit accepter le passé pour espérer un bonheur au présent, My Policeman, embaumé par la photographie solaire de Ben Davis et porté par un superbe trio Harry Styles/David Dawson/Emma Corrin, est un drame intime et authentique à la fois bouleversant et joliment galvanisant.
Une belle découverte pour un Prime Video qui ne les aligne pas à la pelle.
Jonathan Chevrier