Genre : catastrophe, action
Année : 2013
Durée : 1h27
Synopsis : Près d'une grande métropole, la police découvre, entassés dans un container, des dizaines de corps putréfiés victimes d'un mal mystérieux. Au même moment, un passeur de clandestins, atteint d'un virus inconnu, décède à l'hôpital. Quelques heures plus tard, les urgences de la ville croulent sous l'afflux des malades. Le chaos s'installe. Afin d'enrayer la propagation du virus, les autorités imposent une mise en quarantaine. Tous les habitants sont confinés en zone de sécurité. La tension monte. Certains vont risquer leur vie pour sauver leurs proches, d'autres vont risquer celle des autres pour sauver la leur. Pendant ce temps, un survivant du container court dans la ville...
La critique :
La fin du monde, l'Armageddon et d'une façon générale l'Apocalypse ont toujours inspiré le noble Septième Art. Dès les années 1910, le cinéma se focalise sur cette menace potentielle et putative qui guette patiemment notre planète, rayant au passage l'intégralité de l'humanité. Les cinéphiles les plus avisés mentionneront sans barguigner le bien nommé La Fin du Monde (August Blom, 1916). Depuis, les temps funestes et eschatologiques sont incessamment réactivés, soit par le passage imminent d'une météorite de taille cyclopéenne (Armageddon, Michael Bay, 1998), une Troisième Guerre mondiale sous l'égide de l'atome et du nucléaire (Le Jour d'Après, Nicholas Meyer, 1983), une humanité en péril qui se délite et se désagrège sans explication rationnelle (Le Sacrifice, Andreï Tarkovski, 1986), des terres infertiles qui paupérisent et affament l'Humanité toute entière (Interstellar, Christopher Nolan, 2014), ou encore par l'arrivée massive et inexpugnable de zombies anthropophages (La Nuit des Morts-Vivants, George A. Romero, 1968).
Mais parfois, la menace n'est pas toujours perceptible. Pis, elle peut même parfois atteindre une taille infinitésimale, en particulier sous une forme virale, par ailleurs capable de muter à une vitesse exponentielle ; et décimant la quasi intégralité de l'humanité. Dans cette optique microbienne, toute une pléthore de longs-métrages existent. Là aussi, les laudateurs les plus avisés n'omettront pas de notifier des oeuvres telles que La Jetée (Chris Marker, 1962), L'armée des 12 singes (Terry Gilliam, 1995), le bien nommé Virus (Kinju Fukasaku, 1980), Alerte ! (Wolfgang Peterson, 1995), Pandemic (John Suits, 2016), Le mystère Andromède (Robert Wise, 1971), ou encore Infectés (Alex et David Pastor, 2009).
Tous ces films stipulés nous ont alerté - avec plus ou moins de finauderie et de sagacité - sur le risque d'épidémie mondiale (ou pandémie).
Mais, selon les cinéphiles les plus chevronnés, c'est sans doute le bien nommé (lui aussi...) Contagion (Steven Soderbergh, 2011) qui reste le film le plus réaliste (et crédible) sur ce sujet spinescent. Corrélativement, un autre long-métrage catastrophe fait acte d'obédience auprès des aficionados du genre. Son nom ? Pandémie, réalisée par la diligence de Kim Seong-soo en 2013. Evidemment, un tel intitulé s'inscrit dans le sillage de notre réalité quotidienne, hélas endeuillée par l'actualité et les subséquences meurtrières du Covid 19.
Toutefois, difficile de percevoir à travers ce cas de contamination et de résurgence de la grippe aviaire la moindre accointance avec le virus qui nous intéresse aujourd'hui. De surcroît, Pandémie n'a pas d'aspérités cliniques, évoquant les conséquences de cette inoculation tel un documentaire.
Mais, encore une fois, l'émanation virale provient du territoire asiatique. Pandémie est donc une production plantureuse qui nous vient de la Corée du Sud, avec notamment pour dessein de concurrencer les blockbusters hollywoodiens. Pour l'anecdote superfétatoire, Pandémie est sorti sous plusieurs substantifs, notamment The Flu dans l'idiome de Shakespeare, ou encore Gamgi dans sa langue d'origine. Quant à Kim Seong-soo, le scénariste, producteur et scénariste démarre sa carrière cinématographique vers le milieu des années 1990 via un court-métrage, Dead End (1993), par ailleurs inconnu au bataillon et inédit dans nos contrées hexagonales.
A postériori, le metteur en scène sud-coréen enchaînera avec Run Away (1995), Beat (1997), City of the rising sun (1998), Musa, la princesse du désert (2001), Please, teach me english (2003), Back (2004), ou encore Asura : the city of madness (2016).
Evidemment, la distribution de Pandémie risque de ne pas vous évoquer grand-chose, à moins que vous connaissiez les noms de Jang Hyuk, Soo Ae, Park Min-ha, Yoo Hae-jin, Ma Dong-seok, Kim Ki-hyun, Lee Hee-joon, Kim Ki-hyeon et Lee Sang-yeob ; mais j'en doute... Pour le reste, Pandémie a reçu les hommages et les révérences de la presse spécialisée. Aux yeux de certains laudateurs, Pandémie n'aurait pas grand-chose à envier aux plus grosses productions américaines. Reste à savoir si ce film catastrophe mérite - ou non - de tels dithyrambes. Réponse à venir dans les lignes éparses de cette chronique... Mais trêve de palabres et de verbiages, et passons à l'exégèse du film.
Attention, SPOILERS ! Près d'une grande métropole, la police découvre, entassés dans un container, des dizaines de corps putréfiés victimes d'un mal mystérieux.
Au même moment, un passeur de clandestins, atteint d'un virus inconnu, décède à l'hôpital. Quelques heures plus tard, les urgences de la ville croulent sous l'afflux des malades. Le chaos s'installe. Afin d'enrayer la propagation du virus, les autorités imposent une mise en quarantaine. Tous les habitants sont confinés en zone de sécurité. La tension monte. Certains vont risquer leur vie pour sauver leurs proches, d'autres vont risquer celle des autres pour sauver la leur. Pendant ce temps, un survivant du container court dans la ville... Avec un tel intitulé, l'écueil était probablement de tomber prestement dans les effervescences et la surenchère. Or, il n'en est rien.
Si Pandémie est bel et bien un blockbuster opulent (pléonasme !), il reste avant tout un divertissement sagace et clairvoyant.
Pragmatique, le réalisateur, Kim Seong-soo, prend son temps pour planter le décor, la situation, ainsi que ses divers protagonistes. Le spectateur éberlué s'amusera sans doute à relever les contiguïtés matoises entre cette fiction et notre réalité quotidienne, à savoir que les autorités se gaussent éperdument des premiers relents de la pandémie. Or, la situation devient réellement alarmiste lorsque nos scientifiques comprennent qu'ils doivent se colleter avec une nouvelle souche de la grippe aviaire, particulièrement contagieuse. En l'espace de quelques minutes, parfois quelques secondes, les victimes souffrent de nausées, puis d'expectorations glaireuses, avant de suffoquer, puis d'exhaler leur dernier soupir. Ici, le virus n'épargne personne, ni les femmes, ni les hommes, ni les vieillards, ni les enfants. Cependant, Kim Seong-soo se garde bien de verser dans la diatribe sociologique ou politique.
Pandémie se contente de jouer la carte du suspense à tous crins. Sur ce dernier point, ce film catastrophe remplit doctement son office. Hélas, il manque tout de même à cette production clinquante une ou deux saynètes d'action spectaculaires pour susciter vraiment l'adhésion. In fine, le prologue final, en mode doucereux et capillotracté, laissera sans doute quelques pointes de pondération et d'amertume. Non, Pandémie n'est pas le nouveau Contagion (le film de Steven Soderbergh... Bis repetita), mais enjôlera les amateurs patentés de fin du monde et autres élucubrations eschatologiques. En l'état, c'est déjà pas mal...
Note : 12/20
Alice In Oliver