[CRITIQUE] : Couleurs de l'incendie

[CRITIQUE] : Couleurs de l'incendieRéalisateur : Clovis Cornillac
Avec : Alice Isaaz, Olivier Gourmet, Alban Lenoir, Jérémy Lopez, Johan Heldenbergh, Clovis Cornillac, Nils Othenin-Girard, Fanny Ardant,…
Distributeur : Gaumont
Budget : -
Genre : Historique, Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 2h16min
Synopsis :
Adaptation de Couleurs de l'incendie de Pierre Lemaitre, suite de la saga initiée par Au revoir là-haut
Février 1927. Après le décès de Marcel Péricourt, sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l'empire financier dont elle est l'héritière. Mais elle a un fils, Paul, qui d'un geste inattendu et tragique va la placer sur le chemin de la ruine et du déclassement. Face à l'adversité des hommes, à la corruption de son milieu et à l'ambition de son entourage, Madeleine devra mettre tout en œuvre pour survivre et reconstruire sa vie. Tâche d'autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l'incendie qui va ravager l'Europe.

Critique :

#CouleursdeLIncendie incarne une solide adaptation s'appuyant intelligemment sur une écriture faisant la part belle à ses persos (campés avec justesse par un casting au diapason) tout en les confrontant autant à leurs propres maux qu'à ceux d'un Vieux Continent en pleine mutation pic.twitter.com/KRWuhb1yfE

— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 8, 2022

Il y a quelque chose d'assez injuste finalement dans le fait que Clovis Cornillac, au demeurant l'un des meilleurs (oui) comédiens de sa génération, soit passé derrière la caméra dans une indifférence presque générale, concoctant dans un premier temps une merveille de petite comédie romantique tendre et délicate (Un peu, beaucoup, aveuglément, pour lequel il se met en scène aux côtés de la pétillante Mélanie Bernier), puis une excellente suite - la dernière - à l'adaptation sur grand écran de Belle et Sebastien, - sobrement intitulée Le Dernier Chapitre; avant de réaliser une sorte de fusion de ses deux premiers efforts - avec une belle touche de fantastique -, via C'est Magnifique !, une quête identitaire fantaisiste et tendrement naïve d'un quadragénaire ingénu couvé de la folie du monde (et interprété par ses propres soins).
À mesure que les années passent, sa caméra prend autant d'expérience que d'ambition, et c'est directement dans les glorieux pas d'Albert Dupontel (et de son plus bel effort, Au-Revoir Là-haut, dont il constitue la suite) qu'il s'inscrit avec Couleurs de l'Incendie, adaptation du roman éponyme de Pierre Lemaître dont il signe également le scénario (tout en s'octroyant lui aussi, un rôle à l'écran), et qu'il croque comme une grande fresque d'époque, un vrai morceau de cinéma populaire certes pas dénué de quelques  couacs, mais d'une humanité bouleversante.

[CRITIQUE] : Couleurs de l'incendie

Copyright 2020 GAUMONT – LA COMPANY – UMEDIA – FRANCE 2 CINEMA


Au faste et à la virtuosité du film de Dupontel (qui jouait autant la carte de l'adaptation que de la réinvention fantastique), Cornillac préfère concocter une réponse résolument plus classique même si son ouverture un brin tapageuse - voire toc -, laisse faussement transparaître le contraire (un solide plan-séquence qui se voit plombé par un effet de manche éculé pour appuyer la tragédie de la situation).
Vissé sur l'histoire tragique d'une mère - Madeleine Péricourt - et de son fils, dont le virage dramatique s'opère au moment même où celle-ci hérite de l'empire financier de son père et que la chair de sa chair tente de mettre fin à ses jours.
Tous deux victimes de leur entourage furieusement manipulateur et cupide, ils vont survivre tant bien que mal face à l'adversité et la brutalité des hommes - Madeleine reste une nouvelle fois une femme déterminée et contrainte à l'action -, avant de lentement mais sûrement se reconstruire et goûter aux fruits d'une hypothétique revanche.
Avec un ton alternant savamment entre gravité et ironie, Cornillac orchestre sa narration et ses (nombreux) rebondissements sans encombre, s'appuyant intelligemment sur une écriture faisant la part belle à ses personnages tout en les confrontant autant à leurs propres maux (avidité, trahison, vanité, convoitise,...) qu'à ceux d'un Vieux Continent en pleine mutation (crise financière, développementdu capitalisme, montée du fascisme et du nazisme,...).

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Incarné avec justesse (mention au tandem Léa Drucker et Benoît Poelvoorde, absolument incroyable) et porté par une reconstitution élégante du Paris de la fin des années 20, Couleurs de l'Incendie ne pêche finalement que dans une mise en scène un brin inégale et manquant cruellement d'ampleur.
Pas de quoi rebuter cela dit à la vision de ce qui était annoncé, sur le papier, comme un pari perdu d'avance par le cinéaste...
Jonathan Chevrier
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