Genre : drame, catastrophe, historique (interdit aux moins de 12 ans)
Année : 2019
Durée : 5 épisodes (durée entre 56 minutes et 1h02 selon les épisodes)
Synopsis : 26 avril 1986, l'histoire vraie de la pire catastrophe causée par l'homme et de ceux qui ont sacrifié leur vie pour sauver l'Europe du drame. L'explosion d'un réacteur à la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, a de terribles conséquences aussi bien sur le personnel de l'usine, que sur les équipes de secours, la population et l'environnement.
La critique :
Lorsque l'on invoque la catastrophe nucléaire de Tchernobyl, une exégèse historique s'impose. 26 avril 1986. "Un essai d'îlotage était prévu sur le réacteur numéro 4, pour tester l'alimentation électrique de secours qui permet au réacteur de fonctionner en toute sécurité pendant une panne de courant". Or, un technicien pourtant chevronné commet une erreur, "provoquant un empoisonnement du réacteur au xénon. De petites explosions se produisent, éjectant les barres permettant le pilotage du réacteur. Les 1 200 tonnes de la dalle de béton recouvrant le réacteur sont projetées en l'air et retombent de biais sur le cœur du réacteur qui est fracturé par le choc" (Source https://fr.wikipedia.org/wiki/Catastrophe_nucl%C3%A9aire_de_Tchernobyl). Un incendie très important se déclare avec de fortes retombées radioactives, non seulement pour les pompiers dépêchés sur place, mais pour l'ensemble de la population attenante.
Par ailleurs, les pompiers ne parviendront pas à juguler l'incendie. Les retombées chimiques et radioactives dépassent les chiffres et les prévisions les plus alarmistes, et pas seulement sur la ville de Prypiat qui jouxte la centrale nucléaire, mais aussi sur des pays frontaliers tels que l'Ukraine et la Biélorussie. Mais l'Allemagne de l'Est risque elle aussi d'être rayée de la surface de la planète. A plus long terme, c'est l'Europe toute entière qui risque de disparaître. Les populations locales ne sont même pas évacuées. Ce n'est que 48 heures après la catastrophe que le Président Gorbatchev est informé de la nocuité et de l'ampleur d'une telle catastrophe, ainsi que d'une explosion au coeur de la centrale nucléaire.
Pour éviter un désastre à l'échelle internationale qui risquerait de radier (ou plutôt d'irradier) environ cent millions d'individus à travers toute l'Europe, l'armée soviétique diligente à la fois des militaires, des civiles et des volontaires.
Pour empêcher le magma en fusion de se propager, plusieurs milliers d'hommes (appelés "les liquidateurs") sont envoyés sur place pour étouffer le coeur en fusion et construire un immense sarcophage. Evidemment, une telle catastrophe nucléaire (la plus grave de toute l'histoire de l'Humanité) sera relatée à travers la littérature. A ce sujet, c'est le livre de Svetlana Aleksievitch, La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l'apocalypse (1998) qui fait voeu d'obédience. Mais le drame de Tchernobyl va aussi inspirer le noble et Septième Art, notamment via plusieurs documentaires (l'excellent La Bataille de Tchernobyl, Thomas Johnson, 2006) et longs-métrages (entre autres, La Terre Outragée, Michale Boganim, 2012). Vient également s'agréger le bien nommé Chernobyl, cornaqué par les soins de Craig Mazin en 2019. Chernobyl est une mini-série télévisée, composée de cinq épisodes d'une durée comprise entre 56 minutes et une heure (environ) de bobine.
Cette série TV s'inspire notamment de l'ouvrage de Svetlana Aleksievitch, mais pas seulement. Chernobyl opte pour une chronologie précise des faits en sondant à la fois les points de vue (divergents) des scientifiques, du gouvernement soviétique et de la plèbe condamnée à remplir la sale besogne. Inutile alors de préciser que cette mini-série a suscité le scandale, les quolibets et surtout la polémique lors de sa diffusion télévisée. En outre, c'est le gouvernement de Russie qui invective la série, non pas pour sa réalité historique, mais pour sa version acrimonieuse de certains faits relatés. Pis, la Russie a déjà enjoint la production cinématographique à réaliser une version alternative, justement en réponse à la série Chernobyl. A contrario, dès le premier épisode, la série est unanimement couverte d'éloges et de dithyrambes, notamment pour son réalisme, sa précision clinique (presque chirurgicale) et surtout pour les thématiques qu'elle aborde.
Reste à savoir si Chernobyl mérite - ou non - de tels panégyrismes. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... Evidemment, on pouvait légitimement se montrer circonspect à l'aune de cette mini-série télévisée, déjà parce qu'il s'agit d'une production américaine, mais pas seulement. En l'occurrence, c'est Craig Mazin (déjà susdénommé dans ces lignes) qui supervise les opérations. Pour souvenance, l'artiste éclectique est surtout connu en tant que cacographe. Il a notamment griffonné les scénarii de comédies souvent calamiteuses, entre autres Scary Movie 3 (2003), Scary Movie 4 (2006), Super Héros Movie (2008), Very Bad Trip 2 (2011), Arnaque à la carte (2013), ou encore Very Bad Trip 3 (2013). Après Chernobyl, il paraît évident que Craig Mazin ne pourra plus revenir (éhontément) vers de telles facéties et goguenardises concentrées sur pellicule.
Pour l'anecdote superfétatoire, Chernobyl sera même élu la meilleure série de l'année 2019 et raflera toute une salve de récompenses, notamment plusieurs Emmy Awards, entre autres pour sa musique et son scénario. La distribution de cette mini-série télévisée se compose de Stellan Skarsgard, Jared Harris, Emily Watson, Jessie Buckley, Adam Nagaitis, Paul Ritter, Sam Troughton, Robert Emms et Adam Lundgren. Attention, SPOILERS ! 26 avril 1986, l'histoire vraie de la pire catastrophe causée par l'homme et de ceux qui ont sacrifié leur vie pour sauver l'Europe du drame. L'explosion d'un réacteur à la centrale nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine, a de terribles conséquences aussi bien sur le personnel de l'usine, que sur les équipes de secours, la population et l'environnement.
Autant l'annoncer sans ambages. Chernobyl n'a pas usurpé tous ces concerts d'acclamations.
Seul bémol et pas des moindres, les esprits les plus impressionnables et pudibonds sont priés de quitter hâtivement leur siège et de retourner gentiment dans leurs pénates. Oui, Chernobyl délivre - bel et bien - l'uppercut auguré. A ce sujet, l'interdiction aux moins de 12 ans n'est absolument pas usurpée. La principale argutie de cette mini-série repose sur sa vision chronologique et historique des faits, mais sans sombrer dans l'écueil du documentaire galvaudé. Sur ce dernier point, la série opte pour un format élusif, à savoir une seule (et unique) saison de cinq épisodes. Les thuriféraires réclament à cor et à cri une deuxième saison. En l'occurrence, le réalisateur, Craig Mazin, a déjà démenti toute tentation mercantile d'une nouvelle segmentation. Oui, Chernobyl propose plusieurs niveaux de lecture.
Le premier est évidemment historique, dans une période de fin de guerre froide et d'un communisme déjà moribond.
Par certaines accointances (notamment idéologiques), la catastrophe nucléaire de Tchernobyl préfigure le trépas de cette doxa dominante. Et c'est exactement ce que retranscrit, avec une rectitude stricte, la série, à savoir un système étatique basé sur la calomnie et le mensonge. En outre, la catastrophe sera amplement minorée jusqu'à ce que les experts prennent conscience de l'ampleur du désastre. Au nom du mensonge et d'intérêts économiques, plusieurs milliers d'hommes seront envoyés à l'abattoir. Les pompiers sur place décèderont tous de leurs excoriations, de leurs érythèmes et de leurs blessures. Leur souffrance, pour le moins abominable, laisse transparaître des corps tuméfiés, ankylosés, atomisés (c'est le cas de le dire...) et pétris par la douleur. Sur ces entrefaites, Chernobyl s'agence sur une autre thématique : la vision scientifique.
Deux hommes, Valeri Legassov et Boris Chtcherbia, et une femme, Ulana Khomyuk (une scientifique de l'Institut de l'énergie nucléaire) mènent une enquête studieuse et précautionneuse. Pour faire éclater la vérité, ces trois personnages devront se colleter avec un système bureaucratique parfaitement régenté. Derechef, c'est l'affabulation qui prédomine. C'est sans doute l'autre gros point fort de cette série, à savoir cette introspection sur les notions (antagoniques) de vérité et de mensonge. En l'occurrence, le mensonge n'est pas le contraire de la vérité, mais une autre construction de la réalité ; une réalité galvaudeuse qui cherche à convaincre les opinions sceptiques du monde entier.
Même plus de trente années après les faits, les chiffres restent largement édulcorés, notamment en termes de bilans et d'analyses sur les morts, les blessés et autres dommages collatéraux inhérents à la catastrophe de Tchernobyl. La série comprend également plusieurs moments extrêmement choquants, notamment la fission du réacteur nucléaire, la mort d'un vaillant pompier sous les yeux éplorés de son épouse, ou encore l'éradication des animaux aux alentours de la centrale et sur un rayon de plus d'une trentaine de kilomètres. Vous l'avez donc compris, probablement supputé. Chernobyl est une mini-série documentée, édifiante, magistralement interprétée (mention spéciale à la triade formée par Stellan Skarsgard, Emily Watson et Jared Harris) et à visionner de toute urgence.
Note : 17.5/20