Nouveau film de Valeria Bruni-Tedeschi qui s'inspire souvent de son vécu et de sa vie, et cette fois elle se penche sur sa période de formation quand elle suivait les cours au Théâtre des Amandiers (Tout savoir ICI !) alors sous la direction du réalisateur Patrice Chéreau et Pierre Romans ; tout en insistant sur le fait qu'ils ne sont pas vraiment les fondateurs. La cinéaste était donc à l'époque dans les années 80 camarades avec entre autre Agnès Jaoui, Vincent Pérez, Marianne Denicourt mais aussi Bernard Nissille et Isabelle Renauld auxquels elle offre d'ailleurs deux petits rôles. La réalisatrice-actrice co-signe le scénario avec Noémie Lvosky et Agnès de Sacy, qui ont déjà collaboré sur ses précédents films "Il est plus facile pour un Chameau..." (2002), "Actrices" (2007), "Un Château en Italie" (2013) et "Estivants" (2018). Les trois collègues et amies ont écrit en collaboration avec Caroline Garrel-Deruas, conjointe de Philippe Garrel et dont deux des enfants jouent dans le film, puis réalisatrice du film "L'Indomptée" (2017)... Fin des années 80, toute la troupe a 20 ans et s'apprête à passer le concours d'entrée à l'école des Amandiers de Nanterre. Alors qu'ils sont à un tournant de leur vie tous ces jeunes vivent aussi leurs passions, leurs amours...
Valeria Bruni-Tedeschi a réuni de véritables jeunes talents d'une génération qui émerge pour incarner la troupe des Amandiers qui ont d'ailleurs pratiquement tous croisés leur scénariste-actrice Noémie Lvovsky dans un film, en premier lieu la plus connue Nadia Tereszkiewicz qui la retrouve après "Deux Fils" (2018) de et avec Félix Moati, vue depuis dans "Persona Non Grata" (2019) de et avec Roschdy Zem, "Seules les Bêtes" (2019) de Dominik Moll ou "Babysitter" (2022) de Monia Chokri, suivent Sofiane Bennacer aperçu dans "Cette Musique ne joue pour Personne" (2021) de Samuel Benchetrit, Vassili Schneider frère de Niels avec qui il a tourné dans "Diamant Noir" (2016) de Arthur Harari, qui retrouve aussi Noémie Lvovsky après "À Coeur Battant" (2020) de Keren Ben Rafael et vu récemment dans "Notre-Dame Brûle" (2022) de Jean-Jacques Annaud, Suzanne Lindon (fille de Vincent et Sandrine Kiberlain) qui vient de réaliser son premier film "Seize Printemps" (2021) dans lequel elle joue le rôle principal, Eva Danino vue récemment dans "Les Goûts et les Couleurs" (2022) de Michel Leclerc, Sarah Henochsberg vu dans "Arthur Rambo" (2022) de Laurent Cantet et "Les Jeunes Amants" (2022) de Carine Tardieu justement écrit par Agnès de Sacy, Liv Hennequier vu dans "Crache Coeur" (2016) de Julia Kowalski et "Douze Mille" (2020) de Nadège Trebal, Alexia Chardard révélée dans le dyptique "Mektoub my Love" (2016-2018) de Abdellatif Kechiche et vue dans l'excellent "Barbarque" (2021) de et avec Fabrice Eboué, puis enfin Léna Garrel, fille de la scénariste qui ajoué d'ailleurs dans tous les films de sa mère, et soeur de son partenaire Louis Garrel, ex-conjoint à la ville de Valeria Bruni-Tedeschi pour qui il joua dans "Actrices" (2007) et "Un Château en Italie" (2013), qui retrouve Noémie Lvovsky après "Un Peuple et son Roi" (2018) de Pierre Schoeller et "L'Envol" (2022) de Pietro Marcello et qui, après "Saint-Laurent" (2014) de Bertrand Bonello et "Le Redoutable" (2017) de Michel Hazanavicius dans lequel d'ailleurs il jouait un autre grand réalisateur, passant ainsi de Jean-Luc Godard à Patrice Chéreau, retrouve son partenaire et ami Micha Lescot qui lui-même retrouve Noémie Lvovsky après "Camille Redouble" (2012) et "Demain et Tous les Autres Jours" (2017)... Le film débute avec les auditions de jeunes comédiens pour intégrer l'école et le théâtre des Amandiers, des comédiens inconnus qui frappent par leur folie, leur désir, leur passion, leur jusqu'au-boutisme pour entrer dans cet établissement dont la réputation est à faire et qui repose essentiellement sur un nom, Patrice Chéreau. Ils sont jeunes, libres, et veulent bouffer la vie par les deux bouts et on le perçoit dès les premières minutes. Valeria Bruni-Tedeschi fouille dans ses souvenirs d'étudiante-comédienne, et c'est peu de le dire puisqu'on peut même préciser que le récit se déroule vers 1986-87 puisqu'on apprend que les comédiens vont préparer la pièce "Penthésilée" de Heinrich Von Kleist sous la direction de Pierre Romans/Lescot qui sera mis en scène en 1987, puis surtout ils préparent aussi la pièce "Platonov" de Tchekhov par Patrice Chéreau qui va justement la transposer au cinéma avec "Hôtel de France" (1987).
Surtout, on peut remarquer aujourd'hui que les comédiens qui y sont au générique sont les camarades de la réalisatrice à l'époque, de Agnès Jaoui à Vincent Pérez en passant par Marianne Denicourt ou Thibault de Montalembert. On devine alors que les comédiens de son film "Les Amandiers" sont les alter ego de cette génération, les plus évidents sont Nadia Tereszkiewicz qui est en fait Valeria Bruni-Tedeschi, et Clara Bretheau qui est clairement Eva Ionesco. Savoir et comprendre ces clins d'oeil et liens avec une période du passé de la réalisatrice-scénariste est à la fois la qualité et le défaut, d'abord parce ça reste fascinant ce mélange entre nostalgie, joie, passion et soif de liberté, puis ensuite parce qu'en tant que spectateur on reste un peu frustré souvent de ne pas pouvoir démêler la fiction du biopic et ce d'autant plus que le scénario prend le temps de quelques scènes où les anecdotes ne semblent pas si anodines (drogues, sexe entre maîtres et élèves...). Mais surtout on s'interroge pour ne pas dire qu'on reste perplexe sur cette omniprésence du sexe (tout le monde couche avec tout le monde et les scènes tournent toutes autour également), alors que soudain on revient à une certaine forme de la dure réalité avec l'émergence du SIDA et de ses premières erreurs, rumeurs et autres "légendes urbaines" autour de la maladie. On aime le grain choisi par la cinéaste qui appuie le retour aux années 80 façon vieille photo, mais surtout on aime l'immersion dans les coulisses d'une école de théâtre sans jamais oublier deux paramètres essentiels : ils sont jeunes et plein de rêves, et qu'il s'agit d'une passion aussi dévorante que sans pitié. A la manière de Chéreau et Romans à l'époque, Valeria Bruni-Tedeschi réunit la crème de la crème de la nouvelle génération d'acteurs dont une Nadia Tereszkiewicz incandescente. Bon point pour Louis Garrel (et la direction d'acteur) qui n'a nullement chercher l'imitation en préférant l'esprit et l'âme des Amandiers. En conclusion, un film mémoire de toute beauté, intelligemment écrit qui est d'abord un ode à la jeunesse même si on aurait aimé une partie junkie moins vampirique vis à vis des autres sujets et/ou personnages.
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