Cinéma | ARMAGEDDON TIME – 12/20

Par Taibbo

De James Gray
Avec Anne Hathaway, Jeremy Strong, Banks Repeta

Chronique : Immense réalisateur souvent incompris (que ce soit à Cannes ou aux Oscars), James Gray a toujours insufflé à ses œuvres une dimension personnelle qu’il camoufle derrière du cinéma de genre. Il s’est ainsi confronté aux films de gangster et de mafieux (The Yards, La Nuit nous appartient), aux fresques historiques (The Immigrant), aux films d’aventure (The Lost City of Z) ou encore à la SF (Ad Astra). Mais à chaque fois la famille, et en particulier la figure paternelle, est au cœur du récit.
Armageddon Time est cette fois-ci plus frontalement autobiographique. Coming of age story mélancolique, le film raconte au début des années 80 la perte d’innocence du jeune Paul, garçon issu d’une famille juive du Queens, un peu rêveur et aspirant à un destin artistique. Il va se heurter aux incompréhensions de sa famille et de ses enseignants. C’est surtout vrai à la maison, où ses parents ont un mal fou à communiquer avec lui et mêlent les mots aux larmes et aux coups. Seul son grand-père semble le comprendre et lui apporter des perspectives moins sombres. Cette relation, touchante et réconfortante, est le nœud émotionnel du film qui sert de fil rouge à l’entrée de Paul dans le monde adulte.
Un monde dur et abrupte qu’il va appréhender d’une part à travers son amitié avec un jeune garçon noir et d’autre part à travers ses échecs scolaires, qui conduiront ses parents à le passer du public au privé. C’est l’année de l’arrivée de Reagan au pouvoir et du tournant néo-libéral pris par les Etats-Unis, avec comme symbole dans Armaggedon Time, la famille Trump mécène de la nouvelle école de Paul.
Entre déterminisme social et racisme systémique, le jeune homme découvre la rudesse de la société dans laquelle il va devoir évoluer tout en constatant la trahison des idéaux de justice de son pays.
Les acteurs, le jeune Banks Repeta en tête, sont excellents, vraiment. Ils jouent tous une partition d’une grande justesse que la mise en scène très travaillée et la photographie incomparable de Darius Khondji relèvent magnifiquement.
Mais malgré toutes ses qualités formelles et la précision de sa reconstitution, et contrairement à ses précédents films, je n’ai pas été touché par l’histoire et suis resté assez largement en dehors de l’émotion. Peut-être la pudeur apportée à ce récit plus directement autobiographique ? C’est possible, toujours est-il que je suis visiblement passé un peu à côté.

Synopsis : L’histoire très personnelle du passage à l’âge adulte d’un garçon du Queens dans les années 80, de la force de la famille et de la quête générationnelle du rêve américain.